Couverture du journal du 13/06/2025 Le nouveau magazine

Plaidoyer pour un permis d’entreprendre

Avec un nombre record de défaillances en 2024, le tissu entrepreneurial français traverse une crise sans précédent. Différents acteurs du territoire économique girondin plaident pour l'instauration d'un permis d’entreprendre, visant à renforcer les compétences des chefs d’entreprise afin de mieux anticiper les défis économiques et limiter les défaillances évitables.

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Avec plus de 66 000 dépôts de bilan selon le cabinet Altares, l’année 2024 a signé un triste record en France [1]. On peut bien évidemment se demander comment une telle situation a pu imprégner notre paysage économique. Certes, les causes externes à l’origine de l’augmentation du nombre de procédures collectives dans les tribunaux sont aujourd’hui largement documentées, notamment sur le plan sectoriel. En première ligne, on pensera évidemment au logement, où la flambée du prix des matières premières, l’augmentation des taux de crédit ou la paupérisation des classes moyennes sont venues amplifier l’effet dévastateur, sur le plan économique, des réglementations successives, limitant la marge de manœuvre des professionnels du secteur et emportant en chaîne tout un écosystème.

On pensera aussi à la crise frappant la filière vitivinicole bordelaise, où l’impact de plusieurs facteurs apparaît difficilement contestable : la chute de la consommation de vin (en particulier du rouge), la récurrence des sinistres climatiques tels que la grêle ou le gel, le recul des exportations vers la Chine, ou encore la flambée des coûts énergétiques. Plus généralement, on parlera de purge et d’effet stock, liés à la fin du Prêt Garanti par l’État.

Pour autant, de tels arguments n’expliquent pas tout et ne rendent que partiellement compte d’une situation qui touche de plein fouet les TPE et PME et, avec elles, les entrepreneurs.

Vincent MAYMO

Vincent MAYMO © Louis Piquemil – Echos Judiciaires Girondins

Ne pas sombrer dans l’autocomplaisance

Quel que soit le secteur d’activité, il est important de comprendre que, certes, une partie des forces à l’œuvre échappe totalement au chef d’entreprise, mais que celui-ci a également la capacité d’agir en adaptant son modèle aux évolutions de son environnement. Un biais régulièrement identifié par les professionnels accompagnant les chefs d’entreprise est celui de l’autocomplaisance. Il caractérise le comportement d’un individu attribuant ses succès à des causes dispositionnelles (talent, compétence, personnalité, intelligence, effort, etc.) et ses échecs à des facteurs situationnels (malchance, conjoncture, injustice, erreur d’un tiers, etc.). L’entrepreneur entend ainsi ne pas paraître responsable de ses déboires[2].

Or le chef d’entreprise peut précisément adapter ses dispositions pour faire face à la situation. Un des sujets récurrents souligné par les professionnels de l’accompagnement, experts-comptables en tête, mais aussi associations spécialisées dans le rebond entrepreneurial ou mandataires judi…

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