Les Echos Judiciaires Girondins : Vous avez pris vos fonctions à la tête du CRCC Grande Aquitaine le 1er novembre dernier. Quelles seront vos priorités pour les quatre années de votre mandat ?
David Devautour : Trois piliers structureront cette mandature. Tout d’abord, accompagner nos confrères dans les évolutions majeures de la profession, notamment via des actions de formation et de sensibilisation. Nous faisons face à des bouleversements tels que l’essor de l’intelligence artificielle, l’application des nouvelles exigences européennes en matière de durabilité (la directive CSRD) ou encore le développement de nouveaux besoins d’audit, pour les associations ou les collectivités locales par exemple.
Ensuite, nous souhaitons promouvoir notre profession auprès des parties prenantes, qu’il s’agisse des acteurs économiques, politiques ou académiques. Enfin, nous nous attacherons à relayer les attentes et besoins de nos confrères. En allant régulièrement à leur rencontre, nous pourrons identifier des problématiques d’exercice du métier ou liées à un territoire afin de les porter au niveau national.
EJG : Qu’est-ce qui a motivé votre candidature à la présidence du CRCC ?
D. D. : Après plusieurs expériences dans les instances (voir encadré), ce nouveau mandat est pour moi l’occasion de m’impliquer pour une profession qui me tient à cœur et de mettre en œuvre une vision stratégique sur un territoire vaste et varié. Ma candidature est le fruit d’échanges avec des confrères de la région qui m’ont invité à porter la liste CRCC. Un engagement dans les instances représente l’opportunité de rendre à la profession tout ce qu’elle nous procure.
EJG : Quels sont les principaux défis auxquels devront se préparer les commissaires aux comptes ?
D. D. : Le premier est de permettre à la profession de saisir les opportunités de marché offertes par les évolutions réglementaires, en particulier sur les questions de durabilité. L’audit ne se limite plus au contrôle des comptes : il englobe aussi les systèmes d’information, les ressources humaines ou encore la durabilité. Il est crucial de former les professionnels pour qu’ils s’approprient ces nouvelles missions tout en respectant notre indépendance et nos obligations légales.
Nous devons également anticiper les bouleversements technologiques, notamment la montée en puissance de l’analyse de données avec des outils comme Power BI de Microsoft. Le commissaire aux comptes traite historiquement la donnée : maîtriser ces technologies est un enjeu stratégique pour l’avenir.
EJG : La directive CSRD représente une étape importante. Comment accompagnez-vous les commissaires aux comptes dans cette transition ?
D. D. : La CSRD impose aux entreprises de suivre et de communiquer sur leurs impacts environnementaux, sociaux et sociétaux. Cela implique une structuration interne importante, surtout dans un tissu économique où les PME-TPE sont prédominantes.
Pour les commissaires aux comptes, cette directive ouvre des perspectives majeures : nous pourrons certifier les rapports de durabilité. D’autres auditeurs (par exemple issu des organes de vérification comme Bureau Veritas) pourront également le faire.
La profession est prête et s’est massivement formée. Et nous travaillerons avec le CEECA ou encore l’organisme CNCC Formation afin de nous s’assurer que l’offre corresponde bien aux attentes et aux besoins.
Concernant la directive CSRD, la profession est prête et s’est massivement formée
EJG : Dans un contexte économique incertain, quelles sont les principales inquiétudes des entrepreneurs que vous rencontrez ?
D. D. : Des instabilités à différents niveaux marquent le quotidien des chefs d’entreprise : évolutions rapides des outils, tensions sur le personnel, incertitudes politiques et économiques. Cela instaure un climat frileux, notamment pour engager des projets stratégiques.
Dans ce contexte, le commissaire aux comptes joue un rôle préventif essentiel. La procédure d’alerte, par exemple, permet de mettre en garde un dirigeant sur des risques financiers ou stratégiques. J’observe que, actuellement, nous avons davantage recours à ce type de procédure.
EJG : Quels sont vos objectifs personnels en tant que président ?
D. D. : Je souhaite que chaque professionnel sache saisir les opportunités offertes par les évolutions législatives et réglementaires. Le commissaire aux comptes est aussi un entrepreneur. Il doit avoir un coup d’avance et ne pas subir les mutations de la profession.
Enfin, je veux renforcer le lien avec nos territoires. Notre équipe d’élus couvre les 12 départements sous les ressorts des cours d’appel d’Agen, Bordeaux, Limoges et Pau, pour représenter près de 752 commissaires aux comptes. Nous prévoyons de décentraliser les conseils afin d’assurer une présence sur tout le territoire. Mon ambition est qu’au terme des quatre ans, chaque département ait été associé à nos actions et à notre dynamique collective.
Je veux renforcer le lien avec nos territoires.
Les élus de la CRCC Grande Aquitaine
Le bureau est composé de :
David Devautour (Corrèze), président
Florence Ranoux (Gironde), vice-présidente
Christophe Domengès (Lot-et-Garonne), vice-président
Agnès Maya (Pyrénées-Atlantiques), vice-présidente
Catherine Terrade (Haute-Vienne), trésorière
Vincent Géron (Gironde), secrétaire
Pauline Faltrauer (Pyrénées-Atlantiques), membre élue
Les élus : Cédric Lalanne (Dordogne), Audrey Vergès (Gironde), David-Frédéric Bisseuil (Charente), Philippe Weiss (Hautes-Pyrénées), Tiffany Henocque (Gironde), Alain Bersans (Lot-et-Garonne), Aurélie Lalanne (Gironde), Louis Noël (Gironde), Françoise Rieutort (Gironde).
David Devautour en bref
À 45 ans, expert-comptable et commissaire aux comptes au sein du Groupe LVDS à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), David Devautour a été élu à la tête de la CRCC Grande Aquitaine en octobre dernier. Il a présidé la section Limousin de l’association nationale des experts-comptables mémorialistes, des commissaires aux comptes stagiaires et des étudiants en comptabilité supérieure, de 2009 à 2010. Il a été vice-président de l’Ordre des experts-comptables région Limoges en 2012-2016 avant d’être élu président pour la mandature 2016-2020.