De grandes figures féministes ont marqué sa carrière, à commencer par Gisèle Halimi. Et pourtant, Anne Cadiot-Feidt a hésité entre la profession d’avocate et celle de journaliste : « J’admirais beaucoup Françoise Giroud, ainsi que Christine Ockrent, et puis pour le goût de l’écriture », se souvient-elle. Finalement, la découverte de la criminologie la convainc de passer le concours d’avocat. Après sa prestation de serment en 1985, elle entre au cabinet de Florence Maxwell : « J’étais stagiaire mais traitée comme une consoeur, j’y ai appris la rigueur procédurale ». Finalement, en 1990, elle ouvre son cabinet avec son mari, Bernard Cadiot, issu de la même promo. « Nous nous sommes mariés la même semaine que notre prestation de serment, nous avons beaucoup juré cette semaine-là », s’amuse-t-elle. Et quelque 34 ans plus tard, ils sont toujours mariés et associés !
Tout au long de sa carrière, Anne Cadiot-Feidt s’est engagée, tout d’abord à l’Union des Jeunes Avocats (FNUJA), où elle a occupé plusieurs fonctions, puis au Conseil National des Barreaux. « C’est là que j’ai pris conscience de ma féminitude », rappelle-t-elle, seule femme élue parmi 7 membres. « J’avais l’impression de représenter l’ensemble de mes consoeurs. » En 2014, elle est la première femme élue au Bâtonnat de Bordeaux. Elle ne s’émeut plus que son arrivée ait fait grincer les dents de quelques-uns, mais regrette d’être la seule femme à s’être présentée à ce titre. Et de marteler : « Le combat continue ». Parmi tous ces mandats, deux ont été réellement fondateurs, celui de la FNUJA : « C’est une famille, une confraternité avec des valeurs analogues, et cette volonté d’être au service des autres » et le Bâtonnat « une aventure humaine, un investissement total ». On pourrait écrire qu’elle place la profession d’avocat au dessus de tout, mais justement, elle ne considère pas que c’est un métier : « C’est être militant. »
Les moments forts de sa vie se sont joués aux assises : « Il faut y plaider, c’est le coeur de notre métier, on y met nos connaissances juridiques, mais aussi notre part d’humanité ». Aujourd’hui présidente de l’école des avocats de Bordeaux, elle veut transmettre à ses futurs consoeurs et confrères la rigueur intellectuelle, mais aussi la conscience : Quelle société voulons-nous ? « Je trouve parfois plus de désarroi chez ceux qui font du conseil en matière fiscale que ceux qui défendent un criminel » et de s’interroger : « Est-ce que je veux participer à un monde inégalitaire ? ». Pour l’heure la voilà comblée par la naissance de son premier petit fils. Elle évoque alors sa fille unique, avocate à Bruxelles et spécialisée dans les données personnelles : « Je serais plus jeune, je me spécialiserais dans ce domaine que je découvre, c’est un droit fondamental ».