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Brexit, négociations sans fin

Le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne le 31 janvier dernier : il est entré dans la phase de transition. Bien qu’officiellement hors de l'UE, le pays continuera de bénéficier des avantages du marché unique jusqu'à la fin de 2020.

31 janvier 2020 : date historique à marquer d’une pierre blanche ou plutôt sombre pour l’Europe. Le Royaume-Uni a ainsi officiellement quitté l’Union européenne. Pour autant, ceci ne sonne pas la fin de la grande saga du Brexit, car il y a énormément de travail à accomplir, notamment sur les points suivants :

 Les négociations relatives aux relations entre le Royaume-Uni et l’UE. Cela sera fortement axé sur le commerce, mais comprendra également des dispositions en matière de sécurité et la question épineuse de l’accès aux eaux côtières du Royaume-Uni.

 Le Royaume-Uni doit mettre en œuvre l’accord de retrait, y compris des mesures pour empêcher une frontière « dure » avec l’Irlande du Nord.

 L’adoption d’une législation pour établir des fonctions gouvernementales qui relevaient de la compétence de la Commission européenne et pour se préparer à la vie hors UE.

Les dates clés pour 2020 sont nombreuses et il convient de noter en particulier le sommet programmé fin juin pour évaluer les progrès de la mise en œuvre du Brexit. Cette date marque également la date limite à laquelle une prolongation de la transition peut être convenue pour se laisser plus de latitude. Vient ensuite le 26 novembre 2020 : un moment crucial pour la finalisation et la ratification d’un accord sur le volet commercial. L’intégralité du processus de sortie du Royaume-Uni de l’UE sera compliquée par le fait que les États membres et le Parlement européen devront approuver chacun des accords pris. L’insistance du Premier ministre Boris Johnson sur le fait que la conclusion des accords de transition doive intervenir avant fin 2020 signifie que le temps pour convenir d’un accord commercial entre le Royaume-Uni et l’UE sera bien court. Bien que le point de départ des négociations soit connu sur le volet des biens et services, la position du gouvernement britannique qui refuse de jouer le jeu du législateur bruxellois signifie que les négociations ne seront pas simples. En effet, le think tank Institute for Goverment estime que durant ce laps de temps, seul un accord de libre-échange portant sur les marchandises pourra être conclu. Et la brièveté des délais compliquera la tâche des entreprises britanniques souhaitant continuer d’opérer en dehors du marché unique.

PROFOND CHANGEMENT STRUCTUREL

Même si la Banque d’Angleterre n’a pas assoupli sa politique de manière préventive lors de sa réunion de janvier, le gouverneur Carney a souligné que le Royaume-Uni était sur le point de subir un « profond changement structurel ». Les données ont été qualifiées de « suffisamment bonnes » pour que le Comité de Politique Monétaire (MPC) reste en position d’attente, mais celui-ci restera attentif aux signes qui indiqueraient un essoufflement de la confiance des marchés et des consommateurs post-rebond des élections. 

Dans ce contexte, s’exposer aux obligations d’État britanniques peut encore sembler relativement attractif, en particulier sur la partie la plus courte de la courbe. Le prix des Gilts a un peu reculé après les annonces du Comité de Politique Monétaire britannique (MPC). Autre élément favorable à une exposition aux Gilts : étant donné que le processus du Brexit est loin d’être terminé et que l’incertitude autour des accords commerciaux devrait rester élevée pendant la majeure partie de l’année, il est difficile de croire en un rebond durable de l’activité. Cela suggère qu’une baisse des taux d’intérêt reste une possibilité forte au cours des prochains mois.

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