Couverture du journal du 12/04/2024 Le nouveau magazine

Coronavirus – French Tech Bordeaux fait front

Le contexte est particulièrement difficile pour les jeunes entreprises, qui restent malgré tout mobilisées pour proposer leurs solutions, avec le soutien de French Tech Bordeaux.

Philippe Métayer

Philippe Métayer © Glwadys Le Moulnier

L’enthousiasme semble jusqu’ici intact, malgré des difficultés bien réelles. « Le vrai sujet pour les entreprises, c’est la trésorerie, il faut pouvoir payer les charges », prévient d’emblée Cyril Texier, président de French Tech Bordeaux et cofondateur de la société Dydu. Il devient alors délicat pour les start-ups, par définition de jeunes entreprises dont la pérennité est le plus souvent assurée par leur capacité à lever des fonds, de résister dans le contexte actuel. « Les entreprises dont les produits sont en SaaS (sur abonnement, NDLR) ont plus de chances que les autres. En revanche, celles qui étaient en phase de cash-burning, qui dépensaient après une levée de fonds sans avoir de modèle économique clair, doivent ralentir pour survivre », prévient-il. 

Et même si les start-ups ont pour la plupart pu se réorganiser en télétravail (qui concerne « 98 % des entreprises du secteur numérique » selon une enquête du Syntec Numérique) ou avoir recours au chômage partiel (c’est le cas des deux tiers des entreprises du numérique), elles doivent faire face à une baisse d’activité généralisée, appuyée par l’annulation d’événements importants à Bordeaux, comme le sommet Afrique-France, la RoboCup ou Naïa. « Cela oblige à sécuriser ce qui fait vivre, ce qui est concret, et donc à freiner l’innovation. Tous les plans associés aux levées de fonds sont freinés, en particulier les recrutements », regrette Cyril Texier.

Tous les plans associés aux levées de fonds sont freinés, en particulier les recrutements

80 start-ups mobilisées

Heureusement, l’écosystème peut compter sur le gouvernement, qui a annoncé 4 milliards d’euros d’aides à destination des start-ups. Certaines parviennent toujours à lever des fonds, comme la girondine Toopi Organics, qui a bouclé en mars un tour de table de plus d’un million d’euros pour transformer l’urine humaine en biofertilisant pour l’agriculture. « Et celles qui proposent des outils de télétravail explosent », se réjouit Cyril Texier. Pour les accompagner, « French Tech Bordeaux continue d’animer l’écosystème avec des newsletters, des webinaires proposant les conseils d’entrepreneurs et d’institutionnels, pour présenter les aides et rassurer les chefs d’entreprises… », détaille son président. 

« On glane les informations pour les véhiculer et les clarifier, nous sommes un point d’entrée unique pour que l’entrepreneur ne soit pas perdu. C’est tout le concept de notre service French Tech Central, dont la sortie a été décalée au mois de juillet », précise-t-il.

Mais c’est surtout sur le dynamisme de ses membres que l’écosystème peut compter. « 80 start-ups locales sont mobilisées pour proposer leurs services », assure Cyril Texier. Dès le début du confinement, French Tech Bordeaux a lancé un appel à projets pour répertorier les solutions des entreprises innovantes dans les domaines de l’éducation, de la santé, à destination des aînés, des entreprises, des commerçants… « Cela permet de mettre en avant les start-ups, qui en ont besoin, tout en répondant aux besoins des acteurs de terrain qui n’étaient pas identifiés avant », précise Philippe Métayer, directeur général de l’association, qui se fait aussi le relais d’opérations comme cet appel au don d’ordinateurs au profit d’Emmaüs Connect. « Nous continuons de jouer le rôle de facilitateur, d’accélérateur de mise en relation pour développer l’activité des entreprises », conclut-il. Et elles en ont bien besoin.