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Olivier Delacroix : un passeur en Gironde

Le réalisateur charismatique et empathique parcourt la France depuis une dizaine d’années pour écouter la parole d’hommes et de femmes qui ont su dépasser leurs souffrances. Dans son nouveau documentaire "Ils font bouger les lignes", il met en avant ces héros du quotidien qui s’engagent au service des autres. Le prochain opus, diffusé le 19 janvier 2021 à 20h50 sur France 5, a été tourné en partie en Gironde. Rencontre avec Olivier Delacroix.

Olivier Delacroix, Ils font bouger les lignes

Olivier Delacroix © Laurent Julliand

Echos Judiciaires Girondins : Votre nouvelle collection documentaire s’intitule Ils font bouger les lignes. Quel est ici le sens de votre démarche par rapport à vos autres émissions Dans les yeux d’Olivier ?

Olivier Delacroix : « Dans Les yeux d’Olivier, j’écoute beaucoup les personnes et instaure une intimité forte. Dans Ils font bouger les lignes, j’ai une position beaucoup plus militante, c’est un choix de ma part. J’ai voulu montrer ces héros du quotidien qui sont des lanceurs d’alerte dont on ne parle jamais. Et surtout, ce sont des personnes qui ont vécu une épreuve douloureuse et mettent en place un engagement au service des autres. À travers les récits de leurs vies et de leurs expériences, des hommes et des femmes nous racontent le cheminement qui leur a fait explorer les nouveaux territoires de notre société. Parce qu’ils ont su échapper aux normes ou renverser des situations dans lesquelles ils étaient enfermés, ces femmes et ces hommes nous invitent à réfléchir, à s’interroger sur la société dans laquelle nous évoluons. En refusant de capituler, en refusant l’inertie, ils ouvrent les portes du monde de demain et nous emmènent dans leur sillage. Nous avons dans Il faut bouger les lignes un casting de haut vol, nous avons mis la barre haute avec de belles personnalités comme à Bordeaux Marie-Claire Moraldo qui se bat contre l’excision des femmes et le paroissien Sébastien… Autant dans Les yeux d’Olivier, j’ai une approche plus statique, autant dans cette émission, on est beaucoup plus dans l’action, dans la vie. Je suis ici une valeur ajoutée. »

J’ai voulu montrer ces héros du quotidien qui ont vécu des épreuves et s’engagent au service des autres

Olivier Delacroix, Ils font bouger les lignes

Olivier Delacroix © Laurent Julliand

EJG : Combien d’épisodes prévus ? Et sont-ils uniquement diffusés sur France 5 ?

O. D. : « C’est la saison 1 d’Ils font bouger les lignes, nous en sommes à la 4e diffusion uniquement en prime time sur France 5. Nous sommes à 600 000 téléspectateurs avec 100 000 par semaine qui nous regardent en replay. Je suis très satisfait de ces résultats car ce n’est pas évident face à une grosse concurrence. Et nous en sommes à la 10e saison de Dans les yeux d’Olivier avec plus d’un million de téléspectateurs en 2e partie de soirée. Nous sommes d’ailleurs en tournage pour une nouvelle programmation peut-être à l’automne 2021. »


EJG : Comment vous définiriez-vous ? Journaliste ? Passeur ? Psy ?

O. D. : « Eh bien je suis un réalisateur-journaliste-passeur mais pas un psy. J’ai fait des études de journalisme et j’essaie de mettre en pratique ce que j’ai appris. Je vais chercher la parole et la restitue de la manière la plus précise sur l’humain. »

 

EJG : Dans votre parcours, qu’est-ce qui vous a amené vers ces réalisations et ces émissions ?

O. D. : « C’est par un concours de circonstance. J’ai fait du rock à l’époque de la Mano Negra et de Noir Désir (il était chanteur du groupe Black Maria). J’ai ensuite travaillé 10 ans avec Christophe Dechavanne, j’ai monté un bar, j’ai vu que c’était pas mon truc et j’ai eu une traversée du désert.

Puis j’ai travaillé avec Karl Zéro et j’ai intégré Lundi Investigation sur Canal + qui était une référence. J’ai fait un documentaire aux Philippines sur les contraceptions forcées, ce fut un déclic et j’ai été repéré par le directeur des programmes de France 4 Bruno Gaston qui lançait la collection Un autre Regard. J’ai décidé d’aborder certains sujets pas évidents et j’ai réalisé des docs sur les tatoués, les schizophrènes, les transsexuels, mais aussi les agriculteurs… »

Je suis populaire aussi grâce à ma coupe de cheveux !

EJG : Comment expliquez-vous votre popularité ?


O. D. :
« Je suis populaire aussi grâce à ma coupe de cheveux ! Dans la rue, je ne passe pas inaperçu ! Oui, je suis populaire car je m’attaque à toutes les formes de rejets et d’injustices et j’apporte peut-être aussi un peu de chaleur humaine. Je ne suis pas corrompu car je n’ai pas eu un parcours show biz. La source est saine. Et je reste aussi complètement rock. Je suis dans l’air du temps, les gens ont besoin de parole franche et je leur donne, ils me font confiance. Il y a aussi chez moi cette notion de faire du bien aux autres. »

 

EJG : Nous vivons depuis près d’un an une crise sanitaire avec ces multiples confinements et incertitudes qui génèrent beaucoup d’angoisses métaphysiques chez les gens. Quelle est votre perception de cette situation ?

O. D. : « Je fais la libre antenne à la radio sur Europe 1 et naturellement, je prends le pouls de la société tous les soirs. Je reçois pleins d’appels pétris d’angoisses (perte d’emploi, difficultés financières, maladies…). Cette période que nous traversons nous impacte fortement car elle nous prive d’une partie de notre liberté de voyager, d’aller au restaurant, au concert, au théâtre… Mais cette épreuve doit aussi nous façonner pour l’avenir. Elle nous fait prendre conscience de la chance qu’on avait d’avoir toutes ces possibilités, toutes ces sorties. Après cette période, en ce qui me concerne, je prendrai encore plus de plaisir à aller au cinéma et dîner au restaurant, des lieux qui ont une valeur si importante. »

 

EJG : Quelles sont vos perspectives personnelles pour les années qui viennent ? De nouvelles émissions ? Un nouveau livre ? Reviendrez-vous à la musique ?

O. D. : « Pour ce qui est de la musique, j’ai 56 ans et je suis à l’arrêt. Mon dernier album, je l’avais fait avec Dominique Sonic (décédé en juillet 2020). La musique est associée à une bande de copains, à un groupe et ce groupe, je ne l’ai pas. Nous allons adapter en téléfilms de fiction la série de documentaires Dans les yeux d’Olivier : ça s’appellera Les Français et on espère commencer le tournage dans un an. J’ai aussi en projet d’écrire une série de nouvelles sur le syndrome de l’imposteur. Ce syndrome de l’imposteur, on l’a un peu tous en nous, c’est aussi ce qui nous fait avancer. Et dans 10 ans, j’espère bien faire encore de la libre antenne et développer aussi la fiction ! »

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