Échos Judiciaires Girondins : L’intelligence artificielle c’est une chance ou une contrainte pour le barreau ?
C.L. et J.D. : « C’est une chance à laquelle il faut se préparer. Préparer nos confrères, nos ordres, c’est le but de cet atelier, pour pouvoir prompter le mieux possible, pour que ce soit une aide à la consultation, à l’analyse juridique, sans paranoïa. Il faut l’utiliser, se former, s’approprier l’outil et le maîtriser. Il y aura une grande transformation de notre métier, c’est ce qui fait peur. Certains craignent que ça remplace des collaborateurs. Ces craintes doivent être dépassées car on a toujours besoin d’un recours humain. Les collaborateurs ont commencé à tester sur des tâches subalternes, sans réelle plus-value, et cela permet d’améliorer leur productivité. Très certainement que les avocats monteront sur des tâches à très forte plus-value, avec des recherches via l’IA. »
EJG : Un outil à bien maîtriser car l’atelier a montré des cas de jurisprudences inventées !
C.L. et J.D. : « Oui parce qu’on flirte avec une difficulté majeure de tout professionnel, notamment d’un avocat, c’est la responsabilité professionnelle, donc il faut vérifier ses sources. C’est ce que nous faisons lorsque nous lisons des commentaires d’arrêts, on va à la source : la Cour de cassation ou le Conseil d’État pour vérifier. Le problème, c’est que pour l’instant, il y a beaucoup d’hallucinations. Nous sommes persuadés que ça va très vite se régler. L’outil se forme en fonction des questions qu’on lui pose. »
EJG : L’utilisez-vous en tant qu’avocat et en tant que bâtonnier ?
C.L. et J.D. : « Nous l’utilisons chacun en tant qu’avocat, dans nos cabinets respectifs pour faire des résumés, des recherches… À l’ordre, on va l’utiliser puisqu’une solution d’intelligence artificielle a été introduite dans le logiciel BarÔtech pour la déontologie. L’IA n’est pas très chère à développer, ce qui est plus compliqué c’est ce qu’essaient de faire les éditeurs de logiciels, qui veulent proposer de la stratégie juridique. Ils ont travaillé sur la justice prédictive, sur des outils de recherche jurisprudentielle, mais ils n’ont pas de réelle plus-value. Donc ils essaient de travailler une stratégie juridique à proposer clé en main aux avocats.
La conférence des bâtonniers soutient la solution Juri’Prédis qui produit du résumé et du traitement de data. C’est en plein développement, et nous avons la chance à Bordeaux, via la CARPA (Caisse des règlements pécuniaires des avocats, NDLR), de le mettre gratuitement à disposition de tous les avocats du barreau. On va communiquer là-dessus et proposer un grand plan de formation à l’automne. Nous avons également un autre projet de discussion avec toutes les juridictions locales sur les solutions d’IA qu’il peut y avoir dans chaque ordre juridictionnel : le Conseil d’État, la Cour des comptes et la Cour de cassation ».
« Nous avons la chance à Bordeaux, via la CARPA, de mettre Juri’Prédis gratuitement à disposition de tous les avocats du barreau »