« Cette pandémie n’est certainement pas la dernière », prévient Gaël Giraud, économiste de renom, notamment directeur de recherche au CNRS, réputé pour ses positions iconoclastes. Le 13 mai dernier, il était auditionné par la commission de l’Aménagement du territoire et du Développement durable du Sénat, sur la manière de sortir de la crise.
L’économiste a tout d’abord montré que plusieurs dynamiques écologiques et économiques se conjuguent pour interdire un retour à un fonctionnement économique habituel. Au niveau environnemental, au rythme actuel, il faut notamment s’attendre à des phénomènes de développement d’épidémies, et de sécheresse accrue. Ainsi, le Covid 19 constitue « une grande répétition générale, pas si sévère que cela ». Par ailleurs, « dans les années 2040, nous pourrions manquer d’eau pour l’agriculture en France, les sécheresses sont destinées à devenir permanentes », alerte le chercheur. Autre problème, la combinaison entre le réchauffement et l’humidité vont rendre de vastes zones géographiques invivables à partir du Sud de l’Europe, générant des centaines de millions de réfugiés climatiques.
Et le problème n’est pas exclusivement environnemental : « La pandémie a révélé les fragilités des chaînes internationales, en flux tendu, sans stock », analyse Gaël Giraud. De plus, le schéma économique qui a prévalu les trente dernières années n’est plus viable. « La Chine était le grand atelier du monde, qui fabriquait des produits à bas coût pour l’Occident, basé sur des salaires de misère. Nous étions trois fois gagnants. Nous achetions bon marché, l’argent était réinvesti dans nos circuits financiers, par…