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Angèle Brousse : les nouveaux codes de la joaillerie

BORDEAUX. La créatrice bordelaise Angèle Brousse imagine des bijoux qui lui ressemblent : modernes, discrets, avec une touche rock et rebelle. Des pièces essentiellement en or et diamants naturels, fabriquées dans un atelier certifié RJC. Développée principalement sur internet, la marque espère développer ses circuits de distribution et prendre son envol international en 2024.

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Angélique Brousse, créatrice de la marque de bijoux Angèle Brousse © Louis Piquemil / EJG

Des bijoux de haute fantaisie, « d’une élégance rebelle et glamour ». C’est ce que propose Angélique Brousse, créatrice de la marque Angèle Brousse (« car c’est comme ça que tout le monde m’appelle ! », confie-t-elle), lancée en 2019 à Bordeaux. Autodidacte, cette ancienne directrice projets en agence de communication digitale, également passée dans le secteur du luxe par une marque de cosmétiques, a souhaité créer une marque de bijoux pour femmes à (presque) tous, en termes de prix et de design.

Angèle Brousse, bijou, bordeaux

Bagues Angèle Brousse © Lili Renée / Angèle Brousse

Après un an de travail, qu’elle met à profit pour comprendre le fonctionnement du secteur, trouver le bon positionnement ainsi que son atelier de fabrication, penser le design et définir les circuits de distribution, elle lance sa marque sous forme de DNVB (digital native vertical brand), vendue uniquement en ligne. « J’ai lancé Angèle Brousse juste avant le Covid, et ça n’a pas été un frein, au contraire, plutôt un accélérateur », affirme la créatrice. « J’ai utilisé tous les moyens modernes disponibles pour lui donner de la visibilité : les réseaux sociaux, j’ai approché des influenceuses… Cela collait avec la cible des 25-45 ans que je visais, qui réunit aussi les utilisatrices de Facebook et Instagram. »

« FORTE FIDÉLITÉ »

Cette stratégie digitale, Angèle Brousse la travaille également en termes de services aux clients, de la part desquels elle constate « une forte fidélité ». Tous les bijoux créés depuis le début de la marque sont disponibles à l’achat sur son site. Et si elle fonctionnait au départ en flux tendu, la créatrice dispose désormais de stock dans la plupart des tailles et dans les 3 types d’or (gris, rose et jaune). « Mes clients, composés à 40 % d’hommes, apprécient la disponibilité des pièces. Cela évite la frustration, c’est un des secrets de la vente », analyse- t-elle. Envoyé par colis, chaque bijou commandé est proposé dans un écrin aimanté fabriqué sur mesure, en papier italien, accompagné du certificat d’authenticité, des conseils d’entretien et d’une pochette. La fondatrice prend aussi un soin particulier à répondre aux clients rapidement et a installé tous les modes de paiement ainsi que le paiement en plusieurs fois. « L’idée est de rendre les bijoux accessibles, même aux budgets les plus contraints », note-t-elle.

SHOWROOM-APPARTEMENT

© Lili Renée / Angèle Brousse

Angèle Brousse, qui ne prévoit pas pour l’instant d’ouvrir de boutique en nom propre, reçoit également sur rendez-vous dans son showroom-appartement, situé cours de Verdun, à Bordeaux. « Ces contacts directs avec les clients dans un environnement cosy sont importants, car je peux leur poser des questions, savoir ce qui leur plaît, comment ils ont connu la marque… Il y a un côté très humain dans la vente de bijoux, on accompagne toujours des événements heureux, de belles occasions. J’adore quand on me raconte ces histoires. C’est le côté très satisfaisant de ce métier ! », admet-elle. Née sur internet, Angèle Brousse a attiré des revendeurs, et en seulement 4 ans, la marque, qui a connu une croissance de chiffre d’affaires entre 20 et 25 % chaque année, est maintenant distribuée dans 16 points de vente, en France et en Europe. Concept stores et boutiques de haute fantaisie et de joaillerie de créateur représentent aujourd’hui 20 % de son chiffre d’affaires (non communiqué).

MICROPERLÉ ET MILLEGRAIN

Mais c’est surtout avec son design contemporain qu’Angèle Brousse est parvenue à séduire clients et revendeurs. « Je fais des bijoux qui me plaisent et qui me ressemblent : j’aime l’accumulation et l’asymétrie des boucles d’oreilles, que je vends à l’unité. Je propose des bagues seconde peau, qui épousent la courbure du doigt et qu’on oublie lorsqu’on les porte. J’aime les bijoux fins et discrets, avec un côté rock », décrit- elle. Très inspirées « des bijoux anciens de nos grands-mères, qui se transmettent », ses pièces associent un style vintage, avec du microperlé et du millegrain, à un design moderne. Chaque modèle est d’abord dessiné par la créatrice, puis retranscrit en 3D, un prototype est créé, des tests sont faits afin de vérifier le rendu final du design et la robustesse du bijou, qui part ensuite en production.

Je me fixe des contraintes sur le poids d’or et la taille des diamants. Le prix et le design sont corrélés pour rester dans une certaine gamme de prix

« Pour chaque collection, je pars d’un motif central, que je décline en bague, avec un modèle fin et un modèle plus conséquent, et en boucle d’oreille. Mais je ne fais pas systématiquement de bracelet ou de collier », précise-t-elle. Tous les bijoux sont en or 18 carats (selon les exigences des clientes françaises) et en diamants naturels. Quelques modèles arborent aussi des pierres fines de couleur comme les topazes ou les émeraudes. « Je travaille actuellement sur des bijoux plus colorés. Je dessine énormément, mais comme en peinture, lorsqu’on fait des bijoux, il faut savoir s’arrêter… Je me fixe aussi des contraintes sur le poids d’or et la taille des diamants. Le prix et le design sont corrélés pour rester dans une certaine gamme de prix », indique-t-elle.

TRAÇABILITÉ

Boucles d’oreille Angèle Brousse © Lili Renée / Angèle Brousse

La créatrice, qui propose une collection par an en septembre-octobre, présente régulièrement de nouvelles pièces, « afin d’avoir un renouveau permanent et de garder la marque attractive auprès des clients », expose-t-elle. De nouvelles pièces, mais aussi des rééditions de ses best-sellers déclinés avec de nouvelles pierres, à l’image de la bague Stella 5 Diamants, de la bague Gina Star, ou des boucles d’oreilles ornées d’un pendentif en forme de croix de sa première collection, « Sainte », qui l’a fait connaître. « Un classique de la joaillerie avec un petit côté rock qui me plaît beaucoup », glisse-t-elle, et qu’elle porte à l’oreille gauche.

Tous les bijoux sont fabriqués par son atelier certifié RJC (pour « Responsible jewellery council »), situé en Espagne. « Il fournit des marques de la place Vendôme et d’autres créateurs », détaille Angèle Brousse, qui lui commande plusieurs milliers de pièces chaque année. Cette certification permet d’assurer « le respect des droits humains, une certaine responsabilité sociale, éthique et environnementale tout au long de la chaîne d’approvisionnement des matières premières et de la fabrication. Tout est traçable, c’est rassurant pour les clients, et c’était très important pour moi ! », assure la créatrice.

INTERNATIONAL

En 2024, Angèle Brousse espère développer ses circuits de distribution et se déployer à l’international, « chez les bijoutiers, dans les boutiques spécialisées en bijoux de créateurs ou fantaisie, dans les concept-stores et idéalement dans les grands magasins, qui ont une visibilité internationale », énumère-t-elle. Travaillant seule actuellement, même si elle s’entoure toujours de partenaires, dont des agences digitales pour son site internet, ou la photographe bordelaise Lili Renée pour ses shootings, la créatrice aimerait recruter une personne, en particulier pour l’aider sur la partie internationale. En attendant, Angèle Brousse sera au salon international Vincenzaoro à Venise, en janvier, pour y rencontrer de potentiels futurs revendeurs.