Elle avait été pionnière sur le créneau de la seconde main en 1994 dans l’agglomération bordelaise. Trente ans plus tard, l’association Amos, spécialisée dans le réemploi des vêtements, doit faire face à une forte concurrence. Les friperies ont fleuri. « Bordeaux est la ville où la seconde main s’est le plus développée en France », avance Florence Hoareau qui a pris la direction de la structure il y a trois ans à un moment où la situation était compliquée, post-covid.
« Le rebond de la seconde main a été bénéfique. Je modernise la structure en lançant notamment l’automatisation de l’étiquetage, mais les ventes qui financent les frais de la structure à hauteur de 60 % sont en baisse de l’ordre de 5 à 10 % chaque mois depuis fin 2023. »
700 personnes accompagnées
Malgré tout, dans le contexte de l’inflation, Amos continue à pratiquer des petits prix, l’objectif étant de permettre aux consommateurs de faire un acte d’achat. Mais, Amos, c’est surtout une structure d’insertion pour des personnes éloignées de l’emploi. « C’est l’ADN de l’association qui a été créé par le Secours catholique et l’Entraide protestante », rappelle Florence Hoareau.
Entre les chauffeurs livreurs qui récupèrent les dons de vêtements dans les 44 conteneurs répartis dans la métropole, les agents de tri au siège à Mérignac et les vendeurs en boutique, une cinquantaine de personnes éloignées de l’emploi sont accompagnées à l’année.
En 30 ans, 700 personnes ont été en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI) chez Amos avec 60 % de sorties positives vers l’emploi ou la formation. « Leurs parcours dure au maximum deux années pendant lesquelles ils sont accompagnés socialement et professionnellement », explique Françoise Hoareau.
En 30 ans, 700 personnes ont été en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI) chez Amos avec 60 % de sorties positives vers l’emploi ou la formation
L’enjeu du retraitement textile
Amos, c’est enfin un engagement environnemental dans un contexte de surproduction de vêtements et de pollution liée à cette industrie. Plus de 5 000 tonnes ont été collectées depuis 1994. « C’est l’équivalent de 9 600 tramways remplis », explique Françoise Hoareau. 20 % des vêtements donnés sont remis sur le marché via les cinq boutiques gérées par l’association et la vente en ligne. « La moyenne nationale est à 6 % », souligne Françoise Hoareau. En revanche, tous les vêtements peuvent être déposés, le but étant d’éviter au maximum la déchetterie. Amos donne, à son tour, le textile abîmé à une association, en Dordogne, qui se charge de trier la matière et de la recycler. Mais pour quelle suite ?
« Le reportage d’Hugo Clément qui expliquait que les vêtements déposés dans les bennes de collecte étaient majoritairement exportés dans des pays pauvres a fait du mal à la filière. Mais la France ne sait pas, aujourd’hui, traiter ce gisement. Si des solutions commencent à se mettre en place, elles ne sont pas financées. Or, cela coûte, par exemple, beaucoup plus cher d’acheter une bobine de fil retraitée en France, qu’à l’étranger. Qui est prêt à l’acheter ? L’enjeu est aujourd’hui de développer la filière de retraitement textile en France », insiste Françoise Hoareau.
En chiffres
9 permanents
50 personnes environ en insertion à l’année
44 conteneurs répartis principalement dans les communes de Mérignac, Saint-Médard-en-Jalles, Le Haillan