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Gracieuse Lacoste : juge avant tout

Très investie auprès de ses juridictions, la première présidente de la Cour d’Appel Gracieuse Lacoste reste une juge auprès de ses pairs.

C’est une femme du Sud-Ouest. Elle est née et a grandi dans le Pays basque – à Saint-Jean-Pied-de-Port -, a fait ses études à Bordeaux et l’essentiel de sa carrière entre Dax, Biarritz, Bayonne, Bordeaux, Pau puis Poitiers. En 2015, elle est nommée présidente de la cour d’appel de la Réunion avant de revenir à Bordeaux en 2018. « Un parcours à la fois classique », commente Gracieuse Lacoste, « j’étais spécialisée mais j’ai eu aussi cette polyvalence entre civil et pénal qui est une excellente formation et vous oblige à vous remettre en cause ». Ce sera une force pour la suite pour cette magistrate que l’on présente comme « énergique et innovante ». Le choix de la magistrature, elle l’explique pour « avoir la décision, avoir plus d’impact ».

De ses années d’étudiante quelle a adorées, elle reste marquée par les cours du sociologue Philippe Robert qui enseignait la sociologie criminelle, « une nouvelle manière d’aborder le droit ». Elle se souvient aussi de Jacques Ellul : « il réfléchissait déjà sur la technique et les limites ». Sur ces questions, elle reste prudente : il y a des contentieux types avec des questions récurrentes. « Mais la problématique de la Justice est d’être toujours unique. Il revient au juge d’appliquer la loi au cas d’espèce », souligne-t-elle. Avant de revenir à Ellul : « Les legaltechs, c’est la puissance de l’outil, mais cela pose le problème de la transparence des algorithmes ». En tant que première présidente de la cour d’appel, elle assure l’interface entre les ministères et ses juridictions. « Une chef de cour se déplace beaucoup, doit parfaitement connaître ses juridictions pour les défendre », assure-t-elle. Elle a un devoir de bonne gestion des deniers publics, organise le tableau de roulement. Elle conserve surtout des pouvoirs juridictionnels, remplace ses collègues et préside les audiences solennelles. « Je reste juge avant tout. » Enfin, elle doit aussi être porteuse d’une vision de la Justice. Les moments forts de sa carrière restent la présidence des assises : « c’est une énorme responsabilité de composition de l’audience, cela passe par l’oralité ». Mais elle se souvient également des mises sous tutelle ou encore des affaires familiales. « Il n’y a pas de petite affaire pour ceux qui passent devant nous », conclut-elle. Pour eux, c’est l’affaire de leur vie. »