Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Une année record pour U’wine

BORDEAUX. Fondé par Thomas Hébrard en 2015, le négociant en vins de nouvelle génération U’wine signe une année 2023 au-delà des performances du marché. Et prévoit une levée de fonds de 7 millions d’euros en 2024, pour développer son activité en Europe et en Chine, où se trouve « un potentiel de croissance énorme », selon son dirigeant.

U’wine

La cave U'wine, gérée par Dartess, héberge pas moins de 850 000 bouteilles connectées © U'Wine

Le négociant en vins de nouvelle génération U’wine, fondé par le passionné de vin Thomas Hébrard, termine une année record, avec un chiffre d’affaires de 12,6 millions d’euros. Et fourmille de projets pour 2024, malgré un contexte difficile. « Notre modèle propose une expérience physique et digitale autour du vin. Il repose sur des investisseurs, pour lesquels nous achetons des Grands Crus, que nous stockons et revendons auprès de consommateurs, via notre site e-commerce, afin de leur apporter un retour sur investissement », résume-t-il.

Notre modèle repose sur des investisseurs, pour lesquels nous achetons des Grands Crus, que nous stockons et distribuons afin de leur apporter un retour sur investissement

Thomas Hébrard, fondateur de U’wine © U’wine

Disposant de 40 millions d’euros d’encours sous gestion, la société, dont l’offre de mandat de gestion est enregistrée par l’Autorité des marchés financiers (AMF), gère une cave d’environ 850 000 bouteilles « connectées » issues de 250 domaines répartis dans 9 pays. En 2023, malgré un marché en baisse, en particulier à Bordeaux, U’wine est parvenu à doubler ses ventes de vins, atteignant un niveau d’écoulement de 1,5 million d’euros sur l’année. « Nous avons apporté à nos clients une performance nette annuelle de 5,8 %, bien au-dessus de la référence du marché Liv-Ex Fine Wine 100, qui plafonne à 3,8 % », détaille Thomas Hébrard.

Bourgogne et vins italiens

Et si le dirigeant reconnaît « être en retard sur l’écoulement des vins », il explique cette performance par « la patience de nos clients, qui nous permet de vendre les vins de façon stratégique, au bon moment ». C’est également en diversifiant ses achats en dehors de Bordeaux que Thomas Hébrard est parvenu à faire croître son activité. « Les vins de Bordeaux ne permettent plus aux intermédiaires de faire de la marge. Nous avons donc élargi notre gamme, désormais composée de 1 500 vins, dont les Bordeaux ne représentent plus que 35 %. Les plus performants ayant été en 2023 les Bourgogne et les vins italiens », dévoile-t-il.

U’WINE EN CHIFFRES

Date de création : 2015
Effectifs : 30 personnes (dont 25 à Bordeaux)
CA 2023 : 12,6 millions d’euros
Encours sous gestion : 40 millions d’euros
Désinvestissement 2023 : 1,5 million d’euros
Nombre de bouteilles « connectées »  : 850 000 (stockées par Dartess)

Malgré tout persuadé que les Grands Crus bordelais peuvent retrouver leur prestige et leurs performances, Thomas Hébrard s’attelle à faire du lobbying en faveur de la filière auprès des pouvoirs publics. « Si nous parvenons à remettre de la marge dans le système ; à investir pour cibler les nouvelles générations, en adaptant la distribution et le marketing ; et partons à la conquête de la Chine, un marché avec un potentiel de croissance énorme, le marché va repartir », est persuadé le dirigeant. U’wine a d’ailleurs ouvert une filiale à Shanghai en 2020 (où travaillent 3 de ses 30 salariés) maintenue pendant toute la période Covid, grâce à un investissement de 900 000 euros.

7 millions d’euros de financement

En 2024, Thomas Hébrard, qui a déjà levé 4,4 millions d’euros depuis le début de l’aventure U’wine auprès de ses proches et de ses clients, prévoit d’ouvrir le capital de l’entreprise en France et en Chine, à travers une série A, tout en gardant la majorité du capital des deux entités. « Nos besoins de financement sont de 7 millions d’euros. Bpifrance et deux banques nous soutiennent en non-dilutif, et nous espérons lever 4,5 millions d’euros en equity auprès de nos clients investisseurs », détaille-t-il. En Europe, U’wine envisage ainsi d’investir 4,5 millions d’euros pour accélérer sur la revente de vin, continuer à acquérir des clients investisseurs, en se reposant notamment sur les banques privées et les conseillers en gestion de patrimoine, et en développant l’image de l’entreprise.

« Nous souhaitons également investir 2,5 millions d’euros pour dupliquer notre modèle en Chine, important marché potentiel de revente des vins de nos investisseurs français », précise le dirigeant. Pour cela, U’wine a développé son application mobile sur le réseau chinois WeChat et est sur le point d’annoncer un partenariat stratégique avec une entreprise chinoise colossale. Thomas Hébrard s’est également vu proposer le rôle « d’ambassadeur des vins étrangers pour la Chine ». Un rôle qui sied à ce passionné de vin, persuadé de « réussir à changer le marché. Mais pour cela, nous devons tenir. C’est pourquoi nous devons lever ces fonds maintenant, avant que cela ne reparte », conclut-il.

 

THOMAS HÉBRARD : PARCOURS

Issu d’une famille de viticulteurs de Saint-Émilion – son père est copropriétaire du château Trianon -, Thomas Hébrard ne se destinait pas à travailler dans le vin. Après des études d’ingénieur en aéronautique à Supaéro, puis un passage par HEC Paris, il commence sa carrière dans le cabinet parisien Algoé, spécialisé dans le conseil en management et stratégie pour le secteur public. Ce passionné de vin imagine alors U’wine. « De 2011 à 2015, j’ai fait de « l’extrapreneuriat » dans mon cabinet de conseil, en travaillant sur toute la partie juridique de mon projet avec l’AMF », confie Thomas Hébrard. U’wine est aujourd’hui le leader français de l’investissement dans le vin.