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[ Nouvelle-Aquitaine ] « Chère pandémie », avec Benoît Elleboode de l’ARS

La crise que nous traversons est inédite selon de nombreux aspects. Mais la pandémie a eu une vertu : « aligner les intérêts économiques avec les intérêts de santé publique », estime Benoît Elleboode, directeur général de l’Agence régionale de santé. Combien la crise sanitaire a-t-elle déjà coûté à l’ARS Nouvelle-Aquitaine ? Quelle enveloppe la région recevra-t-elle au titre du Ségur ? Quels facteurs nous ont jusqu’ici préservé d’une flambée des cas ? Pourquoi la territorialisation des mesures était importante ? Benoît Elleboode nous dit tout.

Benoît Elleboode ARS Nouvelle-Aquitaine

Benoît Elleboode de l'ARS Nouvelle-Aquitaine © Atelier Gallien / Echos Judiciaires Girondins

Échos Judiciaires Girondins : Combien la crise sanitaire a-t-elle déjà coûté à l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine ?

Benoît Elleboode : « Nous avons versé 335 millions d’euros en 2020 aux établissements de santé de Nouvelle-Aquitaine en compensation de la crise Covid, dont 74,9 millions d’euros en Gironde. Tout cela pour les primes, et pour l’achat de nouveaux respirateurs, l’appel à des personnels intérimaires en plus, la mise en place des cellules de crise… À titre de comparaison, cela correspond à peu près aux montants des précédents plans d’investissement hospitalier sur la région, qui couraient sur plusieurs années. Notre message envers les établissements, c’est de faire tout ce qu’ils peuvent, nous, nous couvrirons les surcoûts.

Et ce sera pareil en 2021 : pas un seul établissement de santé ne prendra sur son budget ou sur ses économies pour le Covid. C’est même le contraire. Avec le Ségur de la santé initié par le gouvernement, on s’est rendu compte qu’on n’avait pas assez financé les établissements de santé.

Ensuite, la crise a aussi un coût direct pour l’ARS, avec la mise en place des cellules de crise, l’embauche d’environ 16 agents équivalent temps plein travaillé (ETPT), les astreintes, les heures supplémentaires… Cela a représenté une augmentation de la masse salariale d’1,3 millions d’euros en 2020, sans compter les dépenses de personnels hors plafond de près de 500 000 euros. Bien sûr, tout cela n’inclut pas les dépenses de l’Assurance maladie ni des autres services de l’État. »

 

EJG : Pouvez-vous nous détailler l’enveloppe issue du Ségur destinée aux établissements de Nouvelle-Aquitaine et de Gironde ?

Benoît Elleboode : « Le Ségur représente une enveloppe globale de 1,183 milliard d’euros sur 10 ans pour les établissements de la région. Une partie est destinée à l’aide à l’investissement au quotidien, pour lequel les soignants seront concertés : 44 millions d’euros par an pendant 3 ans (11,7 millions pour la Gironde). Ensuite, il y a 18 millions d’euros destinés à quelques départements ciblés par des inégalités territoriales ou sociales (hors Gironde). Nous aurons aussi des crédits dont la somme n’est pas encore définie pour le numérique et le médicosocial. 366 millions d’euros seront dédiés à l’assainissement financier, c’est-à-dire à la reprise de dette. Enfin, nous avons une enveloppe de 684 millions d’euros sur 10 ans pour l’investissement hospitalier. Ces sommes sont à la décision aujourd’hui, donc je dois décider en 2021 vers quels projets je vais les diriger : les acteurs concernés saurons quelle somme leur est allouée et quel projet ils doivent réaliser dans les 10 ans. Le CHU de Bordeaux, pour lequel nous n’avons pas investi depuis longtemps, bénéficiera d’une part importante de ces crédits. »

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© Shutterstock / FamVeld

Le Ségur représente une enveloppe globale de 1,183 milliard d’euros sur 10 ans pour les établissements de Nouvelle-Aquitaine

EJG : Les montants sont très importants, voire inédits…

Benoît Elleboode : « Avant de connaître les crédits du Ségur, nous avions effectué une étude pour évaluer les besoins. Nous avions comptabilisé environ 2 milliards d’euros de projets sur la Nouvelle-Aquitaine. Sachant qu’on finance autour de 20-30 % des projets, avec 680 millions d’euros, on est en capacité de pratiquement tous les accompagner. C’est inédit, d’habitude, on doit faire des choix très contraints. La crise est une bonne justification d’emprunter. Elle a mis en lumière une crise de l’hôpital. La santé va donc bénéficier de cet emprunt pour pouvoir investir. Nous sommes d’ailleurs la deuxième région derrière l’Île-de-France en termes de montant financier.

Pour moi, cela représente une grande responsabilité, c’est une occasion unique que peu de DG d’ARS connaîtront. J’ai donc mis en place le 25 mars un Comité régional d’investissement en santé (CRIS), piloté par l’ARS Nouvelle-Aquitaine en lien avec la préfète, qui réunit les élus locaux, les conseillers départementaux, les représentants des associations de maires, les préfets, les autres services de l’État, le Conseil régional, les fédérations. Il donnera un avis pour éclairer la décision de l’ARS sur les répartitions départementales des enveloppes du Ségur. C’est très utile parce qu’il ne faut pas se tromper. En santé, les décisions ont un impact à long terme. Je le dis d’ailleurs souvent : si l’ARS remplit bien son rôle aujourd’hui, c’est grâce aux équipes recrutées par mon prédécesseur, Michel Laforcade, qui a été là pendant 10 ans. »

Le gouvernement pourrait rendre la vaccination obligatoire

EJG : Pouvez-vous nous détailler la stratégie de vaccination de la région ? Quel est le rôle de l’ARS ?

Benoît Elleboode ARS Nouvelle-Aquitaine

© D. R.

Benoît Elleboode : Mon objectif est celui fixé par le Premier ministre. Si on traduit les chiffres en Nouvelle-Aquitaine, cela représente 900 000 vaccinés (en primo vaccination) à la mi-avril, 1,8 million mi-mai et 2,7 millions mi-juin. Aujourd’hui, nous avons vacciné 11 % de la population, c’est donc largement atteignable.

La stratégie vaccinale française qui est, je pense, une des meilleures quoi qu’on en dise, a pour objectif premier d’éviter les morts. Les EHPAD représentent 1 % de la population française et un tiers des morts, donc on a commencé par les EHPAD. Deuxième objectif : désaturer les hôpitaux. Pour cela, nous avons ciblé d’une part les patients hospitalisés à cause du Covid, le plus souvent des plus de 75 ans. Cela fonctionne plutôt bien puisque la moyenne d’âge en réanimation a diminué de 8 à 9 ans. D’autre part les professionnels de santé. Enfin, troisième étape, d’ici la fin de l’année, nous allons devoir vacciner tout le monde, même les plus jeunes, car il s’agit d’un virus coriace, qui a la particularité de muter.

Le rôle de l’ARS dans cette campagne est de répartir les stocks régionaux de vaccins Pfizer et Moderna par département, d’organiser les centres de vaccination et de s’assurer que les doses de vaccins sont effectivement écoulées. Et dans le cas où ces centres sont des établissements de santé, s’il y a des surcoûts, nous les prendrons en charge. »

 

EJG : Comment allez-vous convaincre les personnes qui ne sont pas à risques de se faire vacciner ?

Benoît Elleboode : « Pour l’instant, l’adhésion à la vaccination est correcte, car il s’agit de vacciner ceux qui risquent de mourir. En revanche, dès qu’on arrivera aux jeunes, ce sera plus compliqué. On s’en est rendu compte, notamment avec la vaccination des professionnels de santé. Mais j’espère qu’on arrivera à les convaincre en leur faisant comprendre que cela permettra d’éviter un reconfinement, par exemple. Le gouvernement pourrait aussi rendre la vaccination obligatoire, ce qui permettrait d’atteindre la proportion de population vaccinée nécessaire pour stopper la circulation du virus (80 % minimum). »

 

EJG : Le vaccin AstraZeneca a été suspendu avant d’être à nouveau autorisé par l’Union européenne. Sans lui, la stratégie vaccinale française aurait été complètement remise en cause…

Benoît Elleboode : « En effet, sans l’AstraZeneca, nous aurions vraiment eu un gros frein à notre stratégie de vaccination. Tout cela est compliqué car derrière cette opération, il y a un énorme enjeu industriel et économique pour les laboratoires pharmaceutiques. Ils ne doivent pas surproduire, mais en même temps, ils ne pensent qu’à augmenter leur production et être en capacité de fournir plus que prévu pour être meilleurs que leurs concurrents. Il devrait aussi y avoir d’autres vaccins, comme celui de Janssen qui arrive. Cette course entre les industriels est plutôt favorable : les intérêts économiques de la mondialisation vont dans le même sens que les intérêts de santé publique. Il y a une communauté d’intérêts complètement alignés, c’est assez rare et c’est plutôt rassurant. »

 

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© Shutterstock / GoldenShrimp

 

EJG : En parallèle de la campagne de vaccination, la population doit-elle continuer à se faire dépister ?

Benoît Elleboode : « Au 21 mars, 53 798 tests PCR ont été réalisés depuis le début de la crise en Gironde, dont 2 996 positifs. Se faire dépister est plus nécessaire que jamais, tant que les gens ne sont pas vaccinés, notamment avec les variants, pour lesquels on sait qu’il existe une limite de l’efficacité des gestes barrières. La seule arme efficace contre eux, en dehors du confinement, c’est l’isolement. Et pour s’isoler, il faut se tester. D’ailleurs, les auto-tests arrivent en supermarché. »

 

EJG : Jusqu’ici, la région Nouvelle-Aquitaine a été moins touchée que d’autres par cette pandémie. Comment l’expliquer ?

Benoît Elleboode : « Plusieurs facteurs se cumulent et on ne connaît pas exactement le poids de chacun : tout cela est encore assez théorique. Néanmoins, il semble tout d’abord que trois facteurs géo-démographiques rentrent en compte. Nous sommes une région avec une faible densité de population ; il y a un faible brassage de populations dans la région, contrairement à l’Île-de-France ou aux zones frontalières ; enfin, la région n’est pas très polluée. Or on sait que la pollution rend plus fragile le système respiratoire aux infections par les coronavirus.

On peut aussi prendre en compte le climat océanique, plus doux que les climats continentaux de l’Est. On constate aussi que les grandes villes sont généralement les foyers depuis lesquels l’épidémie démarre puis se répand. Dans notre région, il n’y a pas beaucoup de grosses métropoles. Et Bordeaux, qui est une ville plate et à la densité plutôt faible, a moins joué le rôle de foyer de contamination que de grandes métropoles comme Marseille ou Nice. »

Tandis que les courbes vont infléchir dans les départements soumis au confinement, les nôtres devraient continuer à monter. C’est mathématique

EJG : Quels autres facteurs ont pu intervenir ?

Benoît Elleboode : « Il y a d’autres facteurs, comme la discipline de la population, qui a plutôt bien respecté les gestes barrières. Il y a aussi l’unité totale, le discours aligné en Nouvelle-Aquitaine entre les services de l’État, les élus, la communauté médicale, la communauté scientifique et les médias. Enfin, dernier facteur important et qui joue pour nous, le premier cas de Covid en France était à Bordeaux. Donc on a commencé très tôt à prendre des mesures. Résultat : on a été touchés plus tard que les autres. On a toujours été en décalage et cela nous a permis de bénéficier plus tôt des mesures : quand les confinements se sont appliqués à Bordeaux, les indicateurs étaient plus bas que dans d’autres régions qui avaient justifié un confinement. Nous en avons donc bénéficié avec plus d’efficacité. C’est pareil pour le couvre-feu à 18 heures et la vaccination, nous en bénéficions à des niveaux d’indicateurs raisonnables. En revanche, maintenant que l’on prend des mesures territorialisées, cela pourrait être de nature à ce qu’on perde cette avance. Et tandis que les courbes vont infléchir dans les départements soumis au confinement, les nôtres devraient continuer à monter. C’est mathématique. »

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© Shutterstock / SydaProductions

Nous connaissons aujourd’hui une saturation des lits à l’hôpital psychiatrique de Bordeaux

EJG : Dans ce cas, la territorialisation des mesures est-elle une bonne chose ?

Benoît Elleboode : « C’est une très bonne chose, car il faut tenir compte de l’impact économique des mesures. On fait parfois une opposition entre la santé et l’économie. C’est un non-sens. D’abord parce que l’économie de la santé, c’est-à-dire la capacité à financer le système de santé, dépend de la santé de l’économie. Ensuite, dès qu’on regarde dans le temps, l’impact d’une dégradation de l’économie sur la santé est très fort. On a démontré que la précarité est un facteur qui entraîne des problèmes de santé, ce sont les inégalités sociales de santé.

S’agissant de la santé mentale, c’est pareil. D’ailleurs, nous connaissons aujourd’hui une saturation des lits à l’hôpital psychiatrique de Bordeaux. Cela ne signifie pas qu’il y a plus de gens qui ont des pathologies de santé mentale, mais que ceux qui en ont souffrent, et que certaines pathologies se révèlent.

Croire que l’on peut casser l’économie sans que cela ait un impact très négatif sur la santé, c’est une erreur. C’est pourquoi les mesures territorialisées sont importantes, car elles vont nous préserver à long terme des impacts négatifs d’une économie très touchée. En revanche, à court terme, elles ne nous protégerons pas d’une augmentation du taux d’incidence de l’épidémie de Covid. C’est toute la complexité de la gestion de cette crise : la modération, placer le curseur au bon endroit. Malheureusement, il n’y a aucune règle, c’est une crise inédite, on apprend au fur et à mesure. Par exemple, personne n’avait prévu les variants, qui ont complètement changé la donne. »

 

EJG : La région est-elle particulièrement touchée par les variants ?

Benoît Elleboode : « Nous sommes concernés par les variants comme partout ailleurs, mais en décalé. À la fin mars, nous étions à 85 % de variants, et même 91 % pour le variant anglais en Gironde. Et alors qu’on était sur une baisse de l’épidémie, comme le reste de la France, nous sommes désormais sur une remontée, comme le reste de la France avant nous. Car toutes les mesures, les masques, les gestes barrières, les protocoles sanitaires dans les commerces, la vaccination, les tests, l’isolement, etc. étaient des mesures adaptées pour inverser l’épidémie pour la souche d’origine, pas pour les variants. Comme je le disais, c’est un virus particulièrement coriace, autant que le VIH, par exemple. »

Avec la moitié de la population vaccinée avant l’été, nous devrions en sortir d’ici 2 ans

EJG : Pensez-vous que nous allons devoir vivre avec le Covid comme nous vivons avec le VIH ?

Benoît Elleboode : « Je ne suis pas scientifique, je suis médecin de santé publique. Mais ce virus est une première selon de nombreux aspects. Normalement, les coronavirus ne sont pas de nature à se chroniciser (même s’ils peuvent engendrer une maladie chronique), ils ont plutôt tendance à être saisonnier, comme la grippe. Donc on pourrait avoir un Covid qui revient chaque année avec une petite mutation, par exemple. On a aussi souvent vu des épidémies comme la grippe espagnole s’arrêter spontanément, sans qu’on sache vraiment pourquoi.

Quoiqu’il en soit, nous avons une arme extrêmement puissante qui est la vaccination. Et même si le virus mute, nous serons capables de très rapidement produire de nouveaux vaccins. Les laboratoires sont prêts, et puis ce sera l’objectif national, les pouvoirs publics pourront intervenir, faire sauter les brevets, etc. De plus, nous avons maintenant une technologie de pointe, les vaccins ARN, nous allons aussi améliorer le conditionnement, la conservation… L’homme est capable de prouesses technologiques. C’est pourquoi je ne suis pas inquiet dans notre capacité à vaincre ce virus, nous y arriverons, c’est une question de temps. Si aucun nouvel élément ne rentre en compte et avec la moitié de la population vaccinée avant l’été, nous devrions en sortir d’ici 2 ans. En revanche, je suis plus inquiet sur notre capacité à nous relever économiquement. »

 

FORTE POUSSÉE DU VIRUS EN GIRONDE

Les chiffres de circulation du virus publiés le 30 mars par l’Agence régionale de santé ne sont pas bons. Avec un taux d’incidence de 234/100 000 habitants et un taux de positivité de 5,9 %, la situation se dégrade rapidement en Gironde, après un net ralentissement début mars. La Nouvelle-Aquitaine reste malgré tout la dernière région métropolitaine à se situer sous le seuil des 60 % d’occupation des lits de réanimation par des patients Covid. Le CHU de Bordeaux a néanmoins annoncé le 25 mars l’ouverture de lits supplémentaires en réanimation et hospitalisation, et appelé à la poursuite des dépistages et surtout du respect des gestes barrières.

LES DÉPENSES COVID DE L’ARS NOUVELLE-AQUITAINE

335 millions d’euros versés aux établissements de santé en 2020 (74,9 millions d’euros en Gironde)

1,3 million d’euros de dépenses de masse salariale supplémentaires en 2020

500 000 euros de frais de personnels hors plafonds

 

Benoît Elleboode a pris ses fonctions de directeur de l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine en pleine pandémie, à l’automne 2020.

Les ARS ont été créées en 2010 de la réunion des services de l’État et des unions régionales des CPAM pour gérer la partie administration et politique de santé.

En Nouvelle-Aquitaine, l’ARS compte 12 délégations départementales.

BENOÎT ELLEBOODE : PARCOURS

Originaire du Nord de la France, Benoît Elleboode, 42 ans, dirige l’ARS Nouvelle-Aquitaine depuis octobre 2020. Diplômé de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand en Santé publique et médecine sociale, il débute sa carrière comme chargé de mission auprès de la ministre Roselyne Bachelot en 2009, avant de devenir conseiller médical d’ARS en Midi-Pyrénées, en Aquitaine, puis en Nouvelle-Aquitaine. Après un bref passage dans le privé entre 2018 et

2020 en tant que directeur de la stratégie et des relations médicales du groupe ELSAN, il propose sa candidature à la tête de la direction générale de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, en pleine crise sanitaire. « Je me suis dit que mon pays avait besoin de moi, c’était une occasion unique de servir véritablement les autres. Et puis je préfère mille fois être dans la position d’agir, d’avoir un impact sur cette crise », confie-t-il.

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