Échos Judiciaires Girondins : L’or a atteint des records de valeur cet été. Quelles en sont les raisons ?
Jean-François Faure : Les niveaux de l’or étaient déjà très hauts depuis mars et avril, où un plafond de verre avait été franchi. Fin juillet, l’once d’or (31,1 grammes d’or) a dépassé les 2 500 dollars, soit environ 2 260 euros. Les raisons sont relativement simples : les États-Unis ont annoncé une baisse de taux d’intérêt, ainsi qu’une faiblesse du dollar par rapport aux autres devises. Les gens se sont ainsi reportés sur des actifs qui protègent de la perte de valeur de l’argent, typiquement l’or. D’autre part, de plus en plus de pays souhaitent s’affranchir de leurs réserves de change en dollars, l’or est ainsi passé à la deuxième place en matière de réserves de change, derrière le dollar et devant l’euro.
EJG : Quelles leçons en tirer ? Est-ce le moment d’investir ?
J.-F. F. : La bonne approche pour investir dans l’or est d’en acheter un peu de manière très régulière, en s’affranchissant de toute réflexion par rapport aux cours. Trop de critères exogènes rendent son cours extrêmement complexe à appréhender. La tendance semble être à l’attentisme pour les mois à venir. C’est un moment intéressant pour prendre le temps de faire sa culture sur l’or, comprendre comment on y entre, avec quels types de produits… De plus, les périodes de cours élevés n’empêchent pas d’investir, car il y a toujours un moment où la valeur de l’or est plus élevée que la veille. Le cours actuel est la somme des événements survenus dans le monde ces 50 dernières années. Depuis quelques années, il y a des événements chaque année, si ce n’est une guerre, c’est une inflation ou une pandémie. L’or est très réactif à tout cela.
EJG : L’or est un investissement rassurant dans les moments de crise…
J.-F. F. : L’or est extrêmement rassurant, il est matérialisé et occupe physiquement sa place dans des coffres. Il s’agit d’un produit qui peut d’ailleurs être utilisé dans la fabrication de bijoux, de fils conducteurs, de circuits imprimés, on peut s’en servir comme réflecteur de lumière sur les bâtiments, dans les satellites… C’est ce qui explique la stabilité de sa valeur dans le temps, elle suit l’offre et la demande. D’autre part, il s’agit d’un actif sécuritaire, même s’il ne dégage de revenus que quand on le vend, et si on se débrouille pour le vendre avec des plus-values. Il faut donc plutôt l’appréhender comme une assurance, sur laquelle on peut abonder régulièrement, et que l’on peut revendre à tout instant. L’or est en effet dans le top 5 des actifs les plus liquides au monde. Pour autant, les gens le vendent relativement peu et ont plutôt comme objectif de le transmettre à leurs héritiers.
EJG : Quelles ont été les conséquences de ces records pour votre plateforme digitale d’achat et vente d’or, AuCoffre ?
J.-F. F. : Les records d’avril ont incité les gens à vendre leur or, à prendre leurs gains et à les utiliser pour leurs projets. Durant cette période, il y avait autant de vendeurs que d’acheteurs, c’était une première pour nous. En juillet et août, lors du second record, nous avons constaté un engouement de nos clients français (95 %) pour l’achat de napoléons. Cette pièce franco-française a ainsi eu une valeur un peu supérieure à l’or qu’elle contient, entre 6 et 8 % de plus, contre 3-4 % habituellement. C’était un marqueur montrant l’inquiétude des Français vis-à-vis du contexte politique national.
EJG : Le contexte de l’année 2024 semble avoir été porteur pour AuCoffre. Quels sont vos perspectives pour l’année et vos projets en cette rentrée ?
J.-F. F. : Nous allons lancer une nouvelle pièce d’un quart d’once, avec une face présentant une Marianne qui terrasse un dragon, designée en interne. Nous préparons également une pièce à cours légal en argent avec une face Charles III, frappée dans notre atelier de Bordeaux. Notre plateforme de vente, achat et échange de cryptoactifs (Bitcoin, Ethereum), CrypCool, commence à très bien fonctionner, avec déjà plusieurs millions gardés pour le compte de nos clients. Comme nous avons obtenu l’enregistrement de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN), délivré par l’AMF, nous allons pouvoir y intégrer notre propre cryptoactif, Vera One, adossé à de l’or physique. Il permet de profiter de la stabilité de l’or tout en offrant l’avantage fiscal de ne pas avoir à payer la fameuse flat tax, qui s’applique lorsqu’on échange des cryptos contre des euros. L’année 2024 a été porteuse pour nos structures, nous avons de bonnes projections. Nous avons toujours innové, c’est ce qui fait notre force et notre capacité à être en croissance, quel que soit le contexte.
LE GROUPE AUCOFFRE EN CHIFFRES
Date de création : 2009
Effectifs : 50 collaborateurs
Filiales : 4 (AuCoffre, Vera Cash, Vera Conseil, CrypCool)
CA 2023 : environ 160 millions d’euros
Utilisateurs : 50 000 (dont 30 000 actifs)
Actifs conservés : 7 tonnes d’or et 70 tonnes d’argent métal