Depuis le Covid et les changements de modes de vie inhérents, quelques entreprises se sont positionnées sur ce créneau du coworking médical. Les codes sont les mêmes : des espaces partagés et mutualisés à louer, adaptés aux professions de la santé. Bien équipé et avec des formules de location plus souples que les baux à usage professionnel plus coûteux et qui engagent sur le long terme, le coworking médical est en voie d’expansion. De 225 euros la journée à 1 000 euros la semaine, selon les coworkings, ce modèle séduit des praticiens qui peinent à s’installer en libéral.
« Le point de départ a été de constater les difficultés rencontrées par les médecins libéraux en lancement d’activité », explique Louis Fosse, cofondateur de la start-up Via Sana. « Mais il y a d’autres cas de figure tels que ceux qui sont à cheval entre la clinique ou l’hôpital et une activité libérale, ceux qui couvrent plusieurs zones ou encore ceux qui exercent une partie de leur activité en présentiel et l’autre en visio ».
6 millions d’euros
Via Sana, qui a lancé son activité de coworking il y a quatre ans à Boulogne-Billancourt, compte une cinquantaine de centres, principalement en région parisienne, ainsi qu’un à Lyon et un à Bordeaux, un en préparation à Marseille, ainsi que Nantes et Lille en projet. La start-up, qui a levé 6 millions d’euros dont la moitié en augmentation de capital, ambitionne ainsi de quadriller le territoire avec une offre spécialisée.
Un centre de trois étages a ouvert, après une phase de travaux, en septembre Barrière du Médoc à Bordeaux : « Nous proposons une trentaine de cabinets, la moitié à temps plein et l’autre à temps partiel, indique Louis Fosse, une quinzaine de praticiens sont installés et notre objectif est d’en réunir une cinquantaine. »
Mutualiser les équipements
D’après son fondateur, les coworkers des différents espaces de Via Sana sont constitués à 40 % de professions médicales, 40 % de paramédicales et 20 % de thérapeutes dans le bien-être. « Notre volonté est d’axer sur des propositions de plus en plus spécialisées, affirme Louis Fosse, avec des plateaux techniques pour les kinés et du matériel adéquat, des espaces pour les dentistes avec fauteuils adaptés et radiologie, ou les ophtalmologues avec équipement ophtalmique. Nous voulons proposer des espaces conséquents et mutualiser les équipements. »
Secteur en mutation
Yann Ducoulombier, fondateur de la société Solar Santé basée au Bouscat, a fait un choix différent. Après une école de commerce, une activité de conseil et un passage dans l’immobilier, il a fait le choix de développer des espaces de coworking et a retenu le secteur de la santé « en pleine mutation ».
« Quels que soient les métiers, ce sont des passionnés qui n’ont pas le temps de s’occuper des démarches administratives, commente-t-il, il faut faciliter l’installation de ces professionnels de la santé avec des espaces clé en main. » Lui a racheté – après « un tour de table friends & family » – un espace qui compte sept cabinets, une cuisine conviviale, deux salles d’attente et des places de stationnement, situé rue Alexis-Capelle.
Généraliste prescripteur
« J’ai fait le choix de ne pas proposer de plateau technique ou de secrétariat, affirme-t-il, et de privilégier des bureaux qui peuvent être équipés de table de soin ou de méridienne selon les pratiques. » Avec une équipe de spécialistes rassemblant des psychothérapeutes, ostéopathes, hypnothérapeute ou encore préparateur mental, il recherche activement un médecin généraliste pour répartir le flux de prescription : « C’est un prescripteur important », remarque-t-il.
Le chef d’entreprise ambitionne d’ouvrir cinq centres en Gironde et de se déployer dans les territoires et déserts médicaux.
Sur le modèle Airbnb
Maud Clérice, cofondatrice avec Émilien Roso de la start-up bordelaise My Klinica, a également fait le constat que de nombreux professionnels étaient en recherche d’un local et d’hébergeurs. Elle a développé cette plateforme, sur le modèle d’Airbnb, pour la recherche de location des professionnels de la santé. « J’ai eu le projet – contrarié par le Covid – d’un coworking thérapeutique à Montréal. Après le confinement, je me suis rendu compte qu’à Bordeaux, la demande était forte aussi. »
Sa plateforme a vite dépassé la seule région bordelaise. Elle propose une mise en relation pour la location, mais également, demande oblige, pour la vente, les remplacements ponctuels et les collaborations, et compte aujourd’hui 1 800 annonces. « Mon but ultime serait de créer un annuaire de praticiens », confie la dirigeante.