Dessiné sur un coin de table voilà une quinzaine d’années par le Dr Stéphane Garrigue, cardiologue à Bordeaux, le FlowMaker® de la société FineHeart est désormais une réalité. Le dispositif médical d’assistance cardiaque a été implanté avec succès sur deux patients compassionnels, lors de la première étape de l’étude clinique « First in Human », menée par l’équipe du Pr Netuka, responsable du département de chirurgie cardiovasculaire à l’IKEM (Institut de médecine clinique et expérimentale) de Prague. « Nous avons ainsi fait la preuve de concept du FlowMaker®. Et démontré que l’on pouvait implanter le dispositif à cœur battant, de façon mini-invasive, grâce à une petite thoracotomie, réduisant les risques opératoires et améliorant les perspectives de récupération des patients », se félicite Arnaud Mascarell, directeur général et cofondateur de Fineheart.
Synchronisant son fonctionnement avec les contractions naturelles du cœur, afin d’optimiser le flux sanguin de façon physiologique et sans dérivation externe, le dispositif conçu avec des cardiologues rythmologues et électrophysiologistes français, co-inventé par le Dr Philippe Ritter, a également « montré ses performances sur la capacité à améliorer la fonction cardiaque à long terme, pour des patients pour lesquels il n’existe actuellement aucune autre solution », ajoute Arnaud Mascarell. Installé sur des patients en attente d’une greffe de cœur, le FlowMaker® pourra être testé dans sa prochaine phase clinique sur des patients dont l’insuffisance cardiaque, maladie dégénérative, est moins avancée.
Recharge par transfert d’énergie
Le troisième objectif de cette étude, qui était de montrer la capacité à pouvoir recharger le dispositif par transfert d’énergie à travers la peau des patients (par induction), est également atteint. « Nous avons pu les interroger durant la semaine où ils ont été équipés du dispositif, et ils n’ont démontré aucune gêne », assure le directeur général. Pionnier sur ce segment, FineHeart envisage d’ailleurs d’appliquer ce type de transfert d’énergie à d’autres dispositifs médicaux à terme. « Il s’agit d’un champ d’innovation important dans lequel nous investissons beaucoup », confie le dirigeant, dont la société a déjà déposé 150 brevets.
Pour ses prochaines étapes cliniques, FineHeart est « en train de discuter avec les six principaux centres experts de l’insuffisance et de la transplantation cardiaques en France, dont le CHU de Bordeaux. Avec l’objectif de débuter les essais de mise sur le marché en 2026 », annonce Arnaud Mascarell. Pour une mise sur le marché en 2028.
Usine en construction
Parallèlement, FineHeart travaille à l’industrialisation de son produit. « Nous fabriquons une centaine de mini-pompes cardiaques chaque année dans nos locaux. L’enjeu est de nous préparer à en produire plusieurs dizaines de milliers par an, le marché potentiel de l’insuffisance cardiaque étant de plus de 200 000 malades par an dans les pays du G7 et de 50 000 rien qu’en France, sans aucune autre solution », dénombre-t-il.
FineHeart a ainsi lancé, en partenariat avec le groupe basque Lauak, issu du secteur aéronautique, la construction d’une usine de 3 500 m2 dédiée aux dispositifs médicaux à Pessac, dont 1 500 m2 en salle blanche. « La livraison de ce bâtiment construit sur mesure selon notre cahier des charges est prévue à l’été 2025, pour une mise en service après aménagement en 2026 », précise Arnaud Mascarell.
FineHeart construit une usine de 3 500 m2 à Pessac, dont 1 500 m2 en salle blanche
50 millions d’euros supplémentaires
En attendant, FineHeart a lancé une nouvelle levée de fonds en série C de 10 millions d’euros avec le fonds européen EIC, branche capital-risque du Conseil européen de l’innovation. Et vise une tranche de 10 millions d’euros supplémentaires que l’entreprise espère finaliser d’ici la fin de l’année. « Nous aurons ensuite besoin de 50 millions d’euros en 2025 pour concrétiser nos projets. Comme depuis nos débuts, nous regardons pour cela vers les investisseurs institutionnels de capital-risque ; vers les industriels qui sont nos partenaires, comme le groupe Lauak ; et les entrepreneurs, business angels de la région et médecins utilisateurs finaux de notre solution qui investissent via la holding des fondateurs, toujours majoritaire au capital de l’entreprise à ce jour. C’est notre schéma d’investissement depuis le départ », assure Arnaud Mascarell.
FineHeart a également bénéficié d’aides des dispositifs France 2030 et Première Usine, de subventions des Régions Nouvelle-Aquitaine et Centre, ainsi que du fonds européen Feder et du CIR. « Nous sommes très bien soutenus par les politiques régionales, nationales et européennes, ce sont des outils indispensables, c’est clé pour notre développement », tient à rappeler le dirigeant.
Fineheart en chiffres
Date de création : 2010
Effectifs : 70 personnes
Recrutements d’ici 3 ans : 50
Brevets déposés : 150