Il s’agit de la PME girondine qui a déposé le plus de brevets sur le territoire néo-aquitain en 2020, selon l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI). Depuis sa création en 2009, Exoes cumule 25 brevets (voir encadré) dans son domaine d’expertise : la gestion thermique, principalement appliquée au secteur automobile. Spécialisée au départ dans la récupération de chaleur à l’échappement des poids lourds, la société installée à Gradignan se diversifie sous l’impulsion de ses clients en 2017 en s’intéressant aux batteries électriques, et plus particulièrement à la recharge rapide (moins de 10 minutes). « Cette dernière fait en effet chauffer les batteries de manière exponentielle », explique Arnaud Desrentes, PDG d’Exoes, qu’il a cofondé avec Rémi Daccord, CTO à l’origine des innovations et du concept. L’entreprise de R&D travaille ainsi sur des fluides technologiques qui confèrent aux batteries « une performance thermique dix fois supérieure à ce qui existe actuellement, dont Tesla », assure le dirigeant, qui rappelle que ces produits n’arriveront sur le marché de masse que dans 5 à 6 ans. Un virage salutaire pris par l’entreprise 3 ans avant l’éclatement de la crise sanitaire, qui « a tué nos activités sur le moteur thermique, et accéléré sans précédent l’activité sur la batterie : nous devrions avoir en 2021 une croissance à trois chiffres ! », se félicite Arnaud Desrentes.
Nous travaillons sur des batteries dont la performance thermique est dix fois supérieure à ce qui existe actuellement, dont Tesla.
EXOES EN CHIFFRES
Date de création : 2009
Effectifs : 25 fin 2021
Nombre de brevets déposés : 25
CA 2021 : plusieurs millions d’euros
Croissance : à 3 chiffres en 2021
RÉFÉRENCE EUROPÉENNE
Mue par la volonté de « démocratiser la mobilité propre », assure son PDG passionné d’automobile, Exoes compte des clients majoritairement en Europe et aux États-Unis, « des zones qui poussent fortement pour l’électrification des véhicules ». Ce sont les constructeurs automobiles du top 10 mondial, en phase « d’advanced engineering », et les principaux fabricants de fluides. « Notre métier est de les aider à valider des concepts de nouvelles technologies de refroidissement », indique Arnaud Desrentes. Pour cela, Exoes fabrique des prototypes de batteries étanches comportant des fluides, et offre aux fabricants de fluides la possibilité de tester leurs liquides, « dont ils viennent faire la maturité de développement chez nous ». « Nous vérifions la stabilité, la robustesse et la fiabilité des fluides, ou encore leur faible impact environnemental », énumère le dirigeant.
L’entreprise, qui vise un fort développement de sa clientèle internationale en 2022 et même l’ouverture d’autres centres de R&D en Allemagne et aux États-Unis d’ici 2023, a l’ambition de devenir « la référence européenne, et même au-delà, en matière de gestion thermique d’un système complet d’un véhicule électrique utilisant des fluides. Nous voulons donc élargir notre domaine de compétence du refroidissement de la batterie à celui du moteur électrique et de toute l’électronique de puissance », annonce le dirigeant. Exoes va également étendre son activité autour de la fabrication et la vente de bancs d’essais pour tester les batteries et les fluides, sur lesquels elle a développé « un savoir-faire très spécifique, avec une forte barrière à l’entrée et une forte valeur ajoutée. Cela permettrait par ailleurs d’accélérer le développement de cette technologie pour l’ensemble du secteur », estime Arnaud Desrentes, qui vise un doublement des effectifs d’Exoes d’ici 2025, jusqu’à 50 personnes. « Nous atteindrons ainsi la taille critique nous permettant d’accepter de plus gros projets », confie le dirigeant, qui avec son associé Rémi.
« Protéger notre capacité d’innovation »
Le milieu de l’automobile est le plus gros dépositaire de brevets au monde, la confidentialité est donc un élément important lorsqu’on travaille dans ce secteur. L’ensemble des technologies que développe Exoes ne devant arriver sur le marché de masse que 5 ou 6 ans après la phase de R&D, l’entreprise a un important sujet sur la propriété intellectuelle, qui explique notamment le grand nombre de brevets qu’elle détient. « Nous protégeons notre valeur ajoutée, qui est notre capacité d’innovation, en déposant des brevets ; en enregistrant des enveloppes Soleau, qui permettent de dater l’idée sans toutefois la breveter ; et en faisant des publications scientifiques, grâce auxquelles nous empêchons la communauté de s’approprier une découverte, et qui nous permettent de surcroît d’être reconnus en tant qu’experts », détaille Arnaud Desrentes, le PDG d’Exoes.
Bordeaux est un véritable hub de la batterie française.
D’accord cherche à remonter au capital de l’entreprise, après plusieurs levées de fonds. Malgré leurs velléités internationales, les deux entrepreneurs souhaitent conserver leur siège en région bordelaise, « véritable hub de la batterie française ». Où ils ont d’ailleurs concrétisé leur rêve de créer une société industrielle à travers e-Mersiv (voir encadré). Fruit de la collaboration entre Exoes et Startec Développement, entreprise de fabrication de composants électroniques basée à Mérignac, e-Mersiv sera bientôt en capacité de produire des batteries ultra-performantes, s’appuyant notamment sur les brevets déposés par Exoes.
e–Mersiv, batteries ultra-performantes
Née en 2019 à Mérignac, la société e-Mersiv allie le savoir-faire d’Exoes avec celui de Startec Développement, ses deux actionnaires. « Nous apportons une technologie qui permet une recharge rapide. Startec apporte un savoir-faire industriel dans la fabrication des batteries et de leur organe de contrôle, le Battery Management System (BMS) », indique Arnaud Desrentes, président d’Exoes, elle-même présidente d’e-Mersiv. Une association de compétences qui va « permettre au cerveau de la batterie de gérer une thermique beaucoup plus poussée », poursuit-il, avec des « fonctions de sécurité et de surveillance du vieillissement supplémentaires par rapport aux batteries existantes ». Si la fabrication des premiers packs batteries et prototypes devraient commencer en 2022, e-Mersiv, qui vise une production en masse d’ici 2025, espère « que la supply chain mondiale, qui connaît des perturbations sans précédent, sera alors réorganisée ». D’ici là, e-Mersiv prépare une première levée de fonds en 2022 et recherche déjà un partenariat avec un fabricant de cellules de batteries.