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Commerces, les raisons de la colère

En dépit des aides promises et de la décision de fermer les rayons des produits « non essentiels » dans la grande distribution, la fermeture des petits commerces « non essentiels » suscite des frictions très vives entre le gouvernement et des acteurs économiques, territoriaux et politiques.

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Photo de Tim Mossholder provenant de Pexels

Au nom de l’équité, les grandes surfaces de Gironde et d’ailleurs en France ont donc fermé leurs rayons de produits non essentiels, mais les petits commerces de proximité ne rouvriront pas, a déclaré le Premier ministre Jean Castex, le 1er novembre 2020. La mesure, qui risque fort de bénéficier au e-commerce, est le fruit de l’escalade née de la décision du gouvernement de fermer les commerces « non essentiels », prise dans le cadre du reconfinement, annoncé le 28 octobre par le président de la République. Provoquant la très vive opposition du monde économique, politique et territorial, celle-ci a suscité de fortes frictions avec l’exécutif. Tous ont alerté sur le risque des faillites en masse de ces petites entreprises, déjà très éprouvées par le premier confinement, et pointé les distorsions de concurrence engendrées par la situation. « En décidant d’imposer la fermeture des commerces non alimentaires et des services, et de laisser d’une part les grandes et moyennes surfaces commerciales poursuivre la vente des mêmes produits, et d’autre part la possibilité d’effectuer des prestations à domicile, le gouvernement a déclenché l’incompréhension la plus totale.

Dans le monde économique, la protestation est unanime

Coiffeurs, esthéticiennes, libraires, fleuristes, restaurateurs, vendeurs de vêtements, de jouets ou d’articles de décoration… Les très nombreux chefs d’entreprise concernés se sentent victimes d’une profonde injustice et ils ont raison », a déploré Michel Dumon, président de l’U2P Nouvelle-Aquitaine.

Dans le monde économique, la protestation est unanime, chez les organisations sectorielles comme l’Union nationale des entreprises de coiffure (UNEC), par exemple, ou transversales, à l’image de CCI France, Chambre de Commerce et d’Industrie. Geoffroy Roux de Bezieux, président du Medef, a qualifié la décision d’« erreur ». « On a besoin de ces commerçants, parce qu’il y a plus de trois millions d’emplois derrière et ils risquent d’aller en faillite car ils sont très fragilisés » a-t-il déclaré. « Bon nombre de chefs d’entreprises sont excédés par les injonctions parfois contradictoires édictées et applicables sans délai. Le gouvernement doit rapidement permettre à toutes les entreprises une réelle poursuite de l’activité économique : en faisant notamment confiance aux dirigeants pour aménager le recours au télétravail dans leur entreprise sans brandir la menace de sanctions, en permettant que les autorisations d’ouverture consenties ne soient pas contraires aux règles de concurrence et de liberté d’entreprendre. Les entrepreneurs sont responsables et l’ont toujours été, faisons-leur confiance », a martelé Franck Allard, président du Medef Gironde dans un communiqué.

La CPME, elle, milite en faveur de l’amendement voté à l’unanimité par les sénateurs, le 30 octobre. Celui-ci donne aux préfets le pouvoir de « permettre la réouverture des commerces si les conditions sanitaires sont réunies ». Le texte devait être examiné le 3 novembre à l’Assemblée nationale. Car l’opposition a pris un tour politique, et ce, à tous les échelons. Après l’annonce du confinement, un peu partout en France, comme à Perpignan, Brives, Aubusson, ou Chalon-sur-Saône, des maires ont pris des arrêtés pour autoriser l’ouverture des petits commerces de proximité, et se sont vus qualifier « d’irresponsables » par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Plusieurs associations d’élus de collectivités locales de toutes tailles élèvent la voix : Villes de France, France Urbaine, et l’Association des maires de France (AMF). « Il faut retirer le décret relatif aux fermetures administratives afin que tous les acteurs économiques puissent contribuer de la même façon au combat contre le coronavirus, sans pour autant tuer le tissu économique. Dans le cas contraire, l’U2P exige l’interdiction de la vente de produits non alimentaires dans les supermarchés et hypermarchés, ainsi que l’interdiction des prestations à domicile », insiste Michel Dumon également président de la CAPEB 33.

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LE DISPOSITIF D’AIDES RENFORCÉ

« Le soutien économique de l’État sera encore plus fort que lors du premier confinement », a promis Bruno Le Maire. Concrètement, le gouvernement a prévu une série de mesures, qui reprennent et complètent les dispositifs existants. D’après le quotidien économique Les Échos du 31 octobre 2020, 12 milliards d’euros sont prévus 31 décembre, avec un reste à charge pour l’employeur, différencié selon les entreprises (nul pour les secteurs protégées ou obligés de fermer, à hauteur de 15 % pour les autres). Emmanuel Macron a également promis un « plan spécial » pour les indépendants, commerçants, TPE et PME. Autant d’annonces qui sont loin d’avoir convaincu les acteurs économiques et territoriaux. Jusqu’à présent, ils ont constitué les indispensables maillons et relais sur lesquels le gouvernement s’est appuyé pour déployer les plans d’urgence et de relance. Le 15 novembre, un point d’étape sera fait sur la situation.

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