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L’éolien en mer, un levier industriel pour la Nouvelle-Aquitaine

De la fabrication au démantèlement en passant par la maintenance et la logistique, la création de parcs éoliens au large de la Charente-Maritime est une opportunité à saisir pour le tissu industriel de Nouvelle-Aquitaine. Un plan d’actions collectif se met en place.

éolien en mer

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« Nous essayons de relever un défi industriel, logistique et environnemental », a lancé Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, le 14 avril à Bordeaux, en préambule de la présentation d’un plan d’actions en faveur de l’éolien en mer. Car la région est directement concernée. Si la France a l’ambition de construire une cinquantaine de parcs éoliens en mer d’ici à 2050 pour une puissance cumulée de 45 gigawatts (GW), la Nouvelle-Aquitaine vise une capacité installée d’au moins 7 GW en 2050 ce qui correspond à la consommation en électricité de 10 millions de personnes.

Profiter à toute la filière

Mais au-delà d’accueillir des éoliennes au large de son territoire, l’enjeu pour la Nouvelle-Aquitaine est surtout d’en faire bénéficier le tissu industriel sur les volets de la construction, de la maintenance ou encore du démantèlement. « Nous avons, en région, des compétences en matière de matériaux composites », intervient Fabienne Baron présidente du chantier naval girondin Neo Sailing Technologies (ex-Lalou Multi) qui, en collaboration avec l’industriel Arkema en 2022, a déconstruit et recyclé une pale d’éolienne qui a servi à la fabrication d’un bateau.

Flying Whales se positionne, de son côté, sur le transport des pales d’éoliennes avec sa future baleine volante. « Cela permet de diviser le coût du transport par trois par rapport à la route », avance Sébastien Bougon, fondateur de l’entreprise. « Sur le sujet de l’intermittence, il faut aussi réfléchir à la notion de stockage, notamment avec ACC (constructeur de batteries, n.d.l.r.) », ajoute Alain Rousset.

À ce stade, l’agence de développement et d’innovation de la Nouvelle-Aquitaine a identifié 165 entreprises régionales sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’éolien. L’occasion pour certaines de se diversifier. Les retombées économiques au niveau régional ont été estimées à 2,2 milliards d’euros de valeur ajoutée captée sur 15 ans et plus de 1 700 postes annuels prévus entre 2025 et 2040, selon une étude portée par le grand port maritime de La Rochelle.

165 entreprises sont positionnées sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’éolien

Inclure les ports

Plus globalement, les quatre ports de commerce de Nouvelle-Aquitaine sont partie prenante de cette dynamique. Ils portent le projet Aquitania Wind Energy qui vise à structurer un réseau portuaire capable de gérer des opérations de grande envergure, allant de l’assemblage des flotteurs à la maintenance des parcs éoliens en mer.

« Nos ports sont prêts à accompagner la logistique », insiste Sandrine Gourlet, présidente du directoire du grand port maritime de La Rochelle. L’investissement se chiffre à 200 millions d’euros, d’où le dépôt d’un projet dans le cadre d’un appel à projets France 2030 dont le résultat sera connu à la rentrée 2025.

Anticiper les formations

Enfin, autre maillon de la chaîne, la formation se structure également, l’objectif étant d’ « être prêt à répondre aux attentes des professionnels et de la filière à horizon 2030 », souligne Gérard Blanchard, président de La Rochelle Université qui porte le projet de Campus professionnel des énergies marines renouvelables (CAPéMARE) déjà lauréat d’un appel à manifestation d’intérêt.

À ce stade, des appels d’offres sont en cours pour les parcs éoliens Oléron 1 et 2 dont les mises en service sont prévues entre 2032 et 2034. Trois autres zones ont été identifiées plus au large pour de l’éolien flottant. Une technologie moins mature mais qui permet une implantation plus loin en mer pour aller chercher des vents plus puissants.