Eh oui, le taux d’emploi des seniors est inférieur à 30 %. Ainsi, plus des 2/3 des personnes de cette tranche d’âge compris entre 60 et 64 ans ne sont plus en situation d’emploi. 1/3 sont à la retraite et le dernier 1/3 bénéficie de la protection sociale ou de la solidarité familiale. Si on dépasse nos frontières, le taux d’emploi des seniors est de 60 % en Allemagne, de 70 % en Suède et de plus de 40 % dans l’Union Européenne.
Savoir-faire accumulés à valoriser
S’il est en effet tout à fait normal que les personnes exposées à des situations de pénibilité physique cessent leur activité avant 60 ans (travailleurs sur les chantiers du bâtiment, veilleurs de nuit, ouvriers à la chaîne dans l’industrie par exemple), c’est regrettable pour les organisations privées et publiques qui pourraient valoriser leur capital immatériel et expérientiel. La question de la valorisation de cet « or gris » inexploité est d’autant plus cruciale qu’aujourd’hui, l’économie est au trois-quart une économie de services. Un directeur financier est-il meilleur à 60 ans qu’à 30 ans ? Oui. Un contremaître est-il meilleur à 60 ans qu’à 30 ans ? Oui. Un professeur est-il meilleur à 60 ans qu’à 30 ans ? Oui. Un secrétaire de direction est-elle meilleur à 60 ans qu’à 30 ans ? Evidemment oui. La liste est longue des métiers concernés où les expériences acquises et les savoir-faire accumulés pourraient être valorisés afin de contribuer à la création de valeur de l’économie française, plutôt que d’être liquidés et passés « en pertes et profits » selon l’ancienne expression du Plan Comptable Général 57. Mais alors, pourquoi 2/3 des seniors sont-ils hors système et quels sont les facteurs explicatifs de leur taux d’emploi si faible ?
« Qu’est-ce que cela, 60 ans ? C’est la fleur de l’âge et vous entrez maintenant dans la belle saison » Molière
La première explication est l’existence de stéréotypes et de préjugés prégnants dans l’imaginaire collectif. Pour simplifier, on est perçu comme performant entre 35 et 55 ans. Avant 35 ans, une personne ne serait pas assez expérimentée et après 55 ans, les niveaux de productivité, d’implication et de motivation baisseraient. Aucune étude scientifique ne le prouve. Les biais cognitifs restent encore nombreux. A 60 ans, beaucoup de seniors sont en pleine forme physique, intellectuelle et morale. Si on pousse l’observation jusqu’à la caricature, Jane Fonda, égérie du groupe L’Oréal et faisant la première page du magazine « Elle » n’a plus du tout le même look que mon arrière grand-mère basque et bayonnaise, toute de noire vêtue qui m’impressionnait enfant avec sa robe austère. La tenue vestimentaire est pour partie reflet de l’âme et de la flamme animées.
La deuxième explication est une fausse idée véhiculée : il n’y a pas de corrélation directe entre l’accès à l’emploi des jeunes et la précocité du départ à la retraite des seniors. Bien au contraire, ce sont les pays où les seniors restent en activité le plus longtemps que le niveau de chômage est le plus faible et que l’accès à l’emploi des plus jeunes est le meilleur. On pourrait faire une hypo…