Double coup dur pour l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Après deux mois de fermeture pour cause de confinement, l’annonce de la suppression de la navette entre Bordeaux et Paris-Orly a sonné le glas d’une année 2020 bien morose. « Notre activité est très inférieure à celle de l’an dernier à la même époque », se désole Pascal Personne, directeur de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, « nous sommes à 90 % de perte d’exploitation, avec une quarantaine de destinations qui sont en train de rouvrir jusqu’à début août, contre plus de 120 l’an passé. » Seule bonne nouvelle : les opérateurs gardent confiance dans la destination de Bordeaux. C’est Air France qui a ouvert la marche et qui a relancé la liaison avec Roissy-Charles-de-Gaulle dès le 11 mai, puis vers Lyon, suivie de près par KLM qui a relancé Amsterdam. En ce début de période estivale, les compagnies low-cost (principalement Volotea, Easy Jet, Ryanair) rouvrent leurs lignes vers l’Europe du sud : la Corse, la Grèce, l’Espagne et les Canaries, le Portugal, la Sardaigne… Pour l’Italie, seule Ryanair a rétabli pour l’instant des vols à partir de début août pour Rome, Naples, Bari ou Bergame. Certaines destinations sont d’ailleurs à confirmer, comme celles pour le Maroc, comme l’a précisé Pascal Personne, en raison de la crise sanitaire.
D’autres destinations en Europe sont aussi rétablies telles que Bruxelles, Genève ou Vienne. Montréal sera de nouveau accessible, avec Air Transat, à partir du 23 juillet. Seule nouveauté pour cet été 2020 : Luxair Airlines a lancé une ligne directe vers le Luxembourg depuis le 20 juin. « Les compagnies ont bien conscience qu’il faut rétablir la confiance », souligne Pascal Personne, « les consignes sanitaires sont strictement appliquées à Bordeaux, et dans la plupart des aéroports européens avec qui nous avons des règles communes. »
L’extension de billi gelée
Mais ces perspectives de reprise ne masquent pas pour autant le désarroi causé par l’arrêt de la navette pour Orly. « Nous avons été très surpris par cette décision brutale », indique Pascal Personne, qui rappelle qu’elle représente la 3e ligne de l’aéroport avec plus de 500 000 voyageurs par an. « Ce n’est pas une bonne nouvelle, qui s’ajoute à un redémarrage très lent ». Cette ligne a d’ailleurs un vrai sens économique car elle dessert toute la région nord-ouest de la métropole, à commencer par toutes les entreprises aéronautiques et industrielles. Pour l’instant, les autres lignes intérieures – Marseille, Nice, Lyon, Lille, Nantes – ne sont pas impactées, mais avec la restructuration d’Air France et de sa filiale Hop, rien n’est sûr pour l’avenir. Compte tenu de ces nouvelles moroses, certains travaux tels que la jonction entre les halls A et B, ainsi que l’extension du terminal billi sont en stand by. « Nous avons dû geler des programmes très ambitieux », reconnaît le directeur de l’aéroport. D’autres grands travaux sont maintenus : l’extension du hall A, avec des salles d’embarquement supplémentaires, l’aménagement du parvis et l’arrivée du tramway, avec Bordeaux Métropole, prévue pour 2022. Quant au vaste projet 45e parallèle, un grand pôle tertiaire et hôtelier face à l’aéroport, tous les voyants restent au vert : « Nous n’avons eu aucun signal négatif de remise en cause par Nexity qui assure la maîtrise d’ouvrage », affirme Pascal Personne. Après une décennie « fabuleuse de développement », l’aéroport de Bordeaux-Mérignac connaît un coup d’arrêt brutal : « Il est sûr qu’il faudra des années pour revenir au niveau de début 2020 », déclare Pascal Personne. « C’est un moment difficile, on va s’adapter. Il faut redonner de la confiance dans le transport aérien ».