Dans un contexte de baisse des projets d’investissement étrangers en Europe (-4 %), la France parvient à conserver sa place de leader européen, selon le Baromètre EY de l’attractivité de la France 2024 (1). Si le nombre de projets est en recul de 5 %, avec 1 194 projets d’investissements directs étrangers (IDE) en France, concernant plus de réinvestissements que d’implantations ex nihilo, le nombre d’emplois générés, lui, est en hausse, avec 35 emplois créés par projets. Mais reste sous les moyennes britannique (61 emplois créés par projets) et allemande (49 emplois).
« Les atouts indéniables de la France sont la qualité de sa main-d’œuvre et de ses infrastructures », note Yannick Cabrol, senior manager EY en charge des études économiques. Son économie très diversifiée permet à la France de tenir la position de leader sur 11 des 15 secteurs analysés. « Nous devrons être vigilants pour maintenir cette compétitivité hors coût, en préparant l’avenir et en travaillant en creux sur nos faiblesses », estime-t-il.

Yannick CABROL, senior manager EY en charge des études économiques. © EY
Inquiétudes
Talonné par le Royaume-Uni, l’Hexagone pourrait en effet perdre la place de leader européen qu’il occupe depuis maintenant 5 ans, s’il ne parvient pas à rassurer les investisseurs étrangers, qui sont 76 % à estimer que l’attractivité de la France devrait s’améliorer dans les 3 ans à venir. « Les principales inquiétudes concernent le coût de l’énergie (l’enquête ayant été réalisée dans une période de tensions géopolitiques et de hausse des prix) ; le coût du travail ; la disponibilité du foncier ; et la disponibilité de la main-d’œuvre, le taux de chômage étant historiquement bas en France, autour de 7,5 %. Le plein-emploi est d’ailleurs le problème de l’Allemagne, où les projets d’investissements étrangers ont baissé de 12 % en 2023 », remarque Yannick Cabrol. Avec un rebond historique des projets industriels (+44 %) et une augmentation des projets liés à la décarbonation de l’énergie, « la France devra faire en sorte que les projets d’IDE soient utiles à notre politique économique, notamment en matière d’aménagement du territoire », prévient-il.
Fin de « l’effet Bordeaux »
Dans ce contexte, et tandis que 5 régions françaises figurent dans le Top 15 européen, la Nouvelle-Aquitaine pointe à la 7e place des projets d’IDE en France, avec seulement 65 projets en 2023, qui devraient néanmoins permettre de créer 1 662 emplois. « On note un reflux plus important des projets d’investissement (-35 %) en Nouvelle-Aquitaine que dans les autres régions (-5 % au national), en raison d’un effet Bordeaux post-covid et d’un retour au niveau d’attractivité de 2019 », constate Yannick Cabrol.

Edouard MAS, associé EY Nouvelle-Aquitaine. © EY
« La Nouvelle-Aquitaine est victime de son succès. Son attractivité a longtemps reposé sur la qualité de vie qu’elle offre. Mais la disponibilité de la main-d’œuvre est faible et il est difficile de pénétrer son tissu économique composé de PME et d’ETI pour une entreprise étrangère. D’autre part, la culture est plus agricole qu’industrielle, notamment en Gironde », analyse Édouard Mas, associé EY à Bordeaux. « La part des projets industriels est faible en Nouvelle-Aquitaine car il existe une tension sur le foncier dans Bordeaux Métropole. Or les infrastructures ne sont pas adaptées à l’industrialisation et à la création d’un grand nombre d’emplois dans les autres territoires néo-aquitains », poursuit Yannick Cabrol.
« La réorientation de l’économie vers la décarbonation est un élément important de l’attractivité de la Nouvelle-Aquitaine »
Atout « green »
La Nouvelle-Aquitaine reste malgré tout bien positionnée, avec un taux de chômage faible et une économie particulièrement diversifiée, attirant des petits projets générant en moyenne 25 emplois. La région pourrait tirer son épingle du jeu dans les années à venir grâce à son appétence pour le « green », sur les sujets d’énergie verte notamment. « La réorientation de l’économie vers la décarbonation est un élément important de l’attractivité de la Nouvelle-Aquitaine, avec de belles sociétés en devenir telles que Materrup ou Toopi Organics, qui seront les acteurs de demain de cette économie green », assure Édouard Mas.
La région devra également relever le défi de la montée en compétences sur les métiers d’avenir, tels que l’énergie et les transports décarbonés, ou encore l’industrie. « La disponibilité des techniciens qualifiés sera l’enjeu-clé de l’attractivité de la Nouvelle-Aquitaine, qui a de gros efforts à mener sur la formation », conclut Yannick Cabrol.
(1) Le Baromètre 2024 EY de l’attractivité de la France repose sur le recensement exhaustif des projets d’investissements étrangers annoncés en 2023 en France et en Europe, réalisé par EY European Investment Monitor ; ainsi que sur une enquête réalisée auprès de 204 décideurs internationaux réalisée en février et mars 2024.