Couverture du journal du 16/10/2024 Le nouveau magazine

GBNA Santé : L’appétit des bâtisseurs

En forte croissance, le groupe d’établissements privés indépendant GBNA Santé déploie un plan de développement décennal de grande ampleur. Revendiquant son modèle régional, il s’est donné pour objectif de « devenir la référence hospitalière en Nouvelle-Aquitaine ». Pour y parvenir, son directeur général Philippe Cruette orchestre une stratégie combinant croissance organique et externe.

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CapNova, le nouveau bâtiment de la Polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine © DR

Son histoire commence à la fin des années 1960, lorsque le radiologue Guy-Paul Guichard, aujourd’hui âgé de 98 ans, installe une dizaine de lits dans un hôtel particulier du nord de Bordeaux. Cinquante ans plus tard, GBNA Santé (groupe Bordeaux Nord Aquitaine) est devenu incontournable sur le territoire. Ses 9 établissements (polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine, polyclinique Bordeaux Rive Droite, nouvelle clinique Bel-Air, clinique Thiers, polyclinique d’Arcachon, polyclinique Bordeaux-Caudéran, clinique du Béquet, polyclinique du Grand Cognac et polyclinique Pau-Pyrénées) comptabilisent 150 000 séjours hospitaliers par an et le groupe de santé privé affiche un chiffre d’affaires annuel de 300 millions d’euros. Et il n’en est qu’au début de son plan de développement 2020-2030 établi lorsque les Dr François et Pierre Guichard ont repris le flambeau de leur père à la présidence du groupe, en 2019. « Notre objectif est de devenir la référence hospitalière en Nouvelle-Aquitaine. Ce qui signifie soigner beaucoup de patients, mieux que les autres, sur tout le territoire, dans le respect de nos valeurs : responsabilité, humanisme, excellence », expose Philippe Cruette, nommé directeur général du groupe lors de ce tournant majeur.

Directeur général du groupe GBNA Santé depuis 2019, Philippe Cruette a occupé pendant 12 ans les fonctions de directeur de la polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine © DR

70 MILLIONS D’EUROS D’INVESTISSEMENTS EN 3 ANS

En à peine 3 ans, GBNA Santé, qui se définit comme « un groupe bâtisseur dans l’âme », a déjà déployé un programme d’investissements de 70 millions d’euros. Reposant sur de la croissance externe – « tous les dossiers des établissements qui veulent nous rejoindre pendant cette décennie seront étudiés », glisse Philippe Cruette – il implique également une large part de croissance organique. Avec notamment le développement, sur le site de la polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine (PBNA), de CapNova, un nouveau bâtiment de 8 000 m2 dédié à la chirurgie ambulatoire, avec une dizaine de blocs opératoires, qui ouvrira début juin. Mais aussi la rénovation de la clinique Thiers, qui accueillera bientôt un service de consultations non programmées afin de décharger les urgences de Bordeaux Nord et de la rive droite ; l’extension de la polyclinique Bordeaux-Caudéran « pour améliorer l’offre en neurologie et gériatrie » ; la construction de 2 nouveaux blocs opératoires à Arcachon ; la création d’un service d’urgences à la polyclinique Pau-Pyrénées, rachetée au groupe privé Gaucher en 2020… La restructuration de la polyclinique Bordeaux Rive Droite (PBRD) a, elle aussi, commencé, avec l’inauguration début avril d’un centre de dialyse de 3 000 m2. « Nous avons un projet très ambitieux de modernisation et de développement de cet établissement, qui pourrait doubler de taille ! », assure le directeur général. Il estime entre 20 et 25 millions d’euros les investissements annuels prévus par GBNA Santé jusqu’en 2030.

 

Tous les dossiers des établissements qui veulent nous rejoindre pendant cette décennie seront étudiés

TAILLE CRITIQUE

Après avoir structuré la direction du groupe, Philippe Cruette s’est fixé pour mission d’avoir une stratégie claire par établissement. Chacun devant « atteindre une taille critique et grossir, sans que nous soyons dans une course au gigantisme », tranche-t-il. « L’idée est de répondre aux besoins des territoires sans spécialiser chaque établissement, ni tout faire partout. » Ainsi, les polycliniques d’Arcachon, du Grand Cognac (rachetée en 2022) et de Pau-Pyrénées sont plus généralistes, quand celles de la métropole bordelaise sont plus spécialisées. « Nous sommes un groupe excessivement intégré, une addition de communautés hospitalières. C’est pourquoi nous laissons beaucoup d’autonomie aux directions d’établissements. Elles connaissent leur territoire, leurs spécialités, leurs communautés, elles sentent les projets à développer », estime-t-il.

CONSULTATIONS DÉCENTRALISÉES

Parmi ces projets, des parcours de soins inédits ont été créés, comme « Diagnostic Poumons » à la PBNA, qui permet en quelques semaines seulement « d’avoir un diagnostic, d’identifier une prise en charge et d’assurer cette prise en charge coordonnée ». L’établissement autonome CapNova permettra quant à lui de prendre en charge les patients en ambulatoire dans un cheminement dédié, reposant sur le concept de « marche en avant ». Avec une approche « tout en légèreté qui permet d’améliorer la récupération des patients », souligne Philippe Cruette. S’appuyant sur sa logique régionale revendiquée, le groupe GBNA Santé a également imaginé des consultations spécialisées décentralisées, pour lesquelles ce sont les médecins qui se déplacent et non les patients. Des consultations d’urologie et bientôt d’anesthésie ont ainsi lieu à la polyclinique du Grand Cognac, pour des patients qui se feront opérer à Bordeaux. Et des consultations avec des chirurgiens et anesthésistes de la PBRD sont proposées au centre Bellevue de Saint-Ciers- sur-Gironde. Le déploiement de ces projets se fait en mode agile : « Nous sommes pragmatiques. Nous améliorons l’offre au fur et à mesure avec les retours d’expérience », décrit le directeur général.

Nous avons un projet très ambitieux de modernisation et de développement de la PBRD, qui pourrait doubler de taille !

RECHERCHE CLINIQUE

« Ces synergies et ces consultations de proximité sont rendues possibles grâce à la mobilisation des médecins de notre communauté qui, il faut le rappeler, ne sont pas salariés du groupe. Ce sont des médecins libéraux qui doivent être convaincus par ce qu’on propose », insiste Boris Galinat, directeur de la communication de GBNA Santé. Le groupe met à leur disposition du matériel biomédical de pointe, pour lequel 10 millions d’euros sont investis chaque année. « Cela fait partie de nos spécificités. Nous avons par exemple installé deux robots chirurgicaux à la PBNA, dont un robot de Medtronic unique au monde », affirme Philippe Cruette, qui consacre également un budget conséquent à son système d’information. « L’innovation n’étant pas que matérielle », poursuit-il, GBNA Santé fait partie des rares établissements privés à disposer d’un service de recherche clinique. « Nous sommes convaincus que les établissements qui compteront dans le futur sont ceux qui pourront proposer des thérapies innovantes. C’est pourquoi nous avons embauché 5 attachés de recherche clinique (ARC) », dévoile-t-il.

STRUCTURER LE CAPITAL

Pour soutenir ses investissements et poursuivre son maillage territorial, tout en conservant son indépendance, le groupe privé détenu à 90 % par la famille Guichard-Herpe a ouvert en 2021 son capital à deux fonds d’investissements de long terme, GENEO Capital Entrepreneur et IU Investissement, à hauteur de 8 %. « Nous avons souhaité renforcer nos fonds propres et structurer notre capital. Cela nous donne aujourd’hui la capacité de nous développer, en levant aisément de la dette », indique Philippe Cruette. Parmi ses souhaits d’ici à 2024 : « proposer un actionnariat médical, afin de donner la possibilité à la communauté médicale qui travaille pour GBNA Santé d’investir dans son outil de travail », révèle le directeur général. Et réfléchir à une façon de mieux rémunérer les actionnaires historiques, les résultats générés par l’activité étant presque systématiquement réinvestis. « Il serait en effet normal qu’ils conservent un intérêt à continuer de faire en sorte que GBNA Santé reste un groupe indépendant », remarque-t-il.

 

GBNA est en bonne santé financière, bénéficiaire, avec un taux d’endettement maîtrisé

BONNE SANTÉ FINANCIÈRE

Évoluant dans un secteur très réglementé, le développement de GBNA Santé reste soumis aux autorisations délivrées par l’État via l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine. Et aux tarifs fixés par ce dernier. « Nous ne maîtrisons ni nos prix, ni nos produits, ni nos circuits de distribution. Mais nous bénéficions d’une certaine protection. Ainsi, un établissement de santé ne peut pas s’ouvrir en face du nôtre ! », rappelle Philippe Cruette. Et malgré des taux de rentabilité assez faibles dans le secteur de la santé, et un résultat moyen de l’ordre de 2,5 à 3 % sur le volume de chiffre d’affaires, « GBNA est en bonne santé financière, bénéficiaire, avec un taux d’endettement maîtrisé », assure-t-il. Et cela même si certains de ses établissements sont déficitaires. « C’est là encore la force du groupe : l’équilibre et la solidarité entre les établissements », conclut Boris Galinat.

 

GBNA SANTE EN CHIFFRES

Date de création : 1967

Nombre d’établissements de santé : 9

Nombre de salariés : 1 600

Médecins libéraux : 650

Nombre de lits : 1 700

Séjours hospitaliers par an : 150 000

Chiffre d’affaires annuel : 300 millions d’euros

Montant des investissements 2020-2024 : 70 millions d’euros

Investissement annuel prévu jusqu’en 2030 : 20 à 25 millions d’euros

Investissement annuel en matériel biomédical : 10 millions d’euros

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