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[ Interview ] Nicolas Gaume, nouvelles aventures spatiales

Le multi-entrepreneur originaire du bassin d’Arcachon est de retour à Bordeaux. Très attaché à son territoire, il a imaginé des applications en lien avec le vin pour son armateur spatial Space Cargo Unlimited. Et garde un pied aux États-Unis avec son projet Orbite et son poste chez Microsoft. Rencontre exclusive avec un homme pressé.

Nicolas Gaume spatial

Nicolas Gaume © Atelier Gallien - Echos Judiciaires Girondins

Échos Judiciaires Girondins : Vous êtes de retour à Bordeaux après 5 années passées aux États-Unis. Que faites-vous désormais ?

Nicolas Gaume : « Je me suis réinstallé à Bordeaux depuis la rentrée de septembre et je suis très content d’être de retour, de retrouver des amis, ma famille et de profiter de cette très belle ville qui s’est magnifiquement transformée, de cette région qui a beaucoup changé. Même si j’ai aussi eu des moments douloureux à Bordeaux… J’ai passé un peu moins de 5 ans aux États-Unis, c’était un très beau séjour, mais la France et la région me manquaient. Et puis la pandémie, notamment, a changé les perspectives de beaucoup de gens. J’ai toujours un poste passionnant chez Microsoft, où je travaille pour Jean-Philippe Courtois, qui est l’un des dirigeants mondiaux du groupe en charge des partenariats avec les gouvernements dans lesquels Microsoft investit. L’entreprise me donne en parallèle la chance de pouvoir développer mes projets dans le secteur spatial. »

 

EJG : Pouvez-vous nous parler de ces aventures spatiales, justement, et tout d’abord de Space Cargo Unlimited ?

Nicolas Gaume : « Space Cargo Unlimited (SCU) est une entreprise que j’ai cofondée en 2015 avec Emmanuel Etcheparre, un entrepreneur bordelais qui est un ami de longue date. SCU est un armateur spatial dont le siège est au Luxembourg. Son objet est de trouver des solutions pour envoyer des cargaisons dans l’espace, en lien avec les différentes agences spatiales et les différents opérateurs spatiaux. À la faveur du développement des véhicules spatiaux pressurisés, comme ceux de SpaceX (d’Elon Musk), de Blue Origin (de Jeff Bezos), de Virgin Galactic (de Richard Branson) et d’autres acteurs, nous avons eu l’idée d’utiliser l’environnement spatial, car on peut y recréer – et c’est le cas sur la station spatiale orbitale – l’intégralité des conditions de la vie sur Terre : la température, la pression, l’oxygène, l’humidité, la luminosité, etc. Avec néanmoins une différence drastique : l’absence de gravité. Cette impesanteur offre l’opportunité de créer des produits à très haute valeur ajoutée pour la Terre, dans le secteur des matériaux, par exemple, comme la production de câbles de fibre optique, plus facile quand il n’y a pas de gravité. Mais aussi dans le domaine des sciences de la vie, où nous avons lancé notre première mission Wise. »

L’équipe de Space Cargo Unlimited SPU Cap Canaveral Nicolas Gaume

L’équipe de Space Cargo Unlimited à Cap Canaveral © D. R.

Microsoft me donne en parallèle la chance de pouvoir développer mes projets dans le secteur spatial

EJG : En quoi consiste-t-elle ?

Nicolas Gaume : « Le sujet qui nous mobilise est la recherche sur le futur de l’agriculture et de la viticulture. L’idée est de développer des espèces de plantes qui seraient naturellement plus résistantes à certains stress, notamment ceux liés au changement climatique. La gravité étant le seul paramètre de la vie qui n’a jamais évolué sur Terre depuis 4 milliards et demi d’années, on envoie les organismes dans l’espace pour les exposer à l’absence de gravité, à un moment précis de leur développement, pour qu’ils trouvent naturellement des mécanismes d’adaptation. Cette adaptation va leur donner une résilience à des stress terrestres moindres, comme des températures ou une sécheresse plus extrêmes, des attaques de pathogènes tels que, dans le cadre de la vigne, le mildiou et le phylloxéra. Nous avons une quinzaine de chercheurs dans notre filiale Space Biology Unlimited (basée cours de l’Intendance, à Bordeaux), qui conduit ce programme de recherche. Ces chercheurs sont répartis entre l’ISVV, à Bordeaux, qui est très en pointe sur la recherche en œnologie, et l’université d’Erlangen, au sud de l’Allemagne, où se trouve Michael Lebert, notre directeur scientifique, qui est une sommité de la recherche sur l’agriculture dans l’espace. Et on a d’ores et déjà la validation que notre démarche était fondée. »

Space Biology Unlimited Bordeaux Nicolas Gaume spatial

La filiale Space Biology Unlimited est basée cours de l’Intendance, à Bordeaux © D. R.

 

EJG : Vous avez donc déjà envoyé des végétaux dans l’espace ?

Nicolas Gaume : « Nous avons envoyé (avec Blue Origin), en décembre 2019, des cellules de plants de vigne dans l’espace, ce qui nous a permis d’affiner notre programme de recherche. Puis en mars 2020, en partenariat avec l’Agence spatiale européenne (ESA) et le Centre national d’études spatiales (Cnes), nous avons envoyé vers l’ISS 320 plants de vigne (cabernet sauvignon et merlot, car ce so…

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