Né aux États-Unis il y a une vingtaine d’années, en opposition à la démesure des maisons individuelles américaines, le mouvement minimaliste tiny house, pour mini-maison, s’importe en Europe il y a une dizaine d’années, où il est désormais plus dynamique. « Une tiny house correspond à un habitat mobile sur roues. Il s’agit d’un réel habitat indépendant, qui doit répondre à des contraintes d’ergonomie spécifiques, puisqu’il doit pouvoir être déplacé », explique Gaëtan Pellat de Villedon, cofondateur et dirigeant de La Tiny bordelaise.
« Il s’agit d’un marché en création et qui reste modeste en France, avec 150 à 200 pièces produites chaque année, car il souffre d’un problème de législation : la tiny house n’a pas d’existence légale en termes d’urbanisme, ce qui ne permet pas de mettre les financements en face », constate-t-il.

Gaëtan Pellat de Villedon, cofondateur et dirigeant de La Tiny bordelaise © DR
Confort et économies
Plus confortable qu’une caravane ou un studio de jardin, ne nécessitant pas de fondations, ni d’imperméabilisation des sols, la tiny house offre tout le confort d’une maison individuelle, dans un espace réduit. Autonome en énergie, en matériaux durables, la mini-maison demande par ailleurs peu d’entretien et génère peu de charges.
« Techniquement, elle peut être installée partout, sans raccordement électrique, puisqu’elle est équipée de panneaux solaires, mais nécessite en revanche un raccordement à un point d’eau. Les eaux grises sont quant à elles traitées par des microstations hors-sol ou par phytoépuration », précise le dirigeant de La Tiny bordelaise.

Des baies vitrées sur toutes les surfaces amènent lumière et sensation d’espace. © DR
Industrialisation
Auparavant à la tête de l’entreprise Make my van, qui a transformé durant une quinzaine d’années des fourgons utilitaires en véhicules de loisirs très haut de gamme, Gaëtan Pellat de Villedon fonde La Tiny bordelaise en 2023 avec six anciens collaborateurs, après la liquidation de l’entreprise. « Nous avons subi un accident industriel il y a environ un an et demi, suite à une rupture d’approvisionnement des véhicules. Make my van réalisait alors un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros, avec une croissance annuelle de 50 %, et employait 14 personnes. Nous avons décidé de nous affranchir des constructeurs, en redéployant nos savoir-faire sur l’aménagement de fourgons de tous types puis en développant un prototype de tiny house. Aujourd’hui, ces deux activités représentent chacune la moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise (non communiqué, n.d.l.r) », précise le dirigeant, qui a vendu six unités en un an.
« Nous avons travaillé l’industrialisation du produit dès sa conception »
Chacune a nécessité six semaines de fabrication dans ses ateliers de Pessac. « Nous avons travaillé l’industrialisation du produit dès sa conception », assure-t-il.
Légèreté, durabilité, recyclage
Conçues pour faire moins de 3,5 tonnes, afin d’être tractées par un SUV ou un fourgon, et pour être équilibrées sur les essieux des roues qui les portent, les maisons de La Tiny bordelaise intègrent un salon, une salle à manger modulable, une cuisine, une chambre et une salle de bains, avec de nombreux rangements intégrés. « La conception de l’espace de vie de 21 m2, avec une belle hauteur sous plafond et de grandes baies vitrées, donne une sensation d’espace et toutes les caractéristiques de la maison individuelle à nos tiny », promet Gaëtan Pellat de Villedon.
Les bardages, toitures et menuiseries aluminium, ainsi que les cloisons en pins des Landes et mousse garantissent la légèreté, la durabilité et la recyclabilité des mini-maisons. « Nos clients peuvent choisir les finitions, mais nous ne faisons pas de sur-mesure, car les contraintes de la tiny sont trop fortes », remarque le dirigeant, qui assume un positionnement plutôt haut de gamme, les maisons étant vendues entre 70 000 et 80 000 euros toutes équipées. Il prépare actuellement un second modèle, « avec un design plus contemporain », annonce-t-il.

La chambre installée en mezzanine n’empiète pas sur la hauteur sous-plafond de la pièce de vie. © DR
Accès au logement
Si les clients des mini-maisons sont aujourd’hui convaincus par le minimalisme et l’aspect écologique, « dans l’avenir, c’est l’aspect économique de la vie en mini-maison et les belles finitions qui seront des catalyseurs sur ce marché », estime Gaëtan Pellat de Villedon. « Nous avons participé à la montée en gamme pour les véhicules de loisirs, nous espérons le faire pour les tiny », assure-t-il.
Face aux problématiques d’accès au logement, en particulier neuf, des primo-accédants, des jeunes, des saisonniers ou des séniors, « la tiny house répond à de vrais besoins », estime-t-il. Son objectif pour les années à venir : « développer une tiny house fixe avec un système de fondations moins contraignant que celui des maisons traditionnelles, pouvant accueillir des familles de 3 ou 4 personnes, et ainsi recréer un habitat individuel accessible, en nous affranchissant des contraintes réglementaires et urbanistiques », projette Gaëtan Pellat de Villedon.
La Tiny bordelaise en chiffres
Date de création : 2023
Effectifs : 6 associés
Prix par maison : 70 000 à 80 000 euros
Nombre d’unités produites par an : 6