[ La relève ] À Bordeaux, Archimaid invente une plateforme pour garantir le paiement des loyers

Echos Judiciaires Girondins : Que propose votre start-up ?

Armandine Nkondock : Archimaid est une solution de paiement des loyers d’avance afin de sécuriser les rapports locatifs. Les loyers sont sécurisés sur notre plateforme et versés au propriétaire chaque mois à date fixe. Notre raison d’être est de faciliter l’accès au logement en réduisant les obstacles administratifs pour les profils « non conventionnels », tels que les personnes en CDD, intérimaires, etc. Cela permet de réduire le risque d’impayés pour les propriétaires, sans coût supplémentaire.

Les locataires et propriétaires vont se mettre d’accord sur le nombre de loyers avancés, et nous nous occupons de la partie technique : séquestrer, verser les fonds, générer un certificat de garantie. Nous ne souhaitons pas remplacer ce qui existe déjà, mais plutôt venir en complément de ce qui est déjà proposé.

La solution est payante (environ 500 euros) pour les locataires. Plus il y a de loyers bloqués, moins nous prenons de commission. Nous lançons une nouvelle plateforme en septembre 2024 destinée aux professionnels de l’immobilier. L’idée est de pouvoir intégrer les agences dans notre gestion locative. Nous comptons aujourd’hui 167 logements sécurisés dans toute la France. Nous sommes également en partenariat avec l’ADIE Nouvelle-Aquitaine, qui propose un financement de ces loyers d’avance pour les personnes en difficulté. Nous sommes en train de tester le dispositif de l’association à l’échelle nationale.

EJG : Racontez-nous la genèse de ce projet ?

A. N. : L’idée de la solution Archimaid m’est venue à la suite de ma propre expérience. Je suis originaire du Cameroun, et suis arrivée en France en 2011. Lorsque je suis arrivée ici, à 17 ans, j’ai été confrontée aux problématiques du logement : avoir un CDI, des garants sur le territoire, etc. Cela a été frustrant, car je n’avais rien de tout cela.

Pour autant, mes parents n’étaient pas présents en France mais aisés et avaient les moyens de payer un an de loyer d’avance. C’est quelque chose qui se faisait beaucoup dans mon pays d’origine. J’ai ainsi eu envie de créer un projet allant dans ce sens.

J’ai intégré un master en entrepreneuriat et management de projet à l’IAE de Bordeaux, à la suite de ma licence en stratégie et décision économique. L’ADIE Nouvelle-Aquitaine m’a soutenue lors de la création de la société à travers un prêt bancaire. Parallèlement, j’ai intégré les Premières Nouvelle-Aquitaine. J’ai fait partie de la première promotion du programme d’incubation de la French Tech en 2020. Désormais j’ai deux salariés avec moi, en gestion locative et marketing communication.

EJG : Quelles sont les perspectives de développement pour votre entreprise ?

A. N. : L’une de nos ambitions est de posséder notre parc locatif. Nous voulons capter des biens locatifs et les mettre à disposition des personnes exclues, à travers de la sous-location professionnelle (le bailleur principal loue des locaux auprès d’un propriétaire ou d’une agence immobilière. Il peut ensuite sous-louer ces locaux à un tiers, devenant alors « sous-bailleur »). Aujourd’hui nous possédons déjà une trentaine de logements. Nous lançons une campagne de crowdfunding dès le 1^er octobre prochain. L’idée de cette campagne est de récolter 150 000 euros afin de pouvoir capter 200 logements en sous-location. Nous ambitionnons, d’ici 2025, est d’avoir un chiffre d’affaires d’un million deux. Notre stratégie est simple : capter encore plus de biens et rester proactif.

EJG : Comment envisagez-vous les trois prochaines années ?

A. N. : L’idée est de continuer à s’étendre sur toute la France et en Europe. Nous faisons déjà des tests en Belgique. Nous envisageons le développement en Allemagne, ou encore en Espagne. Nous constatons que, malgré un contexte du marché locatif qui peut être différent en fonction de la localisation, le besoin pour cette solution perdure. Nous avons pu le constater avec les retours que nous avons eus à Vivatech. Nous avons aussi des perspectives, d’ici 2027, à l’international, en Amérique par exemple. J’ai d’ailleurs été choisie pour participer à un programme américain de jeune entrepreneur, YTILI Program. Je vais pouvoir représenter la France durant cinq semaines, au mois d’octobre 2024.