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Pour 2024, le tribunal de commerce de Bordeaux enregistre un nombre record de procédures collectives

Lors de son audience solennelle de rentrée, le tribunal de commerce de Bordeaux a dressé le bilan de son activité en 2024, marquée par une hausse de 30 % du nombre de procédures collectives. Son président, Marc Salaün, anticipe déjà une année 2025 délicate et alerte sur les difficultés touchant désormais les entreprises de taille plus importante.

tribunal de commerce de Bordeaux, Marc Salaun

Marc SALAÜN, président du tribunal de commerce de Bordeaux © Louis Piquemil - Echos Judiciaires Girondins

 

La remarque pourrait paraître anecdotique si elle n’était pas tristement symptomatique d’une année 2024 que le président du tribunal de commerce de Bordeaux a qualifiée de « difficile », lors de la traditionnelle audience solennelle de rentrée. « Nous avons reçu des bancs supplémentaires, offerts par la CCI Bordeaux-Gironde, nous espérons désormais en avoir suffisamment pour accueillir les chefs d’entreprise » qui patientent dans les couloirs du tribunal, a souligné Marc Salaün, non sans une pointe de regret.

Un niveau équivalent à 2008

Selon les chiffres publiés par le greffe du tribunal de commerce de Bordeaux, le nombre de procédures collectives directes ouvertes en 2024 a bondi de 30 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 1 751 procédures. De tels chiffres n’avaient pas été enregistrés depuis 2008 lorsque la crise des subprimes avait secoué l’économie mondiale.

Dans le détail, l’année dernière, le nombre de liquidations a augmenté de 17,3 %, passant de 931 procédures à 1 092. Le tribunal a également enregistré une forte hausse du nombre de procédures de redressement (+57 %), atteignant 559 dossiers en 2024. Quant aux procédures de sauvegarde (67 en 2024), « bien qu’en hausse, elles restent en nombre peu significatif, ce qui est bien dommage », a déploré le président du tribunal de commerce, Marc Salaün.

Prévenir les difficultés et les erreurs de gestion

Concernant les mesures de prévention des entreprises en difficulté, le travail de pédagogie engagé depuis plusieurs années par la juridiction, ainsi que par les professionnels du droit et du chiffre, continue de porter ses fruits. Avec 116 ouvertures, le nombre de conciliations est en légère baisse par rapport à 2023 (120 ouvertures) mais reste largement supérieur au niveau de 2020 (34 ouvertures). Idem pour les mandats ad hoc, avec 97 ouvertures en 2024 contre 105 en 2023 et seulement 23 en 2020.

Quant à l’année 2025, elle « devrait être encore difficile », a anticipé le président pointant notamment « la faiblesse en capitaux propres » qui peut fragiliser certaines PME. Et de mettre en garde : « les entreprises de taille plus importante restent dans nos radars ».

Les erreurs de gestion en période de croissance sont absorbées facilement, en période de crise, elles se paient cash

« Les erreurs de gestion en période de croissance sont absorbées facilement, en période de crise, elles se paient cash », a-t-il insisté, corroborant ainsi une mesure portée par différentes organisations professionnelles, notamment l’Ordre des experts-comptables de Nouvelle-Aquitaine et l’UMIH 33, afin d’instaurer un « permis d’entreprendre ».

Sept nouveaux juges

Le procureur de son côté a esquissé les lignes directrices pour l’année à venir : « l’accompagnement des entreprises de bonne foi doit rester une priorité. Mais l’autre priorité doit être d’assainir… Ceux qui se payent sur la bête, qui mettent en danger l’ensemble des partenaires », rappelant que les juges du tribunal de commerce jouent le rôle de lanceurs d’alerte pour ces cas-là.

Lors de cette audience solennelle de rentrée, Marc Salaün a également procédé à l’installation de sept nouveaux juges et a remercié les cinq juges consulaires ayant quitté leur fonction cette année.