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Transports : le casse-tête du dernier kilomètre

La crise du Covid a accéléré la profonde transformation de la gestion de la logistique de livraison dans les villes, enjeu écologique, d'aménagement de l'espace urbain, et marché florissant.

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© Shutterstock

Avec l’explosion de l’e-commerce, la pandémie a mis l’accent sur le sujet déjà sensible de la logistique dite du dernier kilomètre : comment assurer les livraisons en centre-ville, auprès des particuliers et des commerces ? L’enjeu est écologique : en milieu urbain, le transport routier de marchandises contribue à hauteur de 15 % à 20 % des émissions de gaz à effet de serre, d’après l’Ademe, Agence de la Transition écologique. Il est également émetteur de polluants locaux dans des proportions importantes (40 % des émissions de NOx, oxydes d’azote, et 50 % des particules).

Mais la question est aussi économique : le marché du « dernier kilomètre » pèse 1,5 milliard d’euros, en croissance de 63 % ces cinq dernières années (Les Échos études, 2019). Pour les opérateurs, cette logistique représente environ 30 % du coût total de l’acheminement d’une marchandise ou d’un service. Par ailleurs, elle est soumise à des exigences fortes de la part des consommateurs : sept cyberacheteurs sur dix considèrent la livraison comme l’élément le plus important de leur achat. Or, 64 % d’entre eux déclarent avoir eu des problèmes, de retards notamment. Et près des trois quarts aimeraient se voir proposer un système de livraison écoresponsable, d’après une étude Ifop pour le groupe Star Service (2019). Résultat, depuis quelques années, les rues des métropoles voient se déployer des flottes de véhicules nouveaux, légers, plus écologiques, mais capables de transporter des poids importants, à l’image des triporteurs à assistance électrique. C’est le cas, par exemple, des 100 « Cargocycle® » de La Petite Reine, capables de transporter 180 kg, qui sillonnent les rues de la Capitale. Dans le secteur, des entreprises se développent, qui proposent des prestations de logistique du dernier kilomètre auprès de clients directs, ou en sous-traitance d’entreprises de transport, comme DHL. Pionnier, Star Service a été créé en 1987. L’entreprise, qui possède une flotte de 250 véhicules électriques et GNV (gaz), a atteint un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros, en 2018. Et de petites entreprises se déploient au niveau local : chaque mois, à Angers, K’liveo livre 14 000 colis avec ses 13 vélos équipés d’une remorque et ses deux camions électriques.

UN SUJET D’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Si l’offre commerciale s’adapte, les collectivités locales sont en première ligne, pour organiser les infrastructures nécessaires à ces nouveaux modes de livraison qui posent des problèmes logistiques complexes. Au premier rang desquels la nécessité de trouver des espaces de stockage intermédiaires, à proximité, voire, dans les villes mêmes. Dans ce domaine, la Communauté d’agglomération de La Rochelle fait figure de pionnière : dès 2001, elle a mis en place un centre de distribution urbaine (CDU), en bordure du cœur de la ville, dans le cadre de son plan de déplacements urbains (PDU). Les camions déposent sur cette plateforme de 700 m2 leurs marchandises à destination ou en provenance de la ville. Elles sont prises en charge par un exploitant unique disposant d’une flotte de véhicules électriques, qui assurent les livraisons. Et aujourd’hui, les projets se multiplient, mis en valeur par l’Ademe. À l’image de celui d’un quartier parisien de près de 200 000 habitants : il a établi une « halle multimodale » sur un ancien site ferroviaire, pour assurer l’approvisionnement des biens à destination des surfaces alimentaires et des magasins d’habillement, la gestion des colis pour les particuliers ou les entreprises. Ces derniers seront acheminés par train à partir de deux plateformes installées en périphérie, jusqu’à la « halle multimodale ». Ils sont ensuite livrés par des véhicules respectueux de l’environnement. Bénéfices environnementaux attendus : une réduction de 1 500 tonnes de CO2 émis.

COMMENT ASSURER LES LIVRAISONS EN CENTRE-VILLE, AUPRÈS DES PARTICULIERS ET DES COMMERCES ?

Autre exemple, cité par l’Ademe, celui d’une ville de Nouvelle-Aquitaine (75 700 habitants) qui a mis en place un centre de distribution urbain, en périphérie. La gestion a été confiée à une entreprise, via une délégation de service public. Le transport des marchandises, aux professionnels comme aux particuliers, est assuré par des véhicules électriques. Au total, le dispositif a permis d’éviter l’émission de 105 tonnes de CO2 depuis 2001. Et une diminution, dans la ville, du niveau sonore et de l’encombrement de la voirie, un enjeu de qualité de vie important pour les habitants.

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