« Nous sommes désormais un industriel de premier plan. » Tout sourire et entouré des 150 employés de l’entreprise venus des quatre coins du monde, Damien Havard, fondateur et président d’HDF Energy, a inauguré son usine flambant neuve de piles à combustible hydrogène de forte puissance, le 30 mai dernier, à Blanquefort.
Symbole du renouveau de l’ancien site industriel Ford, elle est surtout celui de la réindustrialisation du territoire régional, national et européen. « Ce projet a été très soutenu et nous en sommes très heureux », a assuré Damien Havard, qui a tenu à remercier l’ensemble des parties prenantes. Et tout d’abord les politiques qui se sont engagés à ses côtés, dont le président de la République et le Premier ministre. Mais aussi « le président du Conseil régional Alain Rousset, qui a porté personnellement notre projet industriel. La maire de Blanquefort, Véronique Ferreira, et la présidente de Bordeaux Métropole, Christine Bost, qui nous ont soutenus dans le cadre de l’AMI pour l’acquisition du terrain. Ainsi que la députée Pascale Boyer, présidente du groupe d’étude Énergie et hydrogène à l’Assemblée nationale, qui soutient la filière », tous et toutes présents pour l’occasion.
Financement PIIEC
Avec son design moderne, sa toiture photovoltaïque, sa structure sans poteaux intérieurs permettant aux postes de pouvoir évoluer, l’usine d’HDF Energy « illustre l’industrie et la modernité. Nous voulions une vitrine pour notre activité très technologique », a continué Damien Havard.
Représentant un investissement initial de 20 millions d’euros, accompagné par les partenaires financiers du groupe entré en Bourse en 2021, dont les industriels Rubis et Teréga Solutions, l’usine et le projet HDF Industry dans son ensemble vont également bénéficier d’un soutien public d’envergure. « Nous venons de recevoir la validation de la Commission européenne pour recevoir une subvention dans le cadre du programme PIIEC hydrogène Hy2Move (Projet important d’intérêt européen commun, NDLR) », annonce Damien Havard, actionnaire majoritaire d’HDF Energy.
Avec à la clé un financement de l’État français sur 7 ans qui pourrait dépasser la centaine de millions d’euros. Et qui devrait permettre à l’entreprise de démarrer dès 2025 la phase de présérie et la plateforme de test des piles, pour une capacité de production de 100 MW par an représentant plus de 100 emplois sur site. Avant d’entamer en 2026 la production en série des piles, avec l’objectif de produire dès 2030 1 GW par an, représentant plus de 500 emplois sur site et un millier d’emplois indirects.
Emplois
« Le plus important en accueillant ce nouvel industriel sur notre territoire, c’est bien sûr l’emploi », a insisté Véronique Ferreira, la maire de Blanquefort, qui a par ailleurs confirmé que l’autre partie du site de l’ancienne usine Ford serait reprise par Axtom. Occupant 7 000 m2 sur un terrain de 4 ha, le bâtiment imaginé par le cabinet d’architecture bordelais Patriarche a déjà mobilisé pour sa construction 25 entreprises locales pendant 14 mois, sans compter les prestataires sollicités pour l’aménagement.
L’usine d’HDF Energy devrait également permettre de développer un tissu industriel important avec des sous-traitants et fournisseurs locaux. « Notre objectif est de constituer une chaîne d’approvisionnement située à 70 % en local et en Europe », a expliqué Hanane El Hamraoui, directrice industrielle d’HDF Energy, qui a décrit le déroulé de ce projet en 2 étapes : « nous avons d’abord développé un produit, les piles à combustibles de technologie PEM (membrane à échange de protons) dont nous avons travaillé la maturité technologique des sous-composants. Puis le processus d’industrialisation, inspiré du modèle aéronautique : comme pour un avion, nous posons le container (d’une longueur de 12,2 mètres, sur une largeur de 2,4 m pour une hauteur de 2,9 m) qui doit accueillir la pile et les équipes travaillent autour ».
Trois marchés cibles
« Cette usine sera le cœur de la filière hydrogène en France, mais il faudra encore construire tout le reste. HDF représente l’industrie du futur et la décarbonation », a assuré, quant à lui, le président du Conseil régional, Alain Rousset. Un marché « dont le potentiel représente plusieurs dizaines de milliards d’euros », a estimé Damien Havard.
Imaginée au départ pour fournir les piles des centrales à hydrogène alimentant les réseaux électriques publics qu’HDF installe partout dans le monde, et « qui représentent actuellement 5 milliards d’euros de projets sur les 5 continents », précise Damien Havard, l’usine produira également des piles dédiées à la décarbonation du transport lourd. Maritime, d’une part, et ferroviaire d’autre part, en remplacement des moteurs diesel des paquebots et des locomotives de fret (un marché mondial évalué à plus de 100 milliards de dollars).
À terme, cette activité industrielle devrait représenter la majorité du chiffre d’affaires d’HDF Energy (de 3,9 millions d’euros en 2023), qui a également installé son siège social et son pôle R&D à Blanquefort. « Avec cette usine, nous allons devenir un acteur mondial qui façonnera un monde plus propre et plus durable », espère Damien Havard.