Couverture du journal du 17/06/2025 Le nouveau magazine

Matthieu Gufflet : Investisseur engagé

Côté face, Matthieu Gufflet est un homme d’affaires qui a fait fortune avec le groupe Epsa, et un investisseur en série. Côté pile, c’est un idéaliste engagé qui affirme vouloir bâtir un projet patrimonial plus qu’économique. Et si la Gironde n’est pas son unique aire de développement, elle reste son fief. Il s’apprête d’ailleurs à boucler la reprise de l’entreprise de Canéjan, Humblot Traiteur.

Matthieu Gufflet

Matthieu Gufflet © Louis Piquemil - Échos Judiciaires Girondins

C’est un vrai Girondin, né à Talence, qui a grandi à Gradignan et fait ses études à Bordeaux. Il n’était pas le meilleur de la classe, plutôt sportif – il l’est toujours – motivé pour devenir tennisman professionnel : « Mais je n’ai jamais réussi à percer pour atteindre un très haut niveau », lance-t-il avec franchise. Il est comme ça Matthieu Gufflet. Au vu de son parcours prestigieux – à la tête d ’un cabinet de conseil en optimisation de performance (1 milliard d’euros de chiffre d’affaires et 3 000 salariés) et d’un groupe hôtelier – on s’attend à un homme d’affaires tonitruant, mais on rencontre un homme posé et spontané. Qui détaille son parcours, simplement, sans être dans la démonstration.

VIGNERONS BOURGUIGNONS

Intéressé par le monde du vin, il consacre son mémoire d’étude à l’ampélologie, fait un stage chez un négociant, « mais ce n’était pas mon truc », et finit son cursus par un master achat international (M.A.I.) à Kedge. Et ça tombe bien, pour son premier poste, il est embauché dans le laboratoire pharmaceutique Fournier à… Dijon ! Il s’occupe justement des achats de vins pour offrir à leurs clients. Il rencontre ainsi tous les négociants bourguignons et autres vignerons. Mais au bout de 2 ans, il décide de créer son cabinet de conseil pour aider les entreprises à optimiser leurs achats.

UN MOYEN PLUTÔT QU’UNE FIN

Ainsi naît Epsa en 2001. « Mon idée de départ », continue-t-il, « c’était de revendre ma boîte le plus vite possible pour racheter un vignoble et me lancer dans la viticulture. » Et de préciser : « C’était un moyen plutôt qu’une fin ». Sans indemnités après sa démission, le voilà « sans filet », contraint à réussir ! Après une première mission à 10 000 € pour un laboratoire pharmaceutique, son expertise commence à être reconnue. Suivent des sociétés importantes : Disneyland ou La Camif qui lui font confiance. « Notre métier, c’est l ’optimisation des coûts, des dépenses et des charges de l’entreprise qui se concentre sur son business et nous sur sa performance opérationnelle. »

GROUPE INTERNATIONAL

En 2007, grâce une opération de L.B.O. (leveraged buy-out), il achète le Château de Callac, un domaine dans les Graves. Il pensait alors revendre sa société en 2010 pour se consacrer à la viticulture. Mais les années climatiques compliquées s’enchaînent et il ressent une certaine déception : « L’écosystème ne m’a pas paru très ouvert ». Il décide alors de conserver Callac, de le laisser en gérance tout en développant Epsa. « Mais si je reste, c’est pour en faire un groupe différent », assure-t-il. Ils sont alors une cinquantaine et le groupe doit être structuré et se tourner vers l’international. Ce qu’il va accomplir jusqu’à l’acquisition en juillet dernier de son conc…