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Bordeaux télétravail : les promesses de DONE

Le serial entrepreneur bordelais Gilles Raymond a créé avec une partie de l’ancienne équipe de News Republic une application de messagerie instantanée multifonctions, idéale pour le télétravail. Deux mois après son lancement, son nombre d’utilisateurs explose.

Bordeaux le 18 juin 2018 Gilles Raymond, lance une plateforme dÈdiÈe aux lanceurs d'alertes

Communiquer, monter des réunions, gérer une liste de tâches, partager des fichiers. Voilà les quatre actions que l’on répète quotidiennement sur un ordinateur professionnel, et que l’application Done permet de réaliser instantanément, dans une même interface de messagerie. L’idée pouvait sembler évidente. En ces temps de confinement et de télétravail généralisés, elle s’avère lumineuse. Et c’est un serial entrepreneur girondin qui en est l’origine. Gilles Raymond a créé Done en 2018, seulement 2 ans après s’être séparé de News Republic, l’agrégateur d’informations qu’il a dirigé durant 8 ans et vendu au chinois Cheetah Mobile, pour 57 millions de dollars. Après une courte pause sabbatique, il lance en 2017 la fondation The Signals Network, qui s’est donné pour mission de financer des enquêtes journalistiques internationales et de protéger les lanceurs d’alerte.

Mais une autre idée germe déjà dans la tête de ce dirigeant hyperactif. Lors de son passage chez Cheetah Mobile, Gilles Raymond découvre les joies de l’instant messaging professionnel sur WeChat, le WhatsApp chinois. « J’ai vite compris que c’était un outil idéal pour l’entreprise », se souvient-il. Selon lui, l’avantage de la messagerie instantanée est triple par rapport à l’e-mail : « on peut créer des groupes de travail très facilement avec des gens en interne comme en externe ; le temps de réactivité est de l’ordre d’une ou deux heures (contre un ou deux jours pour les mails) ; enfin, il n’y a pas de spam ». Et comme il y a déjà 2,5 milliards d’utilisateurs d’instant messages dans le monde, « je me suis dit qu’il fallait transférer cet usage au monde professionnel », confie celui qui fut aussi, en 1998, l’un des fondateurs d’In Fusio, pionnier mondial des jeux téléchargeables sur mobile. 

Expérience utilisateur simplifiée

Entouré d’une partie de l’ancienne équipe de News Republic, qui le suit depuis une quinzaine d’années, Gilles Raymond concrétise son nouveau projet. C’est à Bordeaux qu’il prend vie, « car il n’y a pas de meilleur pays que la France dans le monde pour lancer une boîte dans la tech », et car c’est là que se trouve le cœur de son équipe, « la valeur la plus importante pour une entreprise », selon le dirigeant. Ensemble, ils créent une application professionnelle basée sur la messagerie instantanée, puis au fur et à mesure, la simplifient jusqu’à tout intégrer directement dans le chat :
« Nous avons fait en sorte que l’expérience soit complètement fluide pour les utilisateurs », assure Gilles Raymond. Done permet ainsi de créer un groupe sur un sujet, et à l’intérieur de chatter, puis avec un simple swipe (glissement) vers la gauche d’assigner les tâches dans des to-do lists, de caler des réunions dans les agendas partagés, et de partager des fichiers. En revanche, il n’est pas encore possible de communiquer en vidéo, mais cette fonctionnalité devrait être ajoutée ultérieurement.

L’application, qui existe également sous forme d’extension web, cible les entreprises de moins de 250 salariés. Sa mise en place ne nécessite pas d’infrastructure technique, « aucun investissement massif, ni aucune compétence technique particulière », assure Gilles Raymond. Done est gratuite, et proposera à terme des fonctionnalités avancées sur abonnement, comme la possibilité de gérer l’accès des utilisateurs aux groupes de travail. Cette idée, Gilles Raymond l’a également puisée dans son expérience chinoise : « Lorsque j’ai quitté Cheetah Mobile, on ne m’a demandé de partir du groupe « Top Management » dans WeChat qu’au bout de 3 semaines ! », confie-t-il. 

Gros coup d’arrêt

Côté financements, après avoir obtenu 350 000 euros de la BPI et de la Région Nouvelle-Aquitaine, et levé 500 000 dollars auprès de business angels de la Silicon Valley, notamment « le patron des fusions-acquisitions de Linkedin, ou un senior product owner de Google », Done était en train de préparer une seconde levée de fonds lorsque la crise liée au coronavirus a éclaté. « Tout a pris un gros coup d’arrêt », reconnaît Gilles Raymond, actuellement confiné aux États-Unis, où il réside la moitié de l’année, et où il était aussi en contact avec Google et Apple pour monter des partenariats. Pour le moment, « Done est sécurisée, mais elle reste une start-up dépendante de sa capacité à lever des fonds », prévient l’entrepreneur, pour qui la crise n’a pas eu que des conséquences négatives. Début avril 2020, seulement deux mois après son lancement, l’application réunissait déjà 3 000 utilisateurs, « sans rien faire, les campagnes marketing n’ont pas commencé ! », se réjouit Gilles Raymond. Un démarrage à point nommé pour cette solution qui simplifie le télétravail des petites et moyennes entreprises.