Au pays du bœuf, entre plusieurs entreprises agroalimentaires sur le marché de la viande, c’est à Bazas que Domaine Terra a installé sa conserverie gastronomique de tartinable. Comme un symbole de l’évolution de l’alimentation. Car l’activité tranche : lui et sa femme Eugénie ne cuisinent que des légumes. « Ce n’est pas quelque chose que l’on revendique mais la tendance végé nous porte », reconnaît Julien Vanlerberghe, ingénieur agricole et passionné de cuisine, passé par l’école Ferrandi.
« Nous avons découvert les antipasti en Italie et à notre retour en France, dans le Sud-Ouest, nous ne trouvions que des produits à base de cochon et de canard pour l’apéritif, pas de légumes. » L’idée a fait son chemin. C’est en 2018 que le couple se lance puis met un pied à l’agropôle d’Agen, sans investir dans un outil de production à ce moment-là.
Multiplier les volumes par trois
Après une phase de tests et de petites séries pendant cinq ans, l’entreprise voit plus grand et s’installe dans ses propres locaux en octobre 2023. Entre le bâtiment de près de 500 m2 et le parc machine, les fondateurs ont investi 1,25 million d’euros. Si Domaine Terra produit actuellement 90 000 verrines par an, elle est dimensionnée pour multiplier le volume par trois.
L’entreprise qui réalise 350 000 euros de chiffres d’affaires, à 90 % en BtoB, envisage de le multiplier par 2,5 dans les trois ans. « Le marché des tartinables est mature et en croissance parce que le snacking est en croissance et que le moment de l’apéro est en train de prendre le pas sur les entrées », explique Julien Vanlerberghe.
Cap sur l’Allemagne et l’Italie
Domaine Terra va désormais accélérer le démarchage. Une personne vient précisément d’être recrutée pour de l’assistance des ventes. L’entreprise se lance également dans la production de tartinables pour une autre société. « C’est un marché qui fonctionne beaucoup en marque blanche et nous commençons à être sollicités. »
Enfin, si sa priorité consiste à commercialiser ses produits en France auprès des épiceries fines, cavistes, bars à vins et fromageries, la marque est déjà présente en Allemagne et se prépare à entrer sur le territoire italien. Domaine Terra a l’ambition de passer la barre des 1 000 points de vente à horizon des trois ans, contre 275 aujourd’hui.
Une démarche qui restera artisanale
Pas question pour autant de passer à la vitesse industrielle. « Nous avons pris de l’agroalimentaire tout ce qui est organisationnel, qualité, traçabilité. Pour le reste, nous cuisinons. Nous épluchons et nous épépinons les légumes », insiste Julien Vanlerberghe. Ainsi, 1,4 tonne de courges butternut passera entre leurs mains d’ici la fin de l’année pour la confection d’un tartinable de butternut aux cacahuètes et au curry. À l’intérieur, les produits sont majoritairement néo-aquitains, à l’image de la dizaine d’autres recettes de la marque : 92 % des matières premières sont sourcées dans la région.
« De ce point de vue, Bazas est idéalement située, entre les Landes, le Lot-et-Garonne et le Pays basque où nous nous fournissons », précise Julien Vanlerberghe. « Avec le citron, nous serions à 98 % », ajoute-t-il avant de confier qu’il cultivera, à terme, ce qu’il est possible de produire ici et qu’il ne trouve pas localement. « Nous embaucherons un maraîcher. J’aimerais faire des câpres aussi ! » Sur le long terme également, Domaine Terra n’exclut pas non plus de travailler avec la grande distribution mais sous une autre marque.
Julien Vanlerberghe est lui-même passé par les multinationales Unilever et Darégal, spécialisée dans la culture et la transformation d’herbes aromatiques. « Nous connaissons les codes de l’agroalimentaire. »