« Je ne vois pas très bien comment cette charpente pourrait être faite autrement qu’en bois», explique Yann Arthus-Bertrand, qui se déclare « amoureux du bois ». Le 25 octobre, à Paris, le photographe engagé pour l’environnement est venu soutenir l’association « Restaurons Notre-Dame », créée en juin dernier, qui présentait ses actions et son ambition à tenir sa place dans le débat sur la restauration de la charpente de la cathédrale.
Composée de professionnels de la filière bois et de charpente, forestiers, entrepreneurs, experts du patrimoine… l’association milite fermement pour la reconstruction d’une charpente en bois, à l’identique. Après l’incendie de Notre-Dame, le 15 avril dernier, en effet, les débats ont été vifs et l’un des enjeux portait sur le choix des matériaux : fallait-il reconstruire la charpente en bois, ou bien choisir de nouveaux matériaux, métal ou béton ? D’aucuns avançaient les exemples de la cathédrale de Reims, où la charpente en bois a été remplacée par du béton armé, ou alors le Parlement de Bretagne, avec ses poutres en métal. Mais pour Pascal Jacob, président de « Restaurons Notre-Dame », ces débats ont donné lieu à des «commentaires ubuesques». En fait, d’après l’association, le débat n’existe même pas. D’après ces experts, à tous les niveaux, le bois serait préférable aux autres matériaux. Par exemple, du point de vue de la construction, « si la charpente avait été en béton ou en métal, dans l’incendie, elle se serait effondrée et il n’y aurait plus de Notre-Dame. De plus, les pompiers n’auraient pas eu la possibilité de sauver les chefs-d’œuvre qui s’y trouvaient », explique Pascal Jacob. D’autres contre- vérités auraient été proférées : comme celle des nécessaires temps de séchage du bois, ou de la difficulté à trouver les ressources. En réalité, au Moyen-Age, les arbres servaient à bâtir une charpente un an à peine après avoir été coupés. Et les ressources de la forêt française sont bien suffisantes : le chantier de Notre-Dame représenterait un millier d’arbres…
DES CHÊNES VENUS DE TOUTE LA FRANCE
À ce propos, « dès le lendemain de l’incendie, nous avons décidé que nous fournirions le bois gratuitement », raconte Philippe Gourmain, expert forestier, et président de France Bois Forêt, qui réunit les acteurs de la filière. Il est actuellement en train d’organiser les dons de chênes, en provenance de la France entière. « Ce sont toutes les campagnes françaises qui apportent ces ressources à la cathédrale. Seul le bois peut véhiculer cette dimension symbolique », note-t-il.
Au delà des débats sur sa reconstruction, l’incendie de Notre-Dame a également soulevé la question de la prévention des accidents dans les lieux de culte, et, plus généralement, dans le patrimoine de l’État. Et c’est ainsi que le ministère de la Culture, propriétaire de 89 édifices de culte, dont 87 cathédrales, a réalisé un état des lieux des systèmes de sécurité. Suite à cet audit, le 22 octobre, le ministère a publié un plan « sécurité cathédrales ». Il est doté de 2 millions d’euros supplémentaires de crédit pour l’an prochain, par rapport à ceux déjà programmés en conservation et en restauration. Le plan prévoit des mesures diverses (techniques, en organisation…) qui sont destinées à pallier plusieurs difficultés. En particulier, il s’agira de limiter les « risques d’éclosion », en prêtant la plus grande attention aux installations électriques et procédures mises en œuvre à l’occasion de travaux, en particulier par point chaud. Des dispositions spécifiques à chaque édifice devront être prises pour réduire les risques de développement et de propagation d’un sinistre, et pour faciliter l’action des sapeurs-pompiers. Dans le même sens, des relations privilégiées avec les services de secours devront être maintenues. Et un plan de sauvegarde des biens culturels en cas de sinistre devra être mis en place.