La crise économique actuelle, née de la crise sanitaire, est la plus grave depuis la Grande Dépression de 1929, même si ses origines sont bien différentes. Les chiffres sont édifiants. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), le montant de la richesse détruite au niveau mondial en 2020 s’est élevé à 11 000 milliards d’euros, soit une baisse de 5 % de l’activité mondiale. De son côté, la Banque Mondiale estime que 150 millions de personnes pourraient tomber dans une misère extrême (soit avec moins de 2 dollars par jour pour vivre) et 260 millions de personnes supplémentaires ne mangent plus à leur faim depuis le début de la crise. De manière plus globale, les pays en voie de développement sont durablement frappés sur le plan économique et leur PIB devrait baisser de 3,3 points ce qui traduit le caractère mondial de la crise et le caractère très interconnecté des différentes économies du monde. Les pays en voie de développement ont subi de plein fouet la chute de la demande mondiale qui s’est traduite par une diminution de la consommation de matières premières, un effondrement de l’activité touristique et une forte diminution des transferts monétaires des expatriés vers les membres de leur famille, restés dans leurs pays d’origine. Contrairement aux pays occidentaux et à la Chine, les pays en voie de développement subissent des taux d’intérêt élevés et la rareté de l’argent qui en plus leur coûte cher.
En France, les chiffres n’en sont pas moins édifiants. Le PIB s’est effondré en 2020. Le chômage a atteint 11 % de la population active. Le déficit commercial est de plus de 70 milliards d’euros et la facture financière du Covid pour l’État est colossale (augmentation des dettes de soutien et effondrement des recettes) ce qui a fait exploser son endettement, ce dernier passant de 100 % du PIB en janvier 2020 (montant déjà très élevé) à 120 % du PIB. L’endettement global atteint aujourd’hui 2 700 milliards d’euros. Le critère de Maastricht d’un endettement de l’État ne devant pas dépasser 60 % du PIB n’est plus qu’un lointain souvenir. Il faut remonter à l’année 2000 pour voir ce critère de bon sens respecté. Quant au déficit budgétaire de l’année 2020, il est astronomique et a atteint 250 milliards d’euros. Du jamais vu dans l’histoire économique contemporaine de la France. L’endettement des entreprises a également explosé avec l’octroi de Prêts Garantis par l’État de l’ordre de 150 milliards d’euros. La question de leurs remboursements va très vite se poser dans les mois à venir. Et malheureusement, les PSE (Plan de Sauvegarde des Emplois), plans qui portent bien mal leurs noms, ont explosé et devraient se poursuivre dans les mois à venir.
Les réponses apportées en 2020 ont été de mettre l’économie française sous respirateur artificiel afin d’éviter un appauvrissement généralisé et un chômage de masse, d’assurer la rémunération des salariés des secteurs public ou privé et d’éviter les faillites des entreprises et des banques. Le « quoi qu’il en coûte » du président de la République, qui a repris la jurisprudence de Mario Draghi lorsqu’il était président de la BCE au moment de la crise financière de 2009, s’est traduit par une politique de création monétaire (soit de manière plus triviale, « actionner » la planche à billets) sans aucune relation avec la richesse créée, ce qui a eu pour conséquence la création de bulles immobilières et boursières.
La facture financière du Covid pour l’état est colossale, ce qui a fait exploser son endettement
En fait, l’analyse de la crise est simple : c’est une crise de l’effondrement de la production. Compte tenu du confinement, on a beaucoup moins produit et beaucoup moins consommé. C’est donc un double choc de l’offre et de la demande auquel l’économie française est confrontée. La réponse à apporter est l’inverse : il faut reproduire et si possible plus qu’avant, et recommencer à consommer, ce que feront vraisemblablement ceux qui en auront les moyens (restauration, hôtellerie, voyages pour les plaisirs les plus évidents). Tout l’enjeu est de redresser la production et de rétablir le plus rapidement possible l’équilibre des finances publiques. Il nous faut de la croissance, de la croissance, et de la croissance. Or, cette dernière ne se décrète pas. Elle se construit. Le tout est de bâtir une croissance intelligente et répondant aux aspirations de bien-être de la population. L’idéal serait une reprise de la croissance en V au deuxième semestre 2021. Il faut que l’on évite une croissance en U, en W et le pire de tout, une croissance en K qui laisserait une partie de la population au bord…