Même si peu de vins « connaissent le bois », ce mode d’élevage reste, dans l’esprit du consommateur, attaché à l’apanage des grands vins. La visite de la tonnellerie Dargaud & Jaeglé nous a permis de « vivre » l’expérience intégrale de la fabrication d’un tonneau. Ce fut aussi l’occasion de faire un point sur les différences entre les pratiques de fabrication et les tendances dans les demandes en « bois » des vignerons. Une immersion passionnante dans une des composantes de la vinification et de l’élevage du vin.
« L’honneur français » aura retenu que le tonneau a été inventé par les Gaulois. C’est un léger raccourci. En réalité, il est apparu en Asie mineure, comme outil de stockage pour des céréales ou des fruits. On doit donc plutôt aux compères d’Astérix, l’idée de l’utiliser pour stocker et élever du vin, pas fous ces Gaulois ! Un historique de 3 000 ans, et pourtant les techniques de base n’ont pas changé. Elles ont juste évolué pour une meilleure productivité, un ajustement à une demande plus variée et une protection accrue des salariés.
Au cœur de la production
Visiter une tonnellerie est un moment rare et un enjeu ! En l’occurrence ce jour précis, nous étions au plus près des ouvriers, du métal, de la forge, du feu, de la vapeur et des maillets qui martèlent les douelles (lames de bois). Nous avons vécu la transformation complète de merrains en tonneau ! L’art de la tonnellerie requiert de nombreuses compétences, de la sylviculture (la connaissance du bois) à la géométrie (modélisation du tonneau), en passant par la thermodynamique et la forge.

© Gaël Herrouin
La tonnellerie Dargaud & Jaeglé se situe à Romanèche-Thorins, à la frontière du Beaujolais et du Mâconnais. C’est une tonnellerie de taille intermédiaire, qui fabrique autour de 300 tonneaux par semaine et exporte 40 % de sa production, pour le vin mais aussi pour le bourbon aux États-Unis. Elle est dirigée et détenue par la même famille depuis plus d’un si…