« Nous souhaitons accompagner la dynamique de financement des entreprises de Nouvelle-Aquitaine par les marchés de capitaux », a commencé Axel Champeil, président de la société de bourse bordelaise Champeil et coordinateur des Places financières régionales. Il réunissait, le 16 mai dernier dans ses locaux, les représentants de la Place de Paris, auteurs d’un « Manifeste pour un meilleur financement des entreprises par les marchés de capitaux ». Mais également ceux de la place financière bordelaise, « car la compétence se trouve aussi en région ! », a rappelé Guillaume Rivet, avocat associé chez Redlink représentant Bordeaux place financière et tertiaire (BPFT).

Axel Champeil, président de Champeil et coordinateur des Places financières régionales © Atelier Gallien / EJG
Trente entreprises néo-aquitaines, en majorité girondines, sont actuellement cotées sur les marchés Euronext, Euronext Access et Euronext Growth, pesant 3,6 milliards d’euros de capitalisation boursière. « Il y a eu de nombreuses IPO ces 4 dernières années, mais elles sont en chute depuis 2022 », note Laurence Costes-Rivolier, chargée d’affaires chez Champeil. Il faut cependant retenir le succès des introductions de HDF, en 2021, qui a permis à l’entreprise de lever 115 millions d’euros ; et celle d’Exosens (ex-Photonis) en 2024, à hauteur de 403 millions d’euros, et dont le cours a augmenté de 70 % en un an.
Poids réglementaire
Si les marchés financiers faisaient jusqu’ici peur aux entreprises, en raison du poids réglementaire, « il faut rappeler que cette réglementation est le prix de la liquidité, sur un marché qui préserve l’indépendance des entreprises et crée de la confiance au quotidien », a insisté Axel Champeil. D’autre part, beaucoup de choses ont été faites pour alléger les obligations pesant sur les entreprises, à l’instar de la loi attractivité, du Listing Act et du Paquet Omnibus. Il faut également noter que « le marché Euronext Growth, moins réglementé, a pris ses lettres de noblesse. Les investisseurs, y compris internationaux, ne font plus de distinction », précise-t-il.
Pourtant, la cote a fondu dans le monde ces dernières années pour les ETI et PME. C’est pourquoi « l’ensemble des professionnels s’est mobilisé pour redonner de l’attrait à la Place de Paris. Nous sommes convaincus que la Bourse est un des meilleurs moyens de financer les entreprises. Nous avons donc établi un Manifeste avec neuf recommandations concrètes pour améliorer la compétitivité de la Place de Paris », affirme Frédéric Boiffin, directeur listing PME et ETI de l’arc atlantique chez Euronext.
La Bourse est un des meilleurs moyens de financer les entreprises
Rediriger l’investissement et l’épargne
Réunissant 41 signataires institutionnels et plus de 580 signataires individuels issus de 350 organisations, ce Manifeste préconise notamment d’encourager une meilleure orientation de l’investissement vers le financement des entreprises, « en assouplissant les contraintes qui pèsent sur les industries financières, pour favoriser l’investissement des institutionnels dans les fonds actions ; et de rediriger l’épargne privée vers les entreprises françaises et européennes », assure Aude Contamin, responsable Small et Midcaps européennes chez CDC Croissance, filiale de la Caisse des Dépôts. L’institution finanicère a d’ailleurs doté le fonds de fonds CDC Croissance PME de 500 millions d’euros, et gère le fonds CDC Tech Premium de 350 millions d’euros dédié aux entreprises technologiques, afin d’éviter leur fuite vers le Nasdaq américain.
Également signataire du Manifeste, l’association Place des Investisseurs (ex-Fédération des investisseurs individuels), constate « une arrivée en masse des investisseurs individuels sur les produits financiers depuis le Covid. Notre raison d’être est de placer le citoyen au cœur de l’économie. Nous œuvrons pour cela à renforcer l’éducation financière des particuliers, et surtout des femmes », explique Anne Gaignard, directrice générale de l’association, qui rappelle que 76 % des adhérents se trouvent en région et sont très attachés à leur territoire. Côté entreprise, il faut « proposer un marketing adapté pour les investisseurs individuels », estime-t-elle.
Momentum et valorisation
Organisée afin d’enrichir et de décliner ces recommandations en région, cette étape du tour de France du Manifeste a également été l’occasion de partager quelques conseils pour une IPO réussie. « Il faut anticiper, prendre des conseils auprès de financiers et de sociétés cotées. Afin d’être prêt pour le momentum. Il faut également anticiper la vie d’après, avoir une feuille de route claire et organiser sa gouvernance. Car une fois que la cloche a sonné, c’est là que tout commence », témoigne Anne Jallet-Auguste, qui a rejoint HDF Energy en tant que secrétaire générale.
Côté investisseurs, « ce que nous attendons, plus qu’une taille et des chiffres, c’est une maturité du discours. L’émetteur doit créer une crédibilité », affirme Aude Contamin. « Les modèles d’affaires doivent être lisibles, avec des modèles de croissance capitalistiques clairs. Des éléments généralement portés par un dirigeant », ajoute Béranger Delmas, président d’Aquiti.
Enfin, si le choix du momentum est important, « il faut faire attention aux valorisations trop importantes. Les entreprises cotées à une valorisation raisonnable ont une plus belle croissance », conclut Axel Champeil.