Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

L’essor des constructions bois

CAP-FERRET - Les constructions bois ont le vent en poupe. De la cabane traditionnelle de pêcheur aux luxueuses maisons bois, le Cap-Ferret est le théâtre de la communion entre la cabane et la nature environnante. Largement popularisée par les frères Bartherotte, elle est maintenant identifiée, reprise et déclinée sur toute la presqu’île, notamment par le jeune entrepreneur Hugo Lucine.

bois

© MaisonsCollie

Si les constructions bois ont la cote sur tout le littoral atlantique, elles symbolisent tout particulièrement le Cap-Ferret. Sur le modèle de la maison Bartherotte, la cabane en bois fait aussi l’identité de la presqu’île avec son allure nature, intégrée dans la végétation. Devenue le repère des stars, elle se découvre dans Les Petits Mouchoirs et sa suite, s’affiche chez la décoratrice d’intérieur Sarah Poniatowski et s’affirme comme lieu refuge d’Un barrage contre l’Atlantique de Frédéric Beigbeder.

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UN PRÉCURSEUR

Ce sont les frères Bartherotte qui ont largement contribué à sa renommée. Mais le précurseur reste leur père Benoît qui, après avoir revendu ses affaires parisiennes dans les années 80, est venu s’installer à la pointe du Cap-Ferret avec sa femme et ses 7 enfants. C’est là, dans cet îlot sur lequel il a érigé une digue face à l’Atlantique et planté une végétation luxuriante, qu’il a construit ses premières cabanes. Deux de ses fils, Hadrien et Martin s’en sont inspirés et fabriquent leurs propres cabanes depuis plus de 20 ans. Elles sont ainsi devenues une référence, mais leur charme évident fait aussi place à une philosophie de vie, celle d’une vie nature, empruntant des références à l’histoire du Bassin : celle des cabanes maritimes typiques des villages de pêcheurs et ostréiculteurs.

100 % PIN MARITIME

Inspirées des cabanes ancestrales, mais combien plus confortables et luxueuses, celles construites par les frères Bartherotte sont les plus authentiques. Réalisées à 100 % en pin maritime, tout est monté dans leur atelier à Lège, avant d’être chevillé à l’ancienne. On retrouve des éléments architecturaux constants : les varans (coursives extérieures), terrasse en bois, fenêtres « en bande » permettant une vue à 360 degrés. « Il y a plusieurs sortes de maison bois », prévient David Collinet-Ourthe, architecte installé
à Claouey. « Chez les Bartherotte, l’ossature, la structure, la charpente, la terrasse, les menuiseries : tout est en pin. Ils n’utilisent pas de bois exotique et il n’y a pas de maçonnerie. » D’autres maisons sont seulement recouvertes d’un bardage extérieur bois : « tout le monde n’a pas envie d’un esthétique intérieur 100 % bois, c’est aussi une question de goût ». Forts de cette tendance, les constructeurs locaux, à l’instar des entreprises BMC, Arcas, Collier ou plus récemment Hugo Lucine (lire p. 12) se sont engagés dans la voie construction bois.

Sur la quinzaine de maisons construites chaque année par Collier, 80% sont en bois

UN CHOIX COÛTEUX

Thierry Collier, constructeur et directeur général de l’entreprise Maisons Collier à Andernos raconte : « Nous construisons des maisons sur le Bassin depuis plus de 25 ans. Au début en dur, puis nous nous sommes spécialisés en maison bois ». Sur une quinzaine de maisons construites chaque année par l’entreprise, 80 % sont en bois. « L’ossature peut être toute en bois, mais avec les nouvelles normes, on va de plus en plus utiliser la briquette, qui est très isolante, habillée de bois à l’extérieur et à l’intérieur. Mais on peut panacher avec du BA13 qui permettra d’avoir des murs blancs », ajoute-t-il. Un choix qui a un coût : « Une maison en bois représente 30 % de coût en plus, soit environ 3 000 €/m2 . Ça demande plus de main d’œuvre : il faut 15 jours pour faire un bardage bois contre seulement 2 jours pour un enduit extérieur ».

© MaisonsCollie

POUR LES MAISONS SECONDAIRES

La demande de maisons en bois concerne essentiellement le Cap-Ferret. « Pour les chantiers sur le secteur Lège, Andernos, Lanton, on a plutôt des demandes en dur. Ce n’est pas la même clientèle », continue-t-il, « au Cap-Ferret, c’est de la maison secondaire, alors que sur le fond du Bassin, ce sont des habitations principales. » Il y a peu d’offre dans le secteur. Alors lorsque des personnes achètent des maisons construites entre les années 50 et 90, le plus souvent en dur, elles les font uniquement faire
barder de bois. Autre contrainte : les constructions sont soumises au nouveau PLU qui réduit parfois la surface habitable. « Pour conserver le maximum, on garde parfois l’ossature que l’on barde de bois », observe Thierry Collier.
Au fil des ans, la cabane s’est imposée dans les esprits comme la quintessence de l’esprit ferret-capien. « Celui qui a les moyens
d’acheter une maison au Cap Ferret veut une cabane dans le style du Cap-Ferret. Ça représente 80% des demandes. Tous les acheteurs rêvent d’une maison Bartherotte », confirme Sandrine Chrétien-Sebag, de l’agence Maxwell-Baynes pour Christie’s.

Une maison en bois représente 30 % de coût en plus, soit environ 3 000 €/m2. Ça demande plus de main d’œuvre