Échos Judiciaires Girondins : L’accès au financement semble plus difficile pour les entreprises actuellement. Comment cela s’explique, selon vous ?
Axel Champeil : « Tout d’abord, il faut rappeler que le financement des entreprises se fait de deux façons : en fonds propres et en bas de bilan, ce qui correspond à la dette. Or plusieurs éléments sont intervenus sur l’octroi des crédits. D’une part, les taux d’intérêt ont monté sous l’effet de la politique monétaire, ce qui a renchéri le coût du crédit. D’autre part, on entre dans une période d’incertitude sur le plan économique avec une hausse des coûts, des difficultés d’approvisionnement et donc de potentielles baisses de marges… Cela rend les entreprises un peu plus à risques, et participe également à la hausse des taux d’intérêt, puisque les banques rémunèrent le risque.
Pour se garantir du remboursement des dettes, elles sont ainsi plus exigeantes dans l’analyse des dossiers. Enfin, des contraintes sont venues s’ajouter avec la mise en place de la taxonomie, qui impose des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), notamment. Tout cela a rendu le financement un peu plus difficile d’accès. »
Dans ce contexte incertain, les banques sont plus exigeantes dans l’analyse des dossiers
EJG : Et sur la partie fonds propres ?
Axel Champeil : « Ce contexte a eu un impact sur l ’appréciation par les investisseurs de la valorisation des entreprises. Tandis qu’il y avait beaucoup de concurrence entre les fonds, qui investissaient sur des valorisations élevées, avec des levées de fonds très importantes, on constate un resserrement. L’argent étant devenu plus cher, les investisseurs vont eux aussi demander des rétributions supplémentaires pour rémunérer le risque. Après plusieurs années avec des taux d’intérêt à zéro, ces derniers sont aujourd’hui autour de 2 ou 3 %. Pour autant, avec une l’inflation qui se situe entre 6 et 10 % en zone euro et en France, les taux d’intérêt réels (moins l’inflation) sont encore largement négatifs, ce qui reste un facteur de soutien à l’investissement et aux valorisations. Mais la remontée des taux d’intérêt a fait mécaniquement baisser les valorisations. À investissement égal, l’investisseur prendra une part plus importante du capital. D’autre part, dans un contexte économique tendu, les business plans présentés par les entreprises, qui servent à calculer leur valorisation, sont plus questionnés. »
EJG : Dans ce contexte, quels critères font la différence pour obtenir des financements ?
Axel Champeil : « La société est en train d’évoluer et les critères extrafinanciers deviennent omniprésents dans l’analyse des dossiers. La réglementation est d’ailleurs là pour accélérer ce phénomène, car le monde de la finance a été considéré comme un maillon essentiel de ces transitions.
Les investisseurs sont ainsi obligés de tenir compte des critères ESG, de les analyser et d’expliquer dans quelle mesure ils en tiennent compte. Ils doivent également…