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Vignoble bordelais : le défi climatique

La filière viticole se mobilise pour trouver des moyens d’adapter le vignoble aux impacts du dérèglement climatique. Depuis 2012, parmi les pistes envisagées, l’INRAE de Villenave-d’Ornon étudie le comportement de nouveaux cépages avec des résultats encourageants obtenus avec des cépages portugais. Nous avons rencontré Agnès Destrac Irvine, en charge de la coordination du projet VitAdapt, qui nous raconte les tenants et aboutissants de la « parcelle 52 ».

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Agnès Destrac Irvine © Atelier Gallien - Echos Judiciaires Girondins

Gel, sécheresse, feu de forêts, fortes températures… Le réchauffement climatique n’aura épargné personne depuis le début de l’année 2022. Les vignerons sont en première ligne face à ces épisodes climatiques extrêmes avec toujours la même question : comment adapter les vignobles ? Solutions naturelles, ou nouvelles technologies : tout le secteur de la vigne expérimente diverses pistes pour faire face à ces bouleversements. L’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement) a choisi l’expérimentation naturelle : le changement de cépage.

INTRODUIRE DES CÉPAGES ÉTRANGERS ?

Initié en 2007, le projet VitAdapt qui s’appuie sur l’expérimentation de la « parcelle 52 », a pour objectif d’étudier le comportement des cépages bordelais face à l’évolution du climat, mais aussi l’adaptation de cépages étrangers pour une éventuelle introduction dans le vignoble bordelais. « L’idée, c’était d’aller regarder des pays où la vigne est déjà contrainte, en température et en eau par exemple, de chercher des cépages connus qui produisent du bon vin et d’observer comment ils se comportent à Bordeaux », explique Agnès Destrac Irvine, ingénieur dans l’unité Écophysiologie et Génomique Fonctionnelle de la Vigne à l’INRAE et responsable du projet.

DES VINS MOINS QUALITATIFS

« L’effet néfaste du réchauffement climatique concerne la qualité de la grappe de raisin. » Le vin perd en qualité, et c’est une des raisons qui ont poussé les chercheurs à aller chercher des cépages au-delà des frontières. Avec les fortes températures, l’acidité est rapidement dégradée et le raisin contient plus de sucre. Lorsque le jus de raisin fermente, le sucre se transforme en alcool : le degré des vins augmente. « Par exemple, le merlot qui est un cépage majoritaire à Bordeaux, a pu produire des vins allant jusqu’à 17 degrés », poursuit Agnès Destrac Irvine. Pour la chercheuse, les méthodes qui consistent à enlever le sucre ou l’alcool impactent également l’acidité et les arômes et par conséquence le vin perd en goût.

L’effet néfaste du réchauffement climatique concerne la qualité de la grappe de raisin

DOUBLE PEINE POUR LE MERLOT

« La vigne en elle-même, la plante, a une très forte capacité de résistance et d’adaptation. C’est une chose positive pour le viticulteur qui pourra continuer à la cultiver malgré l’élévation des températures. Le risque à ce jour concerne la qualité du vin, et c’est sur ce point qu’il va falloir mettre l’accent si nous voulons continuer à produire de bons vins », précise la responsable du projet. Les cépages bordelais, et particulièrement le merlot, sont concernés par cette problématique. Avec le changement climatique, le cycle de la vigne est décalé et les vendanges sont également plus précoces : « c’est une doub…

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