
Flore Berlingen(© DR)
A contre-courant de la vague de louanges qui entoure l’économie circulaire, l’argumentation est troublante et le titre, cash. Recyclage, le grand enfumage. Comment l’économie circulaire est devenue l’alibi du jetable (Éditions Rue de l’échiquier, 2020), a été rédigé par Flore Berlingen, directrice de l’association Zéro Waste France, qui œuvre en faveur d’une société zéro déchet, zéro gaspillage. Son propos : la conversion de notre économie linéaire, fondée sur le jetable, en un modèle circulaire, plus vertueux écologiquement et qui passe par le recyclage, est un « scénario optimiste (…), malheureusement irréaliste et potentiellement néfaste ». Dans le discours actuel, porté par l’industrie du traite- ment des déchets, les collectivités locales, et même certains militants écologistes, Flore Berlingen dénonce un « écran de fumée », à trois niveaux. Deux idées sont fausses, d’après elle : l’idée même selon laquelle la recyclabilité permet de rompre avec l’économie linéaire, surconsommatrice de ressources naturelles, et celle du recyclage à l’infini. Sur cette base, dénonce-t-elle, les discours se multiplient, qui valorisent les gestes de tri que doivent accomplir les consommateurs. De belles paroles qui ne font que masquer les insuffisances (voire, les tromperies) des acteurs économiques concernés. Exemple : un produit peut être présenté comme recyclable, parce qu’il l’est techniquement. Mais la filière de recyclage n’existe pas ! C’est le cas des couvercles des gobelets en polypropylène souple de Starbucks, destinés à remplacer les pailles. Le matériau n’a pas de solution de recyclage en France. Autre souci, pour chaque secteur (emballage, meubles…), les éco-organismes sont supposés responsabiliser leurs adhérents (les entreprises) à la recyclabilité de leurs pro…