« Les métiers juridiques sont des métiers de création de contenus à haute valeur ajoutée. Les professionnels du droit doivent compiler des informations de qualité pour créer cette valeur. Or il y a un véritable enjeu dans les cabinets : la perte d’information », constate Jules Touzet, PDG d’Haïku (anciennement Clerk). Cofondée en 2023 par ce juriste de formation, qui a enseigné le droit constitutionnel et administratif à l’université de Bordeaux avant de travailler dans des cabinets d’avocats où il a fait son doctorat ; par Jean-Marcel Touzet, directeur marketing ; Alexandre Touzet, spécialiste produit ; Guillaume Pellion, au profil commercial ; et Nathan Redin, le spécialiste IT de la bande, la start-up Haïku veut résoudre cette problématique grâce aux outils d’intelligence artificielle.
« Nous avons créé un système d’intelligence artificielle (SIA) qui mobilise plusieurs modèles de différentes natures (des modèles d’IA génératives propriétaires, d’IA non générative et des modèles commerciaux pour certains cas précis), afin de permettre une recherche poussée dans des bases de données fermées de millions de documents, et assurer ainsi la fiabilité des réponses », décrit Jules Touzet. Une ingénierie qui permet de forcer le système à sourcer ses réponses. Sans pour autant partager les données avec les modèles, ces dernières pouvant provenir des cabinets ou de bases de données juridiques et étant hébergées localement sur des serveurs sécurisés.
Analyse et production de documents
Le produit d’Haïku permet ainsi de faire une recherche en langage naturel et de faire remonter des documents, des passages de documents ou des dossiers ; mais aussi de faire de l’analyse et de la production de documents. « Nous rassemblons des systèmes complexes que nous sommes capables de restituer de façon simple », résume Jules Touzet. Déjà installé chez des clients composés de cabinets d’avocats de taille intermédiaire, ce système pourra également s’adresser à terme à d’autres professions réglementées telles que les juristes, les experts-comptables, les notaires et les huissiers.
Nous rassemblons des systèmes complexes que nous sommes capables de restituer de façon simple
Figurant parmi les trois fournisseurs français de ce type de solutions, Haïku a séduit le fonds franco-américain Newfund Naeh Innopy, des business angels et des cabinets d’avocats, auprès de qui la start-up vient de lever 1,3 million d’euros. De quoi lui permettre d’accélérer son développement commercial mais aussi sa R&D. « Nous avons de fortes ambitions sur le produit, que nous souhaitons continuer à améliorer en y ajoutant des fonctionnalités », précise Jules Touzet, qui a également l’intention de déployer rapidement son service dans le reste de l’Europe et aux États-Unis.
Avocat augmenté
Avec un modèle économique basé sur un produit SaaS, et bientôt sur des partenariats avec des éditeurs existants auxquels Haïku proposera un apport de technologies, la jeune société, qui emploie déjà une douzaine de personnes, souhaite améliorer la productivité des métiers auxquels elle s’adresse. « Ce que nous apportons avec Haïku est un regard différent, nourri par notre usage des solutions », poursuit Jules Touzet.
Son ambition : lutter contre « une peur existentielle chez l’avocat, qui craint d’être remplacé par l’IA. Elle représente seulement une aide et un gain de temps sur certaines tâches simples comme la recherche d’information, et des tâches complexes comme les dues-diligences (vérifications, NDLR) automatisées », rassure-t-il. Rappelant la nécessité de l’expertise humaine. « Les avocats engagent leur responsabilité lorsqu’ils donnent un avis à leurs clients, ils ont donc de toutes façons l’obligation de vérifier les réponses apportées par le système. Nous ne sommes pas là pour les remplacer, mais pour renforcer et augmenter leurs capacités », conclut-il.