C’est une histoire aux allures de légende. En 2019, à la veille des vendanges, Coralie de Boüard tombe en panne avec sa voiture dans les vignes autour de Saint-Émilion. Le garagiste qui prend en charge sa voiture la lui ramène le lendemain à sa propriété Clos de Boüard. Il s’intéresse au vin, mais comme il ne boit pas d’alcool, Coralie de Boüard lui fait goûter des cépages qui n’ont pas encore fermenté. Ils échangent sur le vin sans alcool, que le propriétaire ne produit pas encore… Or il se trouve que ce garagiste est aussi entraîneur de football. Et qu’il est chargé de sourcer des pépites pour le Paris Saint-Germain. Club de foot qui appartient à des Qataris. Et quand il parle à ses partenaires d’un vin sans alcool qui pourrait être produit dans le Bordelais, ceux-ci se montrent très intéressés. Et c’est ainsi que Coralie de Boüard a lancé sa production de vin sans alcool. Assurée d’une première commande de 35 000 bouteilles.
Trouver la bonne formulation
Il lui a pourtant fallu du courage pour engager son nom (la famille de Boüard est propriétaire, entre autres, du château Angelus) dans cette production au départ très décriée. « Mon père était très fâché que notre nom soit associé au vin sans alcool, se remémore-t-elle, mais aujourd’hui il est fier de mon parcours ». Elle a mis deux ans et demi avant de trouver la bonne formulation pour son Prince Oscar, lancé en 2021, premier vin rouge élaboré à partir de son cru Clos de Boüard. « Il est désalcoolisé lors d’un process de distillation sous vide et inversée, c’est-à-dire faite à 32° pour ne pas casser la structure du vin. On maintient l’empreinte tanique, son acidité et ses arômes. » Trois ans plus tard, en décembre 2024, elle lance Eden, son vin blanc sec désalcoolisé. Insatiable sur le sujet, Coralie de Boüard insiste sur la qualité du vin avant qu’il soit désalcoolisé.
80 000 bouteilles de Prince Oscar
Sur sa production Clos de Boüard qui compte environ 200 000 bouteilles, 80 000 bouteilles ont été consacrées en 2024 à Prince Oscar, et 15 000 à Eden. Pour l’international, (50 % des ventes), elle exporte essentiellement vers l’Europe l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, la Belgique et les Pays-Bas, puis vers les États-Unis et l’Asie du Sud-Est. Pour la France, elle passe essentiellement par les circuits cavistes mais aussi en vente directe. Sur sa lancée, Coralie de Boüard travaille actuellement à l’élaboration d’un pétillant pour la fin de l’année 2025 et pourquoi pas d’un rosé pour l’été prochain.