Entreprendre et lancer un projet qui ait du sens avec un investissement raisonnable, c’était le souhait d’Olivier Zmirou. Après 27 ans passés dans l’informatique dans le secteur de la santé en tant que directeur commercial puis directeur de site, il a décidé de donner une nouvelle impulsion à sa carrière. Avec Yves Médina, ancien associé de la marque de whisky Moon Harbour, qu’il connaît depuis 20 ans, ils ont la volonté de développer une nouvelle activité.
Carbone Blue
Ils découvrent alors, à travers un reportage télé, la société Carbone Blue située à côté de Marseille. « Elle présentait un concept très intéressant de micro-usine qui faisait du recyclage de plastique pour fabriquer des meubles », indique Olivier Zmirou.
Séduits par le principe, les deux associés rencontrent Stéphane Testa, son fondateur, qui est également le concepteur des machines. Les deux associés créent – avec un troisième partenaire – la société Plastoo, en janvier 2024. Ils développent le modèle de Carbone Blue, à qui ils ont acheté une douzaine de machines, dans des locaux qui font à la fois atelier et bureau, à Mérignac.
Ébénisterie plastique
« On travaille avec eux ce nouveau métier d’ébénisterie plastique », remarque Olivier Zmirou. La particularité de l’entreprise est d’assurer tous les postes de transformation du plastique pour une utilisation novatrice.
Plastoo s’occupe de la collecte des plastiques, les broie et les fond pour fabriquer des plaques qui sont utilisées, comme dans la menuiserie, pour la fabrication de mobilier.
La particularité de l’entreprise est d’assurer tous les postes de transformation du plastique pour une utilisation novatrice
Papier bulle de Rolls Royce
Pour récupérer la matière première, les associés sont d’accord sur le principe : pas d’achat, ni de déchetterie. « On veut créer de la valeur à partir de plastiques déjà utilisés mais propres », souligne Olivier Zmirou. Ils les récupèrent auprès de sociétés, ravies de se débarrasser de leurs plastiques usagés.
Leur gros donneur est le CHU de Bordeaux qui traite 14 tonnes de déchets par jour, dont 30 % de plastique. « Ils ont mis en place de nombreuses filières pour traiter les différents déchets (verre, carton, etc.) mais il restait des plastiques comme les barquettes alimentaires, des kits, des petites caissettes d’analyse. » Ils récupèrent aussi des bidons et big bag de l’entreprise de sirops Meneau, des caisses dans des sociétés de lavage, des plastiques bulle chez Rolls Royce, des chutes de production comme des mousses de coffrage pour les parfums…
Fraiseuse numérique
Les plastiques sont triés par couleur. Pour faciliter leur recyclage, l’équipe a choisi de les fabriquer en monomatière : les couleurs peuvent être mélangées pour créer des effets mais pas les matières. Récoltés en petits volumes, ils sont ainsi traités : polyéthylène haute et basse densité, polypropylène, plexiglas, mousses, plastiques bulle, PLA (chutes d’impression 3D), polystyrène dur…
La société a investi dans des machines, deux déchiqueteurs sont utilisés pour du broyage grossier et un autre pour un broyage plus fin, en copeaux, des fours à plaques chauffantes pour faire fondre les copeaux, des plaques de refroidissement pour les conditionner, et des outils pour les découper, dont une fraiseuse numérique permettant de faire des découpes fines, de la gravure, du bas-relief.
Objet unique
« Notre objectif, annonce Olivier Zmirou, est de créer de la valeur, de donner une seconde vie. » Dans cette perspective, Plastoo crée des objets qui auront un usage long. La société, qui emploie également un salarié artisan, a ainsi lancé une gamme de mobilier de bureau, de mobilier professionnel (mange-debout, tables et chaises de restaurant…) et de jardin. Plastoo s’adresse aussi bien aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités.
Les associés reçoivent des designers pour leur proposer ces matières nouvelles sur lesquelles ils pourraient travailler. « On peut travailler la matière avec des effets très différents. » Chaque objet est unique. La production vient d’être lancée et l’entreprise prépare actuellement une commande de mange-debout pour un bar et d’étagères pour le CHU. « On essaie aussi d’organiser une certaine forme de circularité en revendant les meubles à ceux qui nous ont donné le plastique, souligne Olivier Zmirou. Cela permet d’alléger le bilan carbone et donne une conscience sur les achats. » Un processus qui ajoute une valeur supplémentaire à ces objets recyclés !