Couverture du journal du 01/05/2025 Le nouveau magazine

Ramdam social : acheter, c’est donner

BORDEAUX. Aperçue à la télé et dans les rayons des supermarchés, la marque bordelaise Ramdam social, créée en 2023 par Julie Boureau et Luc-Olivier Pieret, invente un nouveau mode de consommation solidaire. Chaque produit du quotidien acheté génère un don pour une association. L’entreprise devrait atteindre l’équilibre fin 2025.

Ramdam social, Luc-Olivier Pieret, Julie Boureau

Luc-Olivier Pieret et Julie Boureau, cofondateurs de la marque de produits solidaires Ramdam social. © Ramdam social

Le projet de Ramdam social est de « permettre au consommateur de faire ses courses sans compromis, tout en aidant une personne dans le besoin », résume Luc-Olivier Pieret, cofondateur, avec Julie Boureau, de cette nouvelle marque solidaire de produits du quotidien, créée à Bordeaux en 2023.

7 à 10 % du chiffre d’affaires généré par chaque produit sont reversés à une association partenaire

Le principe est simple : « tandis qu’un Français sur trois rencontre des difficultés pour manger 3 fois par jour ; deux Français sur trois se disent prêts à s’impliquer pour aider les plus précaires. Nous leur facilitons ce geste sans rien changer à leurs habitudes », assure Luc-Olivier Pieret. « Nous rentrons dans leur quotidien avec des produits fabriqués en France, à base d’ingrédients français, à 90 % bios, et qui ne sont pas plus chers », poursuit-il. Ensuite, 7 à 10 % du chiffre d’affaires généré par chaque produit sont reversés à une association partenaire de Ramdam social.

Ramdam social, Luc-Olivier Pieret, Julie Boureau

La gamme de snacking Ramdam social permet de cofinancer des repas pour les plus précaires en partenariat avec les Banques alimentaires et le Secours populaire. © Ramdam social

Snacking et hygiène

Concrètement, la gamme de snacks salés est composée de chips fabriquées par la PME guérandaise Chipizh et des sablés de la biscuiterie Lou Bio, à Manosque ; la gamme de cookies pour le goûter est fabriquée par la biscuiterie artisanale les 2 Gourmands, installée au sein d’une ferme familiale en Île-de-France. L’achat de ces produits permet de lutter contre la précarité alimentaire, en partenariat avec les Banques alimentaires et le Secours populaire.

Chaque plat préparé bio, produit par la Conserverie Davin de Carpentras, permet de financer deux portions de fruits et légumes pour un étudiant, en partenariat avec Linkee Entraide Étudiante.

Au rayon hygiène, chaque paquet de serviettes périodiques, fabriquées en Bretagne par Cellulose de Brocéliande (100 % coton bio, sans chlore, ni parfum), finance une journée de protections hygiéniques via l’association Dons Solidaires. Et l’achat d’un savon liquide pour les mains, préparé dans les laboratoires BioSeasons à Vichy, permet de financer une douche pour une femme en situation de précarité, avec le Samu social.

Ramdam social, Luc-Olivier Pieret, Julie Boureau

Au rayon hygiène, les savons à mains Ramdam social permettent de cofinancer des douches pour des femme en situation de précarité avec le Samu social. © Ramdam social

Produit par des PME françaises

« Nous nous appuyons sur des PME françaises, qui s’approvisionnent au plus proche de leurs usines, créent de l’emploi et ont une véritable politique sociale. Tout doit être en adéquation avec notre charte et notre cahier des charges », assure Luc-Olivier Pieret. Une qualité essentielle pour convaincre les consommateurs d’acheter les produits Ramdam social. « Nous voulons être comparables ou meilleurs sur toutes les facettes du produit », insiste-t-il.

Le choix de ces producteurs partenaires est également clé afin de maintenir un niveau de prix attractif. « Leur expertise et leur savoir-faire nous permettent d’atteindre rapidement une certaine productivité et des économies, notamment grâce à la mise en commun de la logistique », précise-t-il.

Mais le plus gros poste d’économies est ailleurs. « Nous avons beaucoup travaillé sur les modèles économiques de l’agroalimentaire. En nous concentrant sur les produits les plus vendus (les chips salées, par exemple), cela nous évite de gros investissements en innovation et R&D, ainsi que les dépenses marketing associées aux lancements », constate Luc-Olivier Pieret.

Ramdam social, Luc-Olivier Pieret, Julie Boureau

Les sablés salés Ramdam social fabriqués par la biscuiterie Lou Bio, à Manosque. © Ramdam social

Parti pris inédit

Pas question pour autant de négliger le packaging de leurs produits, qui revendiquent fièrement leur mission avant même la marque Ramdam social : « M’acheter c’est faire un don », affichent-ils en grosses lettres.

« Ce n’est pas parce que nous avons une vocation sociale que nous devons avoir l’air ennuyeux. Nous visons la performance. Nous avons donc fait un pas de côté inédit en matière de communication dans l’agroalimentaire avec ce parti pris très fort. Et cela fonctionne : nous sommes vus, retrouvés, mais aussi relayés et fortement discutés par les consommateurs, qui sont nos meilleurs ambassadeurs », assure Luc-Olivier Pieret.

Qui veut être mon associé ?

Afin d’augmenter encore sa visibilité, l’entreprise a fait un passage remarqué dans la cinquième saison de l’émission Qui veut être mon associé ? sur M6, diffusée en mars. « Nous avions deux objectifs : trouver un accompagnement entrepreneurial et des financements. Mais aussi mettre en avant ce nouveau type de consommation solidaire et l’installer durablement dans le paysage », énumère Luc-Olivier Pieret.

Si les compliments ont été nombreux, le projet n’a pas été choisi par les investisseurs, ce dernier « maximisant l’impact social et non le bénéfice », remarque en passant le cofondateur.

Le succès auprès des consommateurs et des distributeurs, en revanche, a dépassé les attentes. « Nos ventes en magasin ont enregistré une croissance de 50 % après la diffusion, et de nombreux points de vente nous ont contactés. D’autre part, les ventes sur notre boutique en ligne éphémère, lancée pour l’occasion, nous ont permis de cofinancer 10 000 repas en un mois », se réjouit-il.

Ramdam social, Luc-Olivier Pieret, Julie Boureau

Luc-Olivier Pieret et Julie Boureau, cofondateurs de Ramdam social, lors de leur passage dans « Qui veut être mon associé ? » saison 5 sur M6.. © M6

2 500 magasins

Résultat : les 200 000 produits Ramdam social fabriqués chaque mois sont distribués depuis avril dans 2 500 magasins en France (Leclerc, Carrefour, Franprix, Monoprix, en gare dans les Relay ou encore dans les cinémas Pathé-Gaumont…), soit 500 de plus qu’en mars. Ils ont permis de cofinancer 1,5 million de repas en 2024, et devraient atteindre les 3 millions de repas cofinancés en 2025. « Nous avons la chance d’avoir un projet qui recrée du lien, cela fonctionne très bien », se félicite le cofondateur, qui emploie déjà 15 personnes et devrait atteindre l’équilibre financier dès la fin 2025, après 2 ans d’activité.

Des producteurs en Gironde ?

« Notre projet est collaboratif, tout le monde a envie de participer », se réjouit Luc-Olivier Pieret. À l’instar des business angels, composés d’anciens dirigeants, qui ont accompagné le lancement de l’entreprise et l’aident aujourd’hui à se développer.

Basés à Bordeaux dont ils sont tous les deux originaires, les deux cofondateurs aimeraient également trouver des producteurs locaux avec lesquels travailler. « Nous avons l’objectif de lancer environ 5 nouveaux produits par an, prochainement sur la gamme du goûter. Nous allons nous diversifier jusqu’à ce que tout le panier du quotidien du consommateur puisse devenir solidaire ! », se projette-t-il.

Deux parcours dans l’agroalimentaire à impact

Le succès de Ramdam social repose autant sur son projet social que sur l’expérience de ses deux fondateurs dans le secteur de l’agroalimentaire à impact. Luc-Olivier Pieret a ainsi fait une partie de sa carrière chez Danone et Bel, dans des unités de business à impact social, puis comme directeur commercial chez Too Good To Go, application de lutte contre le gaspillage alimentaire. Tandis que son associée Julie Boureau a travaillé sur la naturalité et l’impact chez Innocent, et pour la marque de produits véganes Happyvore.