Née de la nécessaire solidarité entre les propriétaires forestiers face aux aléas, la coopérative Alliance Forêt Bois (AFB) a célébré ses 10 ans en 2024, et lors de son assemblée générale, organisée à l’Hôtel de Région à Bordeaux, le 28 juin dernier. L’occasion de faire le bilan d’une année 2023 en demi-teinte pour la coopérative aux 42 200 adhérents, dont 6 800 en Gironde.
Après un premier semestre très actif, « où nous avons battu tous nos records en termes d’activité et de volume, sur tous les marchés, nous avons connu un retournement brutal de la demande à partir du mois de septembre. À cette baisse en volume s’est ajoutée une baisse d’exploitation, liée à la pluie », explique Stéphane Viéban, directeur général d’AFB.
Si l’année 2023 termine sur une très légère baisse de chiffre d’affaires, « l’année 2024 sera mauvaise », prévient Édouard Bentéjac, président d’AFB. En dépit d’une légère reprise de la demande, les travaux d’exploitation ont en effet été rendus difficiles par la météo.

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Climat de 2070
« L’AFB est très concernée par l’évolution climatique. Nous sommes en réflexion sur comment lisser l’exploitation en fonction du climat, entre les périodes trop chaudes et les périodes de pluie », indique Stéphane Viéban. « Pour avoir une forêt efficace dans la lutte contre les incendies, nous réfléchissons aussi sur les infrastructures (lisières, corridors) et la diversification des essences », poursuit Édouard Bentéjac.
Le climat engendre également des pertes pour les espèces inadaptées. « Le pin maritime supporte les températures plus élevées, mais on constate que les feuillus tels que les chênes pédonculés, les châtaigniers ou les hêtres souffrent », énumère Stéphane Viéban. C’est pourquoi l’AFB travaille avec l’Inrae ou encore l’institut technologique FCBA pour identifier les essences qui « pourront se développer dans le climat de 2070, en fonction de chaque région. Nous formons nos équipes et réalisons des diagnostics auprès des exploitants », continue-t-il.
Vigilance sur les scolytes
L’AFB a également investi 3,7 millions d’euros entre 2018 et 2023 dans sa filiale de pépinières et vergers à graines Forelite, afin de participer au nécessaire renouvellement des essences. Mais aussi pour replanter les hectares de forêts sinistrés par les incendies en Gironde et la grêle en Périgord en 2022.
L’AFB a investi 3,7 millions d’euros entre 2018 et 2023 dans sa filiale de pépinières et vergers à graines Forelite
« Nous avons monté des dossiers de financement France Relance puis France 2030 et travaillons avec le ministère de l’Agriculture pour avoir des fonds pérennes afin de financer les travaux de préparation aux replantations. Nous disposons de 16 millions de plants d’arbres en pépinière qui devraient couvrir l’ensemble des besoins de nos adhérents. Nous mobilisons toutes nos forces », assure Stéphane Viéban.
Également active sur le dégagement des bois brûlés dans les incendies, « presque terminé », l’AFB conserve « une vigilance permanente » sur les scolytes, insectes causant ces dernières années d’importants dégâts dans les forêts françaises.

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Attaques
Autre défi pour la coopérative, mais aussi pour toute la filière, en dépit de la demande croissante en bois, ressource naturelle et renouvelable : « faire face au quotidien aux attaques d’associations activistes voire extrémistes, qui visent nos techniciens pendant qu’ils travaillent », alerte Édouard Bentéjac.
« Tout ce que nous faisons est très réglementé, nous ne cessons de travailler sur nous-mêmes, de nous remettre en question. Afin d’informer au mieux la population, nous avons donc édité un livret pédagogique, Questions de forêts, dans lequel nous abordons tous les sujets qui fâchent. Nous l’avons remis à nos adhérents, partenaires, aux élus et à toutes les personnes intéressées, afin qu’elles comprennent et puissent répondre aux critiques », annonce le président d’AFB.

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Les chiffres clés d’AFB en 2023
Adhérents : 42 200 (6 800 en Gironde)
Hectares de forêt représentés : un million
Salariés : 760
Emplois directs et induits : 2 000
Filiales : 17
Bois livrés : 3,1 millions de m3 (dont 87 % PEFC)
Chiffre d’affaires consolidé : 224,1 millions d’euros
Comment la récolte de bois est-elle perçue en Nouvelle-Aquitaine ?
L’interprofession de la filière Forêt-Bois-Papier de Nouvelle-Aquitaine, Fibois NA, où la forêt représente 60 000 emplois et plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, présentait mi-juin son « Étude de perception de la récolte des bois en forêt », menée par l’Institut Cohda auprès de 1 200 répondants de la région. En voici les principaux enseignements :
97 % des sondés sont attachés aux bois et forêts de Nouvelle-Aquitaine,
82 % considèrent l’utilisation du bois comme une énergie renouvelable et/ou à développer,
27 % s’estiment bien informés sur les activités et pratiques liées à l’exploitation forestière,
65 % ont le sentiment que la forêt « s’apparente de plus en plus à l’agriculture industrielle ».