Voilà un thème bien printanier pour une exposition qui commence avec l’hiver à la MÉCA ; Narcisse ou la floraison des mondes. Et c’est une explosion de couleurs et de textures à laquelle nous convie le FRAC Aquitaine à travers une centaine d’œuvres : des photos, peintures, dessins, installations, vidéos, sculptures… On en prend plein les yeux à travers le Narcisse de Pierre et Gilles, Sans titre, la fleur sauvage confrontée à son nuancier Pantone® de Mathieu Mercier ou encore Le Voleur de femmes, interprétation du Douanier Rousseau par Ernest T. On est aussi confronté à l’attelage de fleurs carnivores d’Alain Sechas, installation qui claque ses dents d’acier, ou à une expérience inédite : celle de l’odeur de l’exposition, créée spécialement par Élodie Pong et qui se diffuse dans « L’être fleur ».
QUÊTE DE SOI
Mais pourquoi ce double thème de Narcisse et des fleurs ? « Narcisse n’est pas tant le héros égocentrique qui domine et consume la terre, qu’un humain en pleine métamorphose, pressé de changer pour survivre. Il est celui qui devient fleur et embrasse les contraires. Le Narcisse est la fleur du printemps et du renouveau, celle qui s’ouvre à la floraison des mondes », expliquent les commissaires de l’exposition : Sixtine Dubly, auteure par ailleurs de Bouquets. La tentation des fleurs et Claire Jacquet, directrice du Frac Aquitaine. Tout le long du parcours, c’est la fleur dans toute sa symbolique qui est interrogée, que ce soit artistique, politique, psychanalytique, scientifique ou métaphysique. Les différentes thématiques « Les troubles du printemps », « La révolte des hortensias », « Jungle depuis ma fenêtre » ou encore « Le noir floral » s’interrogent sur la création, la dimension politique de la fleur, sa représentation dans l’industrie, sa morphogenèse ou encore son impact écologique. Cette exposition a aussi une dimension régionale avec de nombreuses œuvres appartenant au Frac Aquitaine, comme celle de Jeff Koons, des artistes locaux (Pierre Molinier…) des œuvres inédites d’artistes supportés par le Frac comme Hicham Berrada, Delphine Chanet, Suzanne Husky et Élodie Pong ou encore des œuvres prêtées par des organismes locaux : Le Bouquet de fleurs de Collioure de François Ajoulès qui appartient au musée de la Création Franche de Bègles ou le Narcisse de Jehan Georges Vibert (1864) conservé au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. À l’instar de la photographie d’Yto Barrada, Couronne d’oxalis, qui incarne l’exposition, ce Narcisse des temps modernes coiffé d’une couronne de fleurs jaunes nous interpelle. Son mythe, constamment réinterprété, est celui de la quête de soi, de l’expérience désespérée de l’altérité. À travers le désir de métamorphose, l’exposition invite au rêve, à la contemplation ou à la réflexion le long d’un parcours à la fois foisonnant comme surprenant.