C’était un pari, en août 2005, quand Nathalie et Jean-Marc Lachat ont ouvert leur premier supermarché bio au Haillan. Vingt ans plus tard, So.bio existe toujours et a changé de dimension. Le réseau qui comptait 13 points de vente jusqu’en 2019, date de sa reprise par le groupe Carrefour, a atteint cette année les 130 magasins et emploie 1 000 personnes. « Ce rachat, nous l’avions envisagé à un moment où nous ne pensions plus être à même de développer notre société », confie Jean-Marc Lachat qui reconnaît que le choix du repreneur en a surpris plus d’un à l’époque. Mais il l’assume.
« Notre objectif étant que la bio se développe en France, il fallait impérativement qu’elle se développe dans la grande distribution. Les enseignes qui continuent à taper sur la grande distribution se trompent de combat », assène-t-il. So.bio – qui comprend 70 magasins en périphérie des villes – dispose aussi dans son portefeuille de 60 magasins Bio c’Bon, implantés sur de plus petites surfaces en milieu urbain, depuis le rachat de la marque en 2020 par Carrefour.
Une filière en reprise
« La crise qui a touché la bio entre 2021 et 2023 est dernière nous », se réjouit Florence Gomez, directrice générale de So.bio, qui tire de cette période un enseignement. « Si la filière agricole bio souffre, la crédibilité de la bio n’a en revanche pas fléchi. » En guise d’explication, elle avance que « toutes les catégories de la bio avaient réduit leurs ventes en volume, sauf une : l’alimentation pour bébé. C’est la preuve pour moi que les Français n’ont jamais arrêté de croire dans la valeur du cahier des charges bio. » Selon l’Agence bio, au niveau national, le circuit spécialisé bio a dépassé le stade de la reprise avec +6,5% entre 2023 et 2024.
Expansion et la modernisation
Dans ce contexte plus favorable, le réseau continue donc de s’agrandir en se saisissant d’opportunités. Ainsi, après des rachats de magasins à Rochefort (17), Olivet (45) et des ouvertures aux Arcs (83) et à Martillac (33) cette année, So.bio a annoncé être entré en négociation exclusive avec Le Grand Panier bio, créé à Clermont-Ferrand en 1997, qui compte 15 magasins en France, en Bretagne et en Auvergne notamment. Des territoires où So.bio est peu ou pas présent. « Nous sommes dans une période de consolidation du marché des magasins bio spécialisés encore très fragmenté en France », explique Florence Gomez.
« Avec cette opération, So.bio – Bio c’ Bon occupera la 4e place en parts de marché au classement des enseignes nationales. » La réalisation de l’acquisition du Grand Panier Bio permettra à So.bio d’augmenter son parc de magasins de 20% et de doubler son nombre de magasins franchisés. « La franchise est un excellent moyen d’accélérer notre croissance et d’aller vite en nous appuyant sur un collectif de chefs d’entreprise déjà implantés », assure Florence Gomez. Mais « nous sommes sur un modèle hybride. »
Cette acquisition permettra à So.bio d’augmenter son parc de magasins de 20%
Les atouts du drive
Au-delà de s’agrandir et de conquérir de nouveaux territoires, So.bio a notamment été séduit par la plateforme de drive du Grand Panier Bio. « Nous travaillons déjà avec des partenaires pour de la livraison à domicile et proposons le « lâcher de caddie», qui consiste à faire ses courses et à se faire livrer ensuite. Mais nous aimerions développer le canal du drive qui nous permettrait de toucher des clientèles familiales », confie Florence Gomez.
Pour séduire davantage, So.bio mise également sur la promotion. « La crise de l’inflation a fait prendre conscience que la promotion n’était pas un gros mot », assure Florence Gomez. « Les études clients montrent par ailleurs que les clients de magasins bio spécialisés ne sont pas les ultra doctrinaires que l’on décrit parfois. Ce sont des personnes qui vont aussi et souvent à titre principal dans les enseignes de la grande distribution. Elles sont donc habituées à ces mécanismes-là. En revanche les codes visuels et commerciaux sont un peu différents. »
Il n’en demeure pas moins que So.bio, qui ne communique pas sur ses résultats financiers, soigne son marketing, à commencer par son logo, redessiné à l’occasion des 20 ans pour plus de modernité. Prochaine étape : la configuration des magasins sera repensée.