Échos Judiciaires Girondins : Qu’est-ce qui vous a poussée à vous représenter à la tête de l’Ordre des experts-comptables de Nouvelle-Aquitaine ?
Delphine Sabatey : J’ai plein de projets en tête que je n’ai pas eu le temps de mener à terme. J’ai besoin de m’investir pour ma profession, de la défendre. Lorsqu’on déploie beaucoup d’énergie, on arrive à faire bouger les lignes et on a envie de plus.
EJG : Quel bilan tirez-vous de votre précédent mandat ?
D. S. : Je dirais extrêmement positif. On s’était fixé de créer les associations départementales. Il a fallu convaincre de l’utilité de la création de ces structures. On est allés au-delà car ça a donné envie à des confrères de réactiver des associations locales comme L’Amicale du Libournais qui rassemble une centaine de personnes. On a revu la communication et notre charte graphique qui est plus percutante. On a osé faire des choses, se bousculer, ça a été un long travail. Ça nous a amenés à une certaine maturité dont on est très fiers.
On a aussi fait un gros travail relationnel vis-à-vis des institutionnels sur notre mission d’experts-comptables dans l’accompagnement des entreprises. On travaille différemment avec les tribunaux de commerce pour être encore plus performants dans la prévention des difficultés des entreprises. Post crise sanitaire, on se rend compte que l’expert-comptable est un sachant et un acteur de la vie économique du territoire.
EJG : Quels sont les différents projets sur lesquels vous souhaitez vous investir ?
D. S. : Nous avons 13 associations départementales, il ne s’agit pas seulement de les comptabiliser, il faut qu’elles soient toutes actives. Le plus facile était la création de ces structures, maintenant il faut les animer. Il y a un réel besoin car la profession est à un grand tournant avec la transition numérique, la RSE, la facture électronique, l’intelligence artificielle. Il faut passer ces caps essentiels qui vont transformer les cabinets. Nous avons aussi initié une démarche interne en RSE. On a fait des travaux au siège pour qu’il soit plus agréable et fonctionnel.
Enfin, on a organisé pour la première fois une journée dédiée à la transmission. Un tiers des dirigeants en Gironde a plus de 55 ans, c’est donc un sujet majeur. Pour cette première édition en interprofessionnalité, on avait convié notaires, avocats, banquier, Bpifrance, et c’était ouvert aux clients. On a bénéficié du retour d’expérience de l’entreprise locale De Grimm. Ça a montré qu’une bonne transmission, c’est un moment important pour la vie d’une entreprise. On est garant du maintien d’un savoir-faire, l’expert-comptable est là pour le valoriser. On va organiser tout au long de l’année des rendez-vous d’experts en visio sur des points techniques particuliers, à destination de tous les confrères.
EJG : Où en est-on de la facture électronique ?
D. S. : Sa mise en pratique qui devait débuter en 2024 a été repoussée à septembre 2026. Le discours de l’Ordre est de dire qu’il y a une urgence à la fois fiscale et économique. C’est avant tout un outil, et derrière, il faut accompagner les entreprises dans leur transition numérique. C’est aussi un vecteur de compétitivité, qui induit une autre méthode de gestion, une maîtrise plus fine des coûts et des performances.
EJG : Au début de votre mandat, vous vouliez privilégier l’attractivité auprès des jeunes. Avez-vous des retombées positives ?
D. S. : On a abordé l’attractivité différemment. On s’adresse aux enseignants, aux personnes qui côtoient nos futurs étudiants, on leur explique notre métier, son évolution, les perspectives d’avenir. On réalise des portes ouvertes qui rencontrent un franc succès. On participe aux salons de l’étudiant, on arrive mieux à communiquer. On a aussi changé le format de notre Business Game qui a eu lieu à Jonzac (Charente) et qui a réuni 58 équipes participantes. On a présenté un discours positif et moderne. On a organisé également La nuit qui compte à Limoges, Pau et Bordeaux avec les jeunes qui posent des questions sur la profession, les débouchés. C’est sous forme de speed dating de 8 minutes dans un environnement très festif. Ça a rencontré un grand succès.
EJG : Quels seront les autres moments forts ?
D. S. : Courant janvier va avoir lieu notre séminaire des élus afin de revoir certains événements pour qu’ils soient encore plus performants et percutants. Il faut savoir se remettre en question, c’est stimulant. J’ai quelques idées en tête pour proposer des événements à destination des jeunes, pour répondre à leurs besoins et à ceux des cabinets. On va créer un studio télé pour mieux communiquer avec une meilleure qualité technique, pour des capsules vidéos qui répondent à l’actualité, pour être plus agiles et percutants.
Un tiers des dirigeants en Gironde a plus de 55 ans, la transmission d’entreprise est un sujet majeur