Echos Judiciaires Girondins : Quel bilan faites-vous de votre activité globale en 2021?
Laurence d’Halleine : « Nous avons vécu une année dynamique, marquée par de belles opérations, notamment, dans le domaine de la transmission avec le dossier Vistalid (services aux entreprises, conception de sites internet, 10 millions d’euros de CA), et de la croissance externe, avec l’acquisition d’Oslo Business & IT Services par Syxpériane (services logiciels, leader de l’intégration Divalto, revenus de 25 millions d’euros après opération).
Nous avons réalisé une opération cross-border avec la cession de la société IConcept
Nous avons également réalisé une opération cross-border avec la cession de la société IConcept (resseller Apple, 12 points de vente, 70 millions d’euros de chiffre d’affaires) au groupe italien C&C Apple Premium Reseller (42 points de vente, 270 millions d’euros de revenus), dans le cadre de sa stratégie de pénétration du marché français. »
EJG : Alienor Partners était identifié comme un cabinet d’accompagnement à la levée de fonds, or il semble que vous avez équilibré vos différentes activités entre cessions, transmissions et levées de fonds précisément ? Comment vous positionnez-vous ?
Laurence d’Halleine : « Brice Thébaud et moi-même avons créé le cabinet Alienor Partners en 2010, après une expérience cumulée de 25 ans sur les marchés financiers (Bourse de Paris) en tant qu’analystes-actions, rodés aux opérations capitalistiques. À notre arrivée, le segment de la levée de fonds (N.B. : structuration / ingénierie d’entrée de nouveaux capitaux pour accélérer le développement – actions et dette bancaire) était encore peu travaillé dans le Sud-Ouest. Progressivement, nous avons étendu notre activité vers la cession et la transmission. Aujourd’hui, nous comptons deux associés supplémentaires (Ludovic Richard et Kevin Peyrot) et restons fidèles, à notre métier historique, qui ne représente toutefois plus qu’un tiers de notre activité. La transmission représente aujourd’hui 1/3 de nos revenus, comme la cession. »
EJG : Le monde connaît depuis 2 ans une pandémie sans précédent qui a impacté toute l’économie mondiale. Comment avez-vous vécu cette période pour votre activité ?
Laurence d’Halleine : « Comme tout dirigeant d’entreprise et entrepreneur, nous avons été inquiets pour notre activité et notre cabinet lors du premier confinement. Toutefois, habitués à travailler avec beaucoup de flexibilité, nous avons continué nos activités et avons réussi à boucler des opérations sur cette période (cession de Soflac, levée de fonds de Réseau C&S alias City Zen, City Pro). Aussi, notre activité a été soutenue et elle le reste actuellement en sortie de crise.
J’y vois plusieurs facteurs, dont la meilleure connaissance de nos métiers par les chefs d’entreprise, notamment en Région Nouvelle-Aquitaine, notre zone d’activité historique. L’accompagnement dans le cadre d’opérations de haut-de-bilan par des professionnels spécialisés est, en effet, aujourd’hui de plus en plus pratiqué et sous-tend structurellement notre croissance. Cet accompagnement permet aux chefs d’entreprise d’optimiser la valorisation de l’opération, sa confidentialité, et la qualité de son exécution. C’est un process qui doit être anticipé, préparé et piloté. »
La crise du Covid a plutôt été un facteur structurant des questions relatives aux opérations de haut-de-bilan
EJG : Diriez-vous que la crise du Covid a été un accélérateur d’opportunités pour les entreprises que vous accompagnez notamment dans les cessions et les acquisitions ?

Laurence d’Halleine, Associée-fondatrice Alienor Partners – Bordeaux © Atelier Gallien – Echos Judiciaires Girondins
Laurence d’Halleine : « Je dirais que la crise du Covid a plutôt été un facteur structurant des questions relatives aux opérations de haut-de-bilan. Ces questions se seraient posées, elles l’ont été certainement posées plus tôt. Certains dirigeants ont vu la nécessité de s’adosser à « plus grand », après une période de difficultés à surmonter, tant sur l’organisation des équipes (télétravail, cas Covid) que sur les approvisionnements (hausse du coût du transport notamment). Les résultats de ces efforts ont souvent été payants, mais à quel prix ! D’autres ont vécu la brutale réalité que leur société, souvent l’essentiel de leur patrimoine, pouvait valoir beaucoup moins que ce qu’ils pensaient, et les a conduit à lancer des process de cession totale ou partielle. D’autres dirigeants, en revanche, ont souhaité poursuivre la consolidation de leur activité, voire accélérer sa progression par des opérations de croissance externe. La reprise en K que nous pouvons constater conduit également certaines sociétés disposant de liquidités importantes (souvent avec les PGE) à mener des opérations de croissances externes sur des cibles fragilisées. »
EJG : Pouvez-vous nous citer quelques exemples de belles opérations que vous avez finalisées en 2021 ?
Laurence d’Halleine : « Nous sommes fiers d’avoir accompagné les actionnaires de Vistalid dans la cession de leur entreprise à deux de leurs managers. Nous avons structuré l’opération de financement avec le fonds d’investissement parisien Trocadéro Capital pour la partie « capital » et « mezzanine », et Crédit Agricole Mutuel d’Aquitaine, Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique et Crédit Agricole Mutuel Pyrénées Gascogne pour la dette senior.
J’ajoute également notre relation historique avec le dirigeant de Syxpériane, que nous accompagnons depuis 5 ans. Laurent Fleury nous sollicite systématiquement pour ses opérations de croissances externes. Notre cabinet l’a accompagné dans l’identification de cibles, la prise de contact puis, en 2021, dans l’ensemble du process d’acquisition de la société Oslo (négociation, financement). L’opération a été financée par un investissement de son dirigeant, suivie par ses équipes de managers, de son actionnaire historique Odyssée Venture et d’un pool bancaire composé de LCL, Banque Populaire du Nord et BNP Paribas. »
Nous avons actuellement plus de 20 opérations en cours et plusieurs prospects significatifs
EJG : Quelles perspectives de développement voyez-vous pour 2022 ?
Laurence d’Halleine : « Nos projets sont nombreux : nous ouvrons un bureau à Marseille, après avoir identifié des opportunités et des compétences pour donner l’impulsion. Nous poursuivons les recrutements avec l’arrivée de deux nouveaux collaborateurs sur le second trimestre. Nous avons actuellement plus de 20 opérations en cours et plusieurs prospects significatifs. Nous continuons à chercher à nous structurer davantage dans l’Ouest (Nantes, Rennes) et l’Est (Lyon).
Plus généralement, notre marché est encore bien orienté. Toutefois, les hausses de taux américaines, l’inflation, et potentiellement les hausses de taux européennes vont amener des incertitudes qui peuvent potentiellement renchérir le coût de financement, faire baisser les multiples de valorisation. Le moment est encore bon pour lancer des opérations de cession/ acquisition, réorganisation de capital, levée de fonds mais la fenêtre peut se refermer fin 2022. »
EJG : Et pouvez-vous évoquer quelques dossiers sur lesquels vous travaillez ? Quels secteurs d’activités ?
Laurence d’Halleine : « Le deal flow reste articulé autour de nos trois métiers : levée de fonds, cession et transmission. Les dossiers en cours interviennent sur les secteurs de la distribution, la santé, la défense et la formation, notamment. Nous sommes un cabinet de quatre associés à rayonnement national et européen. Nous revendiquons notre indépendance, afin de servir au mieux l’intérêt de nos clients, et sommes confiants pour les périodes à venir. »
ALIENOR PARTNERS EN BREF
Créé en 2010, Alienor Partners est un cabinet de conseil en fusions-acquisitions, basé à Bordeaux, Angoulême et Paris, qui accompagne les chefs d’entreprises dans les enjeux relatifs à leur capital : cession-transmission, acquisition, levée de fonds et réorganisation du capital. Composé de 8 professionnels aux expériences et compétences complémentaires, Alienor Partners figure dans le Top 10 des banques d’affaires indépendantes. Laurence d’Halleine en est l’un des deux associés-fondateurs avec Brice Thébault.