Les manifestations d’agriculteurs sur tout le territoire national en témoignent : le monde agricole vit une crise profonde. Parmi leurs principales difficultés, un revenu moyen trop faible en regard de coûts de production qui ne cessent d’augmenter. En Gironde, où le secteur employait plus de 50 000 personnes en 2022, dont 80 % dans la viticulture, 70 % des agriculteurs avaient des revenus annuels nets en dessous du Smic (16 236 euros), selon la Mutualité sociale agricole (MSA). En 2021, 34 % déclaraient même un revenu négatif.
À cela s’ajoutent deux enjeux de taille : le renouvellement générationnel des agriculteurs, dont plus de la moitié partira à la retraite dans les 10 prochaines années. Et la transition agroécologique, rendue nécessaire pour maintenir notre souveraineté alimentaire. À Bordeaux, 3 start-ups se sont saisies de la question et ont imaginé de nouvelles manières de financer d’une part l’installation des agriculteurs et d’autre part l’accompagnement à la mise en place de pratiques agroécologiques.
Fermes en vie : la foncière agricole
C’est le cas de Fermes en Vie (Feve), cofondée en 2020 par Marc Batty, Simon Bestel et Vincent Kraus, deux ingénieurs agronomes et un polytechnicien, tous trois ayant précédemment été chefs d’entreprise. Reposant sur « une foncière qui facilite l’installation de porteurs de projet en agroécologie, Feve achète des fermes pour les mettre à leur disposition à la location avec option d’achat », explique Vincent Kraus, cofondateur et directeur général de Feve. Cette foncière se finance principalement par l’épargne citoyenne des particuliers, mais aussi avec quelques investisseurs institutionnels, dont la Banque des territoires et un fonds du Crédit Mutuel. Ces derniers pèsent 1 million d’euros sur les 13 millions collectés par Fermes en vie, qui ont déjà permis de financer l’achat de 16 fermes, représentant 1 200 ha dans la moitié ouest de la France et 27 agriculteurs et agricultrices accompagnés.
L’objectif de l’entreprise étant d’arriver rapidement à une cinquantaine de fermes financées chaque année. Se considérant comme un « tiers de confiance entre les investisseurs et les agriculteurs qui ont besoin d’être financés », Feve propose « un placement à impact social et environnemental ; peu risqué, le prix des terres agricoles étant peu volatile ; et générant une rentabilité financière importante, l’agrément ESS de Feve offrant une réduction d’impôt de 25 %. Avec la contrepartie de garder les titres pendant au moins 7 ans », détaille Vincent Kraus. Soit la durée nécessaire aux agriculteurs pour commencer à rentrer dans leurs frais, et ainsi pouvoir exercer leur option d’achat.
Outils et contenus
L’entreprise porte une attention forte à la viabilité économique des projets qu’elle soutient, mais aussi à leur aspect agroécologique. « Notre charte agroé…